Eternel retour
L'histoire est vieille de quelques semaines déjà, mais c’est les vacances, on ne pinaillera pas sur des considérations de calendrier. L’histoire de Brigitte Macron, l’épouse du président, réprimandée par la gauche pour faute de goût vestimentaire. En visite en Egypte, où le couple présidentiel admirait le temple Abou Simbel, Brigitte s’est fait remarquer par ses baskets, des pompes Louis Vuitton, entre 400 et 600 euros la paire selon Google, nous avons enquêté.
Faute de goût, oui, ces chausses griffées alors que le peuple parcourt les plages de France en sandales à prix cassé. C’est l’esprit Nupes qui frappe là, avec cette incrimination outragée, du nom de l’hétéroclite coalition rouge et verte qui depuis les élections législatives répand ses foudres à l’Assemblée. Esprit? Des observateurs parlent d’un «retour de l’idéologie», depuis la
Nupes, un populisme de l’exécration et de l’anathème.
prise de pouvoir de cette gauche fédérée par Jean-Luc Mélenchon et ses camarades néo-trotskistes, mollahs de l’ordre moral et du manchéisme, Travail et Capital, Bien et Mal, Vuitton et sandales.
On ne peut que déplorer les inégalités qui encore et toujours font de la France un pays clivé. Mais on peut s’alarmer aussi de cette résurgence d’une gauche échaudée, qui plutôt que proposer des remèdes aux maux qui accablent le pays se complaît à souffler sur les braises qui périodiquement l’enflamment. Les Gilets jaunes, pour légitimes que fussent leurs revendications, étaient – sont encore – le symptôme de ce populisme de l’exécration et de l’anathème, qui verrouille le discours politique en le réduisant à un lot fini d’antagonismes péremptoires, France d’en haut contre France d’en bas, privilèges contre dénuement, droite et gauche en somme, une forme d’idéologie, oui, qui par ses outrances sape le débat public à l’heure même où ses enjeux objectifs apparaissent au grand jour et où le rééquilibrage des forces en présence permettrait, à l’Assemblée, de salutaires débats sur les maux qui frappent le pays.
Retour d’une forme d’idéologie donc, mais comme maladie infantile d’une gauche qui sur le plan rhétorique et symbolique n’a pas évolué depuis les communistes adoubés jadis par Mitterrand, en ces années où les «classes laborieuses» parlaient de «pendre les patrons». Une maladie contagieuse, qui au sein de la Nupes affaiblit sa composante socialiste et décrédibilise sa frange écologiste, tandis que la droite à son tour se laisse entraîner dans des querelles stériles.