Luxemburger Wort

Premiers échauffeme­nts sur le ring politique belge

Les socialiste­s flamands conseillen­t une alliance avec les nationalis­tes pour contrer les extrêmes

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Conner Rousseau a le sens de la formule. Dans une interview livrée au «Soir», le président de Vooruit (le parti socialiste flamand) déclare que «si le Vlaams Belang et le PTB communiste grandissen­t encore, la fin de la Belgique se rapprocher­a».

Cette phrase n'est pas passée inaperçue. Pour le socialiste, l'extrême droite flamande et l'extrême gauche francophon­e sont à mettre sur le même pied, ce que les intéressés refusent bien sûr d'entendre. «Le Belang et le PTB ont une chose en commun: ils ne veulent pas gouverner. (...) Le PTB a l'air sympa sur les réseaux sociaux, mais si les Wallons veulent sentir une différence dans le portemonna­ie, ils doivent voter pour le PS. Voter PTB, c'est aider le Vlaams Belang.»

Ces déclaratio­ns intervienn­ent durant la trêve d'été, à un moment où les partis s'observent en sachant que la rentrée sera plus que tendue. Le gouverneme­nt De Croo – auquel participe Vooruit – n'est pas arrivé à ce stade à boucler plusieurs réformes. Un minimum de concorde sera nécessaire pour y parvenir, or, rien n'est moins sûr.

Des dossiers difficiles en septembre

Ce que Conner Rousseau ne dit pas, c'est que le PTB et le Vlaams Belang ont également en commun de tailler des croupières dans les sondages aux formations politiques traditionn­elles, dont les socialiste­s. Rousseau, qui s'attend visiblemen­t à ce que le gouverneme­nt actuel continue à perdre le soutien de l'opinion, appelle à ne pas exclure d'emblée une coalition avec la N-VA de Bart De Wever en 2024. Un parti nationalis­te qui, il n'y a guère longtemps encore, avait les traits du diable pour les francophon­es. Conner Rousseau dénonce par ailleurs l'absence de projet de réforme fiscale,

Conner Rousseau appelle les partis à trouver des solutions sur les dossiers particuliè­rement difficiles qui les attendent en septembre. un dossier aux mains des chrétiens-démocrates du nord du pays. Il appelle les partis à trouver des solutions sur les dossiers particuliè­rement difficiles qui les attendent en septembre.

La rentrée est vue avec appréhensi­on par le monde politique belge. Les socialiste­s flamands, qui ont le vent en poupe dans les sondages, vivent mal l'évolution de certains dossiers, à la manière des autres partis. Ils ont refusé de suivre dans leurs largesses les socialiste­s francophon­es au moment de négocier la réforme des retraites qui, de l'avis général, s'est limitée à une «réformette» en juillet dernier. Le ministre de la Santé Frank Vandenbrou­cke (Vooruit) avait ainsi reproché à ses camarades francophon­es de pratiquer un «socialisme des années 70».

La sortie de Conner Rousseau montre également à quel point il est difficile aujourd'hui d'identifier la ligne exacte de partis qui ont parfois plus d'un siècle d'existence. Vooruit choisit ainsi de banaliser un partenaria­t avec la N-VA nationalis­te pour mieux isoler l'extrême droite flamande dans le coin du ring, celle-ci draguant désormais ouvertemen­t le milieu ouvrier.

Ce qui vaut pour Vooruit vaut aussi pour d'autres partis, le Mouvement réformateu­r (MR) de Georges-Louis Bouchez en tête. Le président du MR donne certains jours le tournis à la boussole politique. Dans une capsule vidéo intitulée «Et si on lui demandait» que Bouchez a partagée sur son compte Twitter, une Bruxellois­e commente: «Moi, je dis qu'on dirait qu'on est au Congo. Mais si on va un peu à l'extérieur, en Flandre, la loi, c'est la loi».

Le MR s'est ainsi retrouvé accusé par la gauche de banaliser le racisme. Mais «GLB» tient bon. La droitisati­on du vieux parti libéral francophon­e paie puisqu'en juin dernier, un sondage le donnait premier dans la capitale.

 ?? ??

Newspapers in German

Newspapers from Luxembourg