Une mobilité au service de tous
La crise énergétique nous touche de plein fouet depuis quelques mois. Le prix des énergies fossiles s'est envolé atteignant des prix inédits sur les marchés. Les gouvernements des pays européens, dont le Luxembourg, essaient à différents niveaux de réduire l’impact de cette crise. La sobriété est le mot à la base de nombreuses mesures: diminution de la température du chauffage, extinction des lumières publiques en soirée, etc. Les idées, semblables à ce que des organisations comme Greenpeace mettent en avant depuis bien longtemps, ne manquent pas.
Le secteur du transport est consommateur des deux tiers du pétrole importé en Europe et est responsable de 30% des émissions de gaz à effet de serre.
Pour ces premiers jours de la semaine de la mobilité, une campagne annuelle lancée par la Commission européenne pour sensibiliser sur l’importance de passer à des modes de transport alternatifs face à l’usage trop important de la voiture, il nous semble intéressant de faire le lien entre ce vaste sujet de la mobilité et de notre dépendance aux énergies fossiles. Quelles sont les solutions possibles à court terme et à long terme? A ce sujet, Greenpeace sortira mercredi 21 septembre, un rapport démontrant les gains que ces mesures peuvent apporter relativement rapidement.
Le constat de l’(im)mobilité au Luxembourg
De par ses caractéristiques économiques et sa petite taille, se pencher sur la mobilité au Luxembourg c’est se pencher aussi bien sur la mobilité nationale que transfrontalière.
Selon l’étude Modèle Multimodal et Scénarios de mobilité transfrontaliers datant de 2021 sur la Grande Région, 29% des déplacements concernent le trajet domicile-travail. C’est la voiture qui est principalement utilisée puisqu’elle concerne 66% des trajets.
Cette surreprésentation de la voiture dans le mix des transports est à mettre en parallèle avec son taux d’occupation très faible (au mieux 1,22 personne par voiture en moyenne selon le Ministère de la Mobilité et des Travaux publics). Les externalités qui en découlent sont nombreuses: les embouteillages (la capitale est source de 64 heures par an d’embouteillage par automobiliste), notre dépendance aux énergies fossiles (seul 2,14% du parc automobile luxembourgeois est électrifié1) mais également les émissions de gaz à effet de serre. Selon l’inventaire national de l’Administration de l’Environnement, le secteur du transport sur route a émis plus de six millions de tonnes de CO2, chiffre comprenant également le fameux «tourisme à la pompe».
Le secteur du transport consomme l’essentiel de l’énergie au Luxembourg, soit 56% de toute l’énergie consommée au Luxembourg2. Les derniers chiffres de l’administration des Douanes et des Accises montrent que plus de deux milliards de litres de carburant ont été vendus en 2021. Bien que tendant vers une électrisation des moyens de transport individuels à grand renfort de primes, le consommateur luxembourgeois, dans une étude publiée par la BEI en février 2022, compte parmi les plus réticents au niveau européen à considérer un véhicule électrique ou hybride comme prochain achat de voiture.
La mobilité et le Luxembourg, une histoire d’énergie fossile
Quoiqu’il en soit, il est urgent pour le Luxembourg de prendre des mesures, parfois impopulaires pour espérer tenir ses engagements de réduire de 57% les émissions liées au transport d’ici 20303 et diminuer sa dépendance aux énergies fossiles.
Les solutions proposées par Greenpeace
Face aux problèmes générés par la mobilité, on peut prendre des mesures à court terme pour faire face à la crise immédiate et puis orienter les investissements et lancer des mesures à plus long terme afin d’avoir une politique de mobilité plus cohérente et réduire notre dépendance à des ressources extérieures.
Au niveau européen, Greenpeace a calculé que des mesures ciblées sur la mobilité automobile peuvent réduire la demande de pétrole de 22% par an, soit l’équivalent de 38 millions de tonnes de pétrole.
Il est possible d’actionner trois leviers: on peut inciter à passer à une mobilité alternative ou à diminuer la demande de mobilité, mais également mettre en place des mesures visant à la réduction de la consommation énergétique.
Concernant ces dernières, on peut citer la réduction de la vitesse maximale sur route, qui, au niveau européen, permettrait de réduire la consommation de 5 millions de tonnes de pétrole par an. En Autriche, les experts estiment que le passage à des limites de 100/80/30 km/h à la place de 130/100/50 km/h permettrait une réduction de 10% des émissions de CO2 Au Luxembourg, l’estimation est plus difficile à cause du manque de données à disposition et de la présence du «tourisme à la pompe». Le car sharing devrait également être promu afin de remplir les 250.000 sièges libres chaque matin dans l'agglomération de Luxembourg5.
De par ses caractéristiques économiques et sa petite taille, se pencher sur la mobilité au Luxembourg c’est se pencher aussi bien sur la mobilité nationale que transfrontalière.