Une intégration difficile
Les réfugiés ukrainiens sont rares à avoir trouvé un travail en Belgique
«Peu de réfugiés ukrainiens en Belgique ont trouvé du travail». Le titre de «L'Echo» est repris en choeur par toute la presse en ligne. C’est que l'information interpelle, presque six mois après le début de l'agression portée par la Russie contre l'Ukraine le 24 février dernier.
«Sur les quelque 50.000 réfugiés ukrainiens accueillis chez nous depuis le début mars, environ 30.000 résident en Flandre, 7.000 à Bruxelles et 13.000 en Wallonie, mais il n'est pas facile de diriger ces nouveaux venus vers le marché du travail», relate le quotidien économique.
En Flandre, 3.356 réfugiés ukrainiens se sont présentés devant l'office régional de l'emploi. En Wallonie et à Bruxelles, ils sont respectivement 1.255 et 1.323 à avoir fait la même démarche. Mais au bout du compte, seulement 543 personnes travaillent en Flandre et 170 en Wallonie. C'est très peu, sachant que certains secteurs (horeca, construction, etc.) ont un grand besoin de main-d'oeuvre...
Plusieurs difficultés
À Bruxelles, il n'y a pas de chiffres sur le nombre de réfugiés ukrainiens qui travaillent effectivement. «Beaucoup d'entre eux sont arrivés récemment et avant de chercher du travail, ils doivent d'abord s'assurer d'être hébergés, trouver une structure d'accueil pour leurs enfants», est-il précisé.
D'autres raisons peuvent être avancées: la situation de trauma vécue par des femmes et des hommes qui ont parfois tout perdu et/ou ont été les témoins de violences extrêmes; la maîtrise des langues nationales belges nécessaires pour décrocher certains emplois; ou encore la difficulté de faire valoir l’équivalence d'un diplôme. Des Ukrainiens nourrissent par ailleurs l'espoir de pouvoir revenir rapidement au pays, et misent sur leur bas de laine pour tenir jusque-là.
Quoi qu'il en soit, la Belgique reste loin derrière l'Allemagne, si l'on en croit des informations relayées par des médias proches des migrants. En juin, plus de 350.000 Ukrainiens étaient enregistrés en république fédérale comme étant à la recherche d'un emploi. Un sondage avait alors été réalisé parmi ceux-ci. Si 90 % des personnes interrogées disaient vouloir trouver un travail, la moitié d'entre elles y était parvenue. Soit environ 45 %, là où les réfugiés ukrainiens à disposer d'un job stagnent en Belgique entre 10 ou 15 %.
Pourtant, si la guerre perdure et tout indique que ce sera le cas, une importante partie des réfugiés va devoir se donner une nouvelle vie et s’intégrer dans le pays. La prochaine rentrée des classes marquera un cap dans cette pérennisation. Heureusement, au fil des différents flux migratoires, l'école a mis en place des dispositifs d’accueil et de scolarisation des élèves primo-arrivants, avec une possibilité d’augmentation de l’encadrement. L'intégration de milliers d'enfants venus d'Ukraine devrait s'en trouver facilitée.
La question de l'hébergement
Une question reste ouverte: celle de l'hébergement. Les autorités ont été dépassées aux premières heures de l'exode ukrainien et se sont tournées vers les hébergeurs privés. Mais rapidement, les témoignages venus de familles d'accueil se sont multipliés dans la presse, confiant les difficultés, voire le désarroi de Belges qui se retrouvent bien seuls à loger des gens dont ils ne comprennent pas la langue et qui vivent un traumatisme nécessitant parfois des soins particuliers.
Ici, les autorités ont partiellement résolu le problème en mettant des hôtels, des maisons de repos ou des «containers» à disposition des réfugiés, réduisant par la même occasion la pression sur les hébergeurs privés. L’aide de ces derniers restera toutefois fondamentale tout au long des mois qui viennent.
Si 90 % des personnes interrogées disaient vouloir trouver un travail, la moitié d'entre elles y était parvenue.