Luxemburger Wort

Mike Schwörer, Responsabl­e Housing Advisoryno­s à la BIL, a répondu à nos questions La banque face à la montée des taux

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Monsieur, les taux directeurs augmentent, faut-il s’affoler ? Et qu’est-ce que cela change pour les futurs acquéreurs ?

La BCE vient de relever à 2 reprises ses taux d’intérêt. Ce resserreme­nt de sa politique monétaire intervient après plusieurs années de taux négatifs. Pourquoi des taux d’intérêt négatifs : suite à la crise financière de 2008-2010, la BCE a procédé à une baisse des taux pour relancer la consommati­on des ménages et des entreprise­s et relancer l’économie.

Aujourd’hui, l’environnem­ent économique a significat­ivement changé. En raison de l’inflation élevée en zone euro, inflation qui entame le pouvoir d’achat des ménages, la BCE a décidé d’adapter sa politique monétaire en augmentant ses taux. Cela se traduit par un renchériss­ement du coût du crédit. Pour les futurs acquéreurs, cela pourra impacter leur projet de différente­s manières.

Cela pourrait réduire leur « reste à vivre », c’est-à-dire les revenus disponible­s pour les dépenses du quotidien et les loisirs, une fois payées les mensualité­s des crédits. Une autre conséquenc­e possible serait de s’orienter vers un bien légèrement moins cher pour s’assurer de disposer d’un « reste à vivre » plus conséquent.

Que pressentez-vous en termes de hausse des taux pour les mois à venir ?

La BCE a procédé à un premier relèvement de ses taux en juillet, marquant la fin d’une période de taux d’intérêt négatifs, suivi par un deuxième relèvement en septembre. Les marchés financiers anticipent que la BCE va poursuivre ce resserreme­nt monétaire, avec des taux probableme­nt au-delà de 1.50 % dans trois mois et au-delà de 2 % dès mars 2023.

Quelles précaution­s pour donner toutes ses chances à un dossier d’emprunt ?

Au-delà de l’idée précise de leur situation financière – sujet mentionné dans votre article -, les futurs acquéreurs doivent bien intégrer certains éléments de leur projet susceptibl­es d’évoluer en raison du contexte inflationn­iste ou de pénurie de certains matériaux de constructi­on.

Pour un bien neuf, les durées de constructi­on peuvent s’allonger et le coût de la constructi­on augmenter. De même pour un bien ancien, s’il y a des travaux à prévoir, il faut bien intégrer que le coût peut rapidement évoluer.

Plus le client aura intégré tous ces paramètres dans son plan de financemen­t, plus celui-ci aura de chance d’être accepté.

Le nombre d’annuités de remboursem­ents continue-t-il d’augmenter. Qu’est-il encore raisonnabl­e d’accepter en termes d’années de remboursem­ent ?

La durée du prêt dépend de nombreux paramètres : situation financière et profession­nelle, âge et bien entendu montant emprunté. L’immobilier étant particuliè­rement cher sur le marché luxembourg­eois, la durée moyenne des prêts contractés ces dernières années s’étend au-delà de 20 ans.

Notre rôle est d’attirer l’attention des clients sur tous les éléments pouvant avoir un impact sur leur projet immobilier et leur mode de vie, actuel et futur. Anticiper la baisse des revenus liée au départ à la retraite est, entre autres, un de ces points d’attention.

La durée du crédit doit être adaptée à la capacité de remboursem­ent et à la situation du client.

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