Une nouvelle affaire secoue le monde politique wallon
Le greffier du parlement régional doit rendre des comptes pour son «style managérial»
Bruxelles. Une nouvelle affaire secoue depuis plusieurs jours le monde politique wallon. Selon «Le Soir», «le parlement de Wallonie a des allures de pétaudière». Le quotidien a obtenu, par la bande, une série de documents qui lui permettent de conclure à des faits de harcèlement ainsi qu’à une explosion des dépenses au sein de l'institution à un moment où les comptes de la Wallonie s'enfoncent dans le rouge.
Les personnes visées sont le greffier du parlement Frédéric Janssens (le «patron» des lieux) et cinq députés wallons, dont le président Jean-Claude Marcourt (PS). Une plainte a été déposée, une information judiciaire est ouverte. Toujours selon le quotidien bruxellois, qui dit posséder un enregistrement, le greffier – qui a donc autorité sur tout le personnel du parlement – aurait menacé un de ses subalternes de ces mots fleuris: «T'es à la morgue à midi !»
Quant aux dépenses dénoncées, elle concerne le budget consacré à la nouvelle Maison des parlementaires, passé de 10 à plus de 20 millions d’euros. Il est aussi question de travaux d'aménagement proches dont le coût aurait triplé, ainsi que de frais de téléphonie se montant à près de 25.000 euros imputés au greffier au retour de ses vacances au Costa Rica. «Cerise sur le gâteau», poursuit «Le Soir»: «l'Office central pour la répression de la corruption a reçu plusieurs courriers anonymes dénonçant un marché public piloté par le parlement wallon. La société ayant remporté ce marché est suspectée d'avoir été favorisée par rapport aux autres soumissionnaires.»
En août dernier, ces dépassements budgétaires, déjà exposés, dans la presse avaient été saisis au bond par les communistes du PTB. Depuis les rangs de l'opposition, leur chef de file Germain Mugemangango avait pointé «des questions légitimes [qui] attendent des réponses claires et transparentes».
Le greffier maintenu à son poste
De telles affirmations ne sont pas faites pour redorer l’image d’une région ébranlée à plusieurs reprises par les scandales politiques. En 2017, pour ne parler que du dernier en date, l’affaire Publifin avait coûté aux socialistes la tête du gouvernement wallon. Depuis, le monde politique régional avait balayé devant sa porte et promis qu'on ne l'y reprendrait plus.
Le bureau du parlement a, cette fois, pris les choses rapidement en main. Le greffier, qui estime «humain» que certains n'apprécient pas son «style managérial», a été longuement entendu.
Le bureau constate d’abord qu'un certain nombre de faits et de décisions rapportés par la presse relèvent de législatures antérieures à sa prise de fonction en 2019. Il rappelle que «des contrôles existent sur l’exécution des dépenses liées au budget mais souhaite améliorer à brefs délais l’efficience et la transparence de ceuxci». Il répète «son exigence de la bonne gestion des deniers publics et sa volonté d'apaiser le climat social».
L'instruction se poursuit et le greffier n'est pas prié, pour l'instant, de faire un pas de côté. Le numéro un de l’administration du parlement est nommé par l’assemblée plénière qui peut seule le démettre de ses fonctions. Les premières réponses aux questions litigieuses sont tombées: les 25.000 euros de téléphone du greffier seraient justifiés par un travail effectif durant ses vacances. Quant au marché public controversé, le greffier n'aurait fait que valider le choix de ses équipes, sans qu’il y ait dans cette affaire une once de favoritisme. Cette affaire éclate dans une atmosphère lourde, engendrée par un projet de réforme de statut des agents au sein du parlement. Une atmosphère propice, selon certains médias, aux règlements de compte… HeM