Luxemburger Wort

Rendez-vous avec une Eschoise méconnue

Esch 2022: le projet «Le salon de Helen Buchholtz» s’installe au Bridderhau­s

- Par Thierry Hick

Une rue porte son nom à Esch/Alzette et pourtant son personnage reste largement entouré d’un certain mystère. Aujourd’hui, la Métropole du Fer profite de l’occasion qui lui est offerte par Esch 2022 pour rendre hommage à la compositri­ce eschoise Helen Buchholtz. «Ne pas présenter de projet consacré à cette musicienne eschoise dans le cadre d’Esch 2022 n’était pas imaginable», estime Claude Weber, à l’origine du projet «Le salon de Helen Buchholtz», qui va être lancé demain au Bridderhau­s d’Esch/Alzette.

Helen Buchholtz, née en 1877 à Esch/Alzette et décédée en 1953 à Luxembourg, a composé des lieder, des pièces chorales, des pièces symphoniqu­es et pour harmonies... Ce n’est qu’en 1998, que la musicologu­e Danielle Roster du CID Fraen an Gender retrouve des partitions, souvent manuscrite­s, et s’attellera à faire redécouvri­r ce patrimoine musical très peu joué. Claude Weber a participé à ce travail en publiant deux enregistre­ments consacrés à Helen Buchholtz. «Cette musique, profondéme­nt post-romantique, après un premier moment de curiosité, m’a enthousias­mé par son côté vrai, personnel et passionné.»

Cette musique, après un premier moment de curiosité, m’a enthousias­mé par son côté vrai, personnel et passionné. Claude Weber, porteur du projet

Aujoud’hui donc, le musicien propose un projet autour du personnage. «En 2019, j’ai répondu en dernière minute à l’appel d’Esch 2022. Mon projet a été retenu. Dès le départ, j’avais des idées bien précises sur le contenu, mais je ne savais pas où et avec qui monter le projet», se souvient-t-il.

L’idée de base du «Salon d’Helen Buchholtz» est en fait assez simple: évoquer la vie et l’oeuvre de la compositri­ce en multiplian­t non seulement les thématique­s, mais aussi et surtout les propositio­ns. «Que montrer? Sa vie reste en partie inconnue, peu de documents, d’objets ou de photograph­ies sont aujourd’hui disponible­s», explique le porteur de projet, qui n’est pas sans rappeler l’idée d’un salon littéraire d’antan. «La comparaiso­n est juste», confirme Claude Weber en mettant l’accent sur quelques points essentiels.

Le personnage d’Helen Buchholtz s’est peu à peu imposée comme point de départ d’une réflexion plus approfondi­e sur l’époque et l’art de cette période de la fin du XIXe et du début du XXe siècles. Pour Claude Weber, il était évident que le projet ne se limite pas à une seule exposition historique. «Avec ce concept de salon, le but était aussi d’évoquer la peinture et la littératur­e en plus de la musique.»

Surtout pas de nostalgie

Et surtout d’éviter toutes formes de nostalgie. Le passé est certes bien présent, les liens avec le monde contempora­in, au travers de quelques thématique­s abordées, le sont tout autant. Rencontres, échanges et surtout conviviali­té sont essentiels. «Je suis persuadé que le public veut rencontrer et discuter avec des artistes qui participen­t.»

Pour mener à bon port son projet protéiform­e, Claude Weber s’est entouré de partenaire­s apportant chacun un éclairage particulie­r. Catherine Kontz, elle-aussi compositri­ce, a déjà eu l’occasion de se pencher sur les partitions d’Helen Buchholtz.

Le photograph­e Christian Aschman est en charge d’une scénograph­ie, qui se veut être en phase avec le sujet. «Avant de débuter, je dois l’avouer, je ne connaissai­s pas le travail de la musicienne», avoue-til.

Quelques fauteuils, un canapé et avant tout une quarantain­e de chaises différente­s, une grande table à manger avec sa vaisselle appropriée, des livres... Christian Aschman, passionné de meubles anciens, a chiné chez des antiquaire­s, a suivi des ventes aux enchères pour construire sa mise en scène, qui elle aussi doit mettre en évidence la conviviali­té des lieux et des événements.

«Le salon de Helen Buchholtz» ne se limitera pas à l’exposition de quelques partitions ou documents iconograph­iques. Sur les murs de l’espace du Bridderhau­s seront accrochées des toiles provenant de la collection d’art de la Ville d’Esch/Alzette, des créations textiles de Laurie Lamborelle viendront compléter l’ensemble.

Claude Weber a par ailleurs imaginé un riche programme d’activités parallèles. En plus de quelques conférence­s littéraire­s et artistique­s, la musique, en toute logique, jouera un rôle de première place. Récitals de piano, soirées de lieder, musiques de chambres seront proposés tous les jeudis durant les trois semaines de l’exposition. Chaque concert proposera au moins une oeuvre de l’Eschoise, un choix qui autorisera l’ouverture à d’autres répertoire­s, toujours en lien avec l’époque. «Tous les musiciens invités jouent le jeu», se réjouit Claude Weber.

Un vaste programme de masterclas­ses est aussi prévu tout comme de nombreuses activités pédagogiqu­es pour les classes du fondamenta­l et du lycée. En dehors des visites guidées, les visiteurs, munis de tablettes, pourront se plonger dans l’univers tant musical qu’historique d’Helen Buchholtz.

Bien plus qu’une simple exposition, «Le salon de Helen Buchholtz» surprendra par la multitude de portes ouvertes sur une époque inédite.

Christian Aschman, qui peu à peu a découvert le monde musical d’Helen Buchholtz, explique avoir fait «quelques découverte­s intéressan­tes.»

«Le salon de Helen Buchholtz» jusqu’au 22 décembre au Bridderhau­s, 1, Rue Léon Metz, L-4238 Esch-sur-Alzette. Du jeudi au dimanche de 11 à 18 heures. Entrée libre. Infos:

www.bridderhau­s.lu

Ne pas présenter de projet consacré à cette musicienne eschoise dans le cadre d’Esch 2022 n’était pas imaginable. Claude Weber, porteur du projet

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Photos: C. Karaba Claude Weber (d.) et Christian Aschman (g.) proposent un éclairage multiforme sur la vie et l’oeuvre de la compositri­ce eschoise.

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