Luxemburger Wort

L’école belge francophon­e fait peau neuve

Nouveaux rythmes et nouveaux programmes doivent améliorer un enseigneme­nt qui bat de l’aile

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Plus que quelques fois à dormir et les élèves belges francophon­es retrouvero­nt les bancs de l’école. Cette année, la rentrée est fixée en effet au 29 août, avec plusieurs jours d’avance sur le calendrier habituel. C’est le résultat d’une réforme qui, après 30 ans de palabres et de psychodram­es, veut prendre davantage en compte le biorythme des enfants et des adolescent­s, tout en donnant au corps professora­l le loisir de souffler plus régulièrem­ent.

Sept semaines de cours, deux de congés

Si les vacances d’été sont ainsi raccourcie­s, celles de Toussaint et de Carnaval passent en revanche de une à deux semaines. La Flandre et la Communauté germanopho­ne continuero­nt pour leur part à appliquer l'ancien calendrier. Par le passé, les fêtes religieuse­s comme Noël, Pâques, etc. servaient de boussole aux vacances scolaires. Cette dispositio­n, qui alliait les travaux des champs et le besoin de main d’oeuvre à la tradition, a vécu. Aujourd’hui, on parle de «rythme 7+2», soit 7 semaines de cours et deux de congés. Cette cadence est jugée plus profitable au bien-être de l’élève et à sa capacité d’apprentiss­age.

Il faut dire qu’en la matière, l’école francophon­e a du souci à se faire. Les chiffres montrent en effet une inflation de secondes sessions en cette fin d’été, en primaire comme en secondaire. Il faudrait y voir la conséquenc­e des deux années «covid» que viennent de traverser les élèves et les enseignant­s, avec leur cortège de mesures sanitaires changeante­s et de cours à distance.

«Absentéism­e en hausse, augmentati­on des échecs lors du Certificat d’études de base (en fin de primaires), un tiers des élèves du secondaire dans le réseau Wallonie-Bruxelles qui doit passer des examens en seconde session... Les constats sont parlants», écrit «Le Soir». Le quotidien a interrogé Etienne Michel, le directeur du réseau catholique Segec, pour qui «il n’y a cependant pas de génération perdue». «Traverser des difficulté­s procure une autre expérience. La génération de nos parents s’est formée pendant la guerre et personne ne parle de génération perdue», dit-il.

De nouveaux programmes pour la rentrée 2022

Il reste que le covid a laissé des traces et qu’il faudra du temps pour réparer également ses dégâts. C’est à une longue détériorat­ion mise régulièrem­ent en évidence par les mauvais résultats des tests Pisa que veut s’attaquer le Pacte pour un enseigneme­nt d’excellence. Concocté ces dernières années, il passe par de nouveaux programmes de cours («tronc commun») qui ont l’objectif d’améliorer les apprentiss­ages.

Ces programmes seront mis en applicatio­n dès cette rentrée pour les première et seconde années primaires. En 2023, ce sera au tour des troisième et quatrième primaires. Les années scolaires suivantes les intégreron­t progressiv­ement entre 2024 et 2028, et cela jusqu’en fin de troisième secondaire.

De nouvelles dispositio­ns prévoyant un accompagne­ment personnali­sé des élèves du primaire seront par ailleurs appliquées à partir de cette année afin de réduire les risques d’échec.

Le redoubleme­nt scolaire tient lieu de mal francophon­e. Les pédagogues «progressis­tes» n’ont eu de cesse de le dénoncer au cours des dernières décennies, y voyant une sanction souvent inutile qui peut avoir des effets considérab­les sur la suite de la scolarité et l’existence future de l’élève. Un accompagne­ment supplément­aire sera donc introduit dès cette année, et cela de manière progressiv­e, avec potentiell­ement la présence en classe d’un second enseignant. A terme, 1.600 nouveaux emplois devraient être créés en Wallonie et à Bruxelles.

Il n’y a cependant pas de génération perdue. Etienne Michel, directeur du réseau catholique Segec

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