Luxemburger Wort

La Belgique ne veut pas attendre l’Europe

De nouvelles mesures sont décidées pour soulager les entreprise­s et les ménages face à la crise énergétiqu­e

- Par Max Hellef (Bruxelles)

C'est un appel à l'aide qu'ont lancé ces derniers jours les organisati­ons patronales au gouverneme­nt fédéral du Premier ministre Alexander De Croo. Beaucoup de petites entreprise­s, mises sous pression par la hausse tarifaire de l'électricit­é et du gaz ainsi que par les indexation­s successive­s des salaires, jurent qu'elles ne pourront pas passer l'hiver si elles ne reçoivent pas rapidement l'assistance des pouvoirs publics.

Elles demandent notamment la réduction ou la dispense des cotisation­s sociales, un apurement planifié des factures énergétiqu­es ou encore le maintien d'un chômage économique identique à celui de la période «corona». Quant aux gouverneme­nts régionaux, ils sont priés d'y aller de leur poche pour financer davantage la transition énergétiqu­e.

Il faut faire plus

Ces demandes se retrouvent sur la table du gouverneme­nt De Croo. Il y a une semaine, un comité de concertati­on avait permis de prolonger un certain nombre de mesures déjà existantes (TVA à 6% sur l'électricit­é et le gaz, etc. ), mais l'effort avait été unanimemen­t qualifié d'insuffisan­t. La coalition Vivaldi cherche, depuis, d’autres pistes. C'est pourtant bien vers l’Europe que continuent à se tourner en priorité les dirigeants et les interlocut­eurs sociaux, estimant qu'elle seule peut « s'attaquer à la volatilité des prix de l'énergie ».

Le gouverneme­nt vise à s'accorder sur une série d'aides aux entreprise­s « énergivore­s ». Il veut conforter par ailleurs le tarif social du gaz et de l'électricit­é afin de protéger davantage cette classe moyenne « inférieure » réputée fragile. Déjà renforcé en raison de la pandémie, ce tarif concerne aujourd'hui quelque 900.000 ménages, soit un sur cinq. Mais il faut faire plus. A la veille du sommet européen extraordin­aire sur l'énergie, la Belgique a fait savoir que la propositio­n de la Commission de plafonner le prix du gaz russe va «dans le bon sens», mais qu'elle ne suffira pas. «Nous sommes convaincus qu'il faut intervenir plus largement sur le prix du gaz dans son ensemble», fait savoir le porteparol­e d’Alexander De Croo.

Mardi, parallèlem­ent aux négociatio­ns politiques en cours, les banques ont décidé de concéder aux ménages en difficulté le droit de ne payer momentaném­ent que leurs intérêts hypothécai­res.

Les régions sont, elles aussi, appelées à la rescousse. La Wallonie va notamment suspendre les expulsions de logements privés jusqu’au 15 mars 2023 et les coupures d'énergie pour les ménages durant les mois de novembre et décembre 2022. A nouveau, est-ce suffisant ? L’économiste Bruno Colmant estime que, si rien n’est fait, « 40% de la population risque de tomber sous le seuil de pauvreté ». Il se base sur la déglingue du pouvoir d’achat pour arriver à cette conclusion. « Lorsqu'on déduit des revenus l'augmentati­on des dépenses contrainte­s (eau, gaz, électricit­é et loyer), on réalise que de nombreux ménages n'ont plus de revenus disponible­s », explique-t-il.

La menace d'une grève générale

Bruno Colmant demande un allègement de la facture fiscale pour aider les ménages à tenir bon, sachant que les coûts de l'énergie devraient osciller entre 7.000 à 10.000 euros pour une famille moyenne durant l'année qui vient. Soit 600 à 800 euros chaque mois.

Face à cette situation, chacun fourbit ses armes. Le front commun syndical brandit la menace d'une grève générale le 9 novembre prochain. Thierry Bodson, le leader de la FGTB socialiste, explique une fois encore qu'il faut revoir la loi de 1996 qui corsète les salaires en un temps où le pouvoir d'achat est plus que jamais la principale préoccupat­ion des travailleu­rs.

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Photo: AFP Alexander De Croo, chef du gouverneme­nt fédéral belge.

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