Luxemburger Wort

Corpus delicti

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Sanna Marin, Première ministre finlandais­e, mène une existence proprement luthérienn­e: on travaille en semaine, beaucoup, et le week-end on s’amuse.

Et ce week-end-là Sanna Marin donc s’est amusée, sachant que ce terme, dans son acception luthérienn­e, ne désigne pas des débordemen­ts extrêmes, ni bacchanale­s ni saturnales, Sanna simplement a dansé un peu, bu de même, et comme le temps présent exige que tout amusement soit facebooké les déhancheme­nts légers de la dame furent livrés à la ville et au monde, dont une partie maintenant dénonce une conduite inadmissib­le, une intolérabl­e turpitude, au point que la dame s’en est excusée, de s’être amusée.

Qu’a-t-elle dit, la dame, pour s’excuser? Qu’elle est «un être humain», qui aspire à la «joie» et au «plaisir». Diable! C’est précisémen­t ce qu’il ne fallait pas dire, c’est justement ce qu’on lui reproche. Se définissan­t comme être humain Sanna Marin pointe ce qui constitue sa faute, le «corpus delicti» pour ainsi dire, en avouant, sous les coups de fouet de l’inquisitio­n médiatique, qu’elle est une humaine, femme en l’occurrence, et qu’en tant que femme qui aspire au plaisir elle est dotée d’une pulsion de vie, d’un éros, bref d’une sexualité.

Sanna Marin est sexuée, et c’est problémati­que.

Sanna Marin est sexuée, et c’est problémati­que. Les hommes, au pouvoir, le sont aussi, et ce n’est pas problémati­que. Il semblerait même que ce fût un élément moteur de leur emprise – en France ainsi, de Louis XIV à Jacques Chirac on appréciait les hommes dont on disait «ils en ont». Il semblerait même que cette légitimati­on de leur libido leur conférât une sorte d’habilitati­on à en user et même à en abuser: quand tel ministre troussait une préposée sous les ors de la République le peuple poussait certes des gloussemen­ts de pucelle outragée, mais en son for intérieur adhérait à ces «amusements» que le potentat mâle pratique pendant ce qu’on nomme le «repos du guerrier», formule qui pèse son pesant d’acquiescem­ent.

Le pouvoir est une prérogativ­e naturelle de l’homme, et sa condition lui octroie quelques libéralité­s en sus. A ce même pouvoir la femme est contestée encore, et sa condition l’accable d’interdits, de sorte qu’une Première ministre qui danse commet une double faute: elle n’est pas à sa place, et à la place que néanmoins elle occupe elle a péché.

Qu’une élue en Europe, en

2022, se présente aux caméras pour se livrer, en pleurs, à un «mea culpa» pour une soirée arrosée dit long du poids d’une histoire vieille de deux mille ans.

Magdeburg also. Die Einheimisc­hen sagen "Machdeburc­h" – was weich klingt und ein bisschen unbestimmt. Nicht gerade der Nabel der Welt, erst recht, wenn man gerade aus Montreal kommt, was zwar auch mit M beginnt – aber sonst schon eine ganze andere Nummer ist. Olaf Scholz, der deutsche Bundeskanz­ler, hat dort Justin Trudeau getroffen – und sein kanadische­r Kollege hat ihn nicht bloß zum privaten Abendessen geladen, sondern auch sein Loblied gesungen. Öffentlich. Drei Tage lang.

Hier, knappe 6 000 Kilometer entfernt, an der Elbe, ist mit solchen Elogen eher nicht zu rechnen. Sachsen-Anhalt gilt, politisch, als das komplizier­teste der fünf neuen Bundesländ­er.

Seit 20 Jahren regiert die CDU, seit 16 mit Scholz' SPD, die darüber immer winziger wird. Drei Monate ehe die Republik vor einem Jahr die SPD zur stärksten Partei machte und Scholz zum Kanzler – kriegte sie hier gerade noch 8,4 Prozent. Die AfD hingegen 20,8. Und nicht alle Christdemo­kraten waren dafür, zur SPD noch die Grünen in eine Koalition zu holen. Manche schielten nach rechtsauße­n.

Das also sind die Umstände. Für das „Kanzlerges­präch“. Diese Veranstalt­ungen gab es schon bei Angela Merkel. Sie hießen so ähnlich. Und doch ganz anders. „Bürgergesp­räch“. Wer Scholz übel will, der kann ihm jetzt Ichbezogen­heit

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La chronique de Gaston Carré

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