Luxemburger Wort

Les erreurs de M. Poutine et la leçon pour l’Europe

Ce ne sont plus des traités qui garantisse­nt l’indépendan­ce dans le monde d’aujourd’hui

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M. Poutine a été élu le 26 mars 2000 président de la Fédération de Russie. Il a fait modifier la constituti­on pour être réélu tant qu’il se présentera aux élections. Pour être assuré du succès de ce changement il a dû préalablem­ent limiter les moyens d’action de l’opposition ainsi que la liberté d’expression de la presse. Il est donc assuré de rester à la tête d’un pays qui fut l’un des deux blocs dominant le monde. Pour des raisons pas encore toutes élucidées, cet empire s’est effondré en des états indépendan­ts, dont la Fédération de Russie, chacun choisissan­t son avenir et ses alliés. M. Poutine considère cet effondreme­nt comme la plus grande catastroph­e des temps modernes. On pourrait interpréte­r son action politique comme la recherche de rendre à la Fédération la puissance de l’ancien empire. Il cherche à soustraire l’Europe à l’influence des Etats-Unis et à disloquer l’Union Européenne pour à terme installer dans les différents composants un régime autocratiq­ue similaire au sien.

Il a annexé la Crimée, morcelé la Géorgie et maintenant envahi l’Ukraine. Il est convaincu que sa puissance n’est pas uniquement constituée par son armée mais aussi par la fierté du peuple russe, sa force nucléaire, la richesse de son sous-sol (pétrole, gaz, terres rares, cobalt …), son industrie agricole et son alliance avec d’autres autocratie­s.

Mais l’invasion de l’Ukraine pourrait être une erreur. M. Poutine

a sous-estimé le courage des Ukrainiens et de leur président, M. Zelensky qui n’a pas cédé lors de l’attaque et il a appelé l’Europe à la rescousse pour sauver la démocratie. Celle-ci a répondu présent: autre erreur de M. Poutine. Plus de six millions d’Ukrainiens ont fui et ont été accueillis dans la Communité

européenne. L’armée ukrainienn­e n’est plus l’armée faiblarde de 2014 (annexion de la Crimée) mais équipée par les Etats-Unis en matériel militaire moderne elle résiste. M. Poutine avait probableme­nt escompté que l’Occident après les rodomontad­es habituelle­s aurait demandé à l’Ukraine de céder et de lâcher les territoire­s russophone­s.

M. Poutine n’a-t-il pas trop cru que les conviction­s démocratiq­ues de la Communité européenne n’étaient que la façade et que la peur de perdre des avantages matériels et d’en souffrir allait l’amener à accepter tous les compromis et la «paix»?

N’est-ce pas M. Zelensky qui par son intransige­ance a fait prendre conscience à l’Occident quelle était l’attitude à adopter face à cette agression. Il fallait défendre la démocratie par des actes : bloquer les avoirs russes en Europe, limiter les échanges commerciau­x à l’indispensa­ble, accuser la Russie devant les instances juridiques adéquates.

Ce ne sont plus des traités qui garantisse­nt l’indépendan­ce dans le monde d’aujourd’hui où une majorité d’états sont dirigés par des autocrates. Il faut une économie puissante, des alliances militaires sûres, des chaines diversifié­es et redondante­s d’approvisio­nnements adossées à une communauté d’Etats régis par les principes démocratiq­ues. Une leçon à retenir.

Armand Mignon, Contern

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Photo: dpa M. Poutine a sous-estimé le courage des Ukrainiens et il a appelé l’Europe à la rescousse pour sauver la démocratie, commente l'auteur.

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