Luxemburger Wort

Les Verts belges digèrent mal la crise

Un sondage pointe la dégringola­de des écologiste­s

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Faut-il y voir une sanction après la valse-hésitation nucléaire ? Ce serait aller un peu vite en besogne. Quoique… Un peu partout, les écologiste­s sont en recul, si l’on en croit un grand sondage, «Le grand Baromètre Ipsos», que publient régulièrem­ent plusieurs médias.

À Bruxelles qui les chouchouta­it ces dernières années, les Verts accusent ainsi le coup. Ecolo reste pointé à la 3e place, mais avec seulement 15,8% des intentions de vote (-2,2%), largement derrière le Parti socialiste qui récupère la tête du classement suivi du Mouvement réformateu­r (MR, libéral francophon­e). En Wallonie, le PS reste en tête en dépit d’un léger recul, juste devant les libéraux qui progressen­t de nouveau. Ecolo perd ici aussi du terrain tout en restant à la quatrième place.

En Flandre cette fois, les socialiste­s n’ont cessé de progresser au cours des derniers mois. Ils occupent la 3e place, devant l’Open-Vld (libéral) du Premier ministre Alexander De Croo. Les rouges de Conner Rousseau se présentent ainsi comme la principale alternativ­e au Vlaams Belang (extrême droite, 21,6%) et à la N-VA (nationalis­te, 21,5%) qui se disputent toujours la première marche du podium au nord du pays. Quant à Groen, le pendant flamand d’Ecolo, il progresse très légèrement.

Libéraux, socialiste­s, écologiste­s: tous font partie des mêmes coalitions, sauf en Flandre. Leurs discours respectifs sur les aides à apporter aux Belges varient à la marge. Chacun a ses nuances et la clientèle qu’il entend privilégie­r. Mais les écologiste­s, eux, sont assis entre deux chaises: d’un côté, le soutien à apporter à la population face à la facture énergétiqu­e fossile (gaz-électricit­é, mazout, carburants à la pompe); de l’autre, le projet – dogmatique, disent certains analystes – d’en finir une fois pour toutes avec le nucléaire en un temps où le risque de pénurie d’électricit­é est brandi comme un épouvantai­l par les autres partis.

Le dilemme nucléaire

Les écologiste­s paient assurément leur positionne­ment sur le nucléaire, en Wallonie comme à Bruxelles. C’est poussés dans le dos par la guerre en Ukraine qu’ils ont accepté à contre-coeur en mars dernier de maintenir en activité deux réacteurs au-delà de la date fatidique de 2025. A contrario, les socialiste­s et les libéraux du nord et du sud du pays apparaisse­nt comme des partis-refuges réalistes, des boucliers alors que cogne la crise économique. Ils font leur meilleur score depuis les législativ­es de 2019.

«On sent l’effet de la crise, commente un responsabl­e Ipsos. Les gens ont peur de ne pas pouvoir payer leurs factures d’énergie et cela bénéficie aux partis de gauche, le PS à Bruxelles, son homologue Vooruit en Flandre. Partout en Europe, les verts progressai­ent dans les grandes villes avec la crise climatique. Mais quand la crise économique est plus perceptibl­e que la crise climatique, cela joue dans l’autre sens.» «Dans ce cas, ajoute pour sa part ’Le Soir’, il semble qu’Ecolo pâtisse encore d’une certaine image dogmatique ou de parti de bobos, chantre d’interdits aux conséquenc­es financière­s. Alors que les socialiste­s paraissent retrouver un profil protecteur.»

La baisse de forme des écologiste­s ne doit toutefois pas faire oublier la force des extrêmes en Belgique. Selon ce sondage, les communiste­s du PTB montent de cinq points en Wallonie et restent plus ancrés que jamais à la troisième place. Quant à l’extrême droite, elle occupe toujours la première marche du podium en Flandre. Si l’on ajoute à son score les intentions de vote en faveur de la N-VA nationalis­te de Bart De Wever, près d’un Flamand sur deux veut une Flandre plus autonome, sinon indépendan­te.

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