Cessez de bricoler et commencez à innover
Comment rendre nos villes plus résistantes aux futures vagues de canicule
Il fait chaud en Europe et des records de chaleur ont été battus partout sur le continent. Les grandes gagnantes sont les villes car elles ont le plus transpiré.
Pourquoi nos villes souffrentelles autant quand le mercure grimpe? Parmi les raisons, se rangent la minéralisation de nos espaces publics, la circulation automobile avec ses moteurs à combustion et les systèmes de climatisation qui fleurissent un nombre croissant de pignons de nos immeubles et qui dégagent de l'air chaud et augmentent ainsi la température de nos cités.
La question qui se pose, et que la Ville de Luxembourg voire toutes les autres villes du Grand-Duché doivent se poser, est de savoir ce qu'il faut entreprendre pour rendre nos villes plus résistantes aux futures vagues de canicule. Le Knuedler, le Royal Hamilius ou la Place de Paris ne sont sans aucun doute pas des exemples à suivre en termes d’aménagement écologiquement durable. Ces trois endroits sont des déserts écologiques et la recherche d'une oasis de fraîcheur sera évidemment vouée à l'échec. Le réaménagement récent de ces trois sites met clairement en évidence l’incapacité des édiles à assumer leurs responsabilités et à relever les défis climatiques que l'avenir leur réserve. La nécessité d'un espace suffisant pour accueillir le marché hebdomadaire ou le fait que la plupart de ces lieux disposent d'un parking souterrain sont de piètres excuses pour justifier un scellement du sol à outrance. La situation critique que nous avons atteint en 2022 devrait justifier que les responsables locaux regorgent d’initiatives pour mettre les bouchées doubles et s’érigent en bouclier pour défendre les systèmes écologiques et la nature au centre-ville. Mais, peut-être se sont-ils tout simplement résignés avec leurs espoirs au projet Luga 2025?
A bas les déserts de béton! Créons des jungles urbaines truffées d’arbres, d’arbustes et de plantes de toutes sortes qui eux seuls, grâce au phénomène d'évapotranspiration et à l'ombre qu'ils procurent, contribuent à réduire la température et à rendre nos villes plus vivables. Vienne est un exemple à suivre. La capitale autrichienne a déjà créé un plan climat en 1999 et est devenue en 2018 la première ville d'Europe à définir une stratégie de lutte contre la chaleur urbaine. Le réaménagement des espaces publics pour lutter contre l'effet d'îlot de chaleur est l'une des nombreuses actions entreprises par cette ville. Faisons de même.
La palette des mesures possibles est bien plus longue et une kyrielle d'autres villes ont d’ores et déjà mis en oeuvre des mesures qui fonctionnent bien. Il ne faut donc pas réinventer la roue, mais seulement un peu de courage et de conviction politique.
Au lieu de se lamenter, de blâmer tel prédécesseur ou telle autre coalition politique qui a voté un projet qui se révèle être un sacrilège écologique ou urbanistique, il serait préférable de corriger les erreurs du passé, tant qu’il en est encore temps.
Cessez de bricoler et commencez à innover.
Stephen De Ron, Itzig