Les Verts belges digèrent mal la crise
Un sondage pointe la dégringolade des écologistes
Faut-il y voir une sanction après la valse-hésitation nucléaire ? Ce serait aller un peu vite en besogne. Quoique… Un peu partout, les écologistes sont en recul, si l’on en croit un grand sondage, «Le grand Baromètre Ipsos», que publient régulièrement plusieurs médias.
À Bruxelles qui les chouchoutait ces dernières années, les Verts accusent ainsi le coup. Ecolo reste pointé à la 3e place, mais avec seulement 15,8% des intentions de vote (-2,2%), largement derrière le Parti socialiste qui récupère la tête du classement suivi du Mouvement réformateur (MR, libéral francophone). En Wallonie, le PS reste en tête en dépit d’un léger recul, juste devant les libéraux qui progressent de nouveau. Ecolo perd ici aussi du terrain tout en restant à la quatrième place.
En Flandre cette fois, les socialistes n’ont cessé de progresser au cours des derniers mois. Ils occupent la 3e place, devant l’Open-Vld (libéral) du Premier ministre Alexander De Croo. Les rouges de Conner Rousseau se présentent ainsi comme la principale alternative au Vlaams Belang (extrême droite, 21,6%) et à la N-VA (nationaliste, 21,5%) qui se disputent toujours la première marche du podium au nord du pays. Quant à Groen, le pendant flamand d’Ecolo, il progresse très légèrement.
Libéraux, socialistes, écologistes: tous font partie des mêmes coalitions, sauf en Flandre. Leurs discours respectifs sur les aides à apporter aux Belges varient à la marge. Chacun a ses nuances et la clientèle qu’il entend privilégier. Mais les écologistes, eux, sont assis entre deux chaises: d’un côté, le soutien à apporter à la population face à la facture énergétique fossile (gaz-électricité, mazout, carburants à la pompe); de l’autre, le projet – dogmatique, disent certains analystes – d’en finir une fois pour toutes avec le nucléaire en un temps où le risque de pénurie d’électricité est brandi comme un épouvantail par les autres partis.
Le dilemme nucléaire
Les écologistes paient assurément leur positionnement sur le nucléaire, en Wallonie comme à Bruxelles. C’est poussés dans le dos par la guerre en Ukraine qu’ils ont accepté à contre-coeur en mars dernier de maintenir en activité deux réacteurs au-delà de la date fatidique de 2025. A contrario, les socialistes et les libéraux du nord et du sud du pays apparaissent comme des partis-refuges réalistes, des boucliers alors que cogne la crise économique. Ils font leur meilleur score depuis les législatives de 2019.
«On sent l’effet de la crise, commente un responsable Ipsos. Les gens ont peur de ne pas pouvoir payer leurs factures d’énergie et cela bénéficie aux partis de gauche, le PS à Bruxelles, son homologue Vooruit en Flandre. Partout en Europe, les verts progressaient dans les grandes villes avec la crise climatique. Mais quand la crise économique est plus perceptible que la crise climatique, cela joue dans l’autre sens.» «Dans ce cas, ajoute pour sa part ’Le Soir’, il semble qu’Ecolo pâtisse encore d’une certaine image dogmatique ou de parti de bobos, chantre d’interdits aux conséquences financières. Alors que les socialistes paraissent retrouver un profil protecteur.»
La baisse de forme des écologistes ne doit toutefois pas faire oublier la force des extrêmes en Belgique. Selon ce sondage, les communistes du PTB montent de cinq points en Wallonie et restent plus ancrés que jamais à la troisième place. Quant à l’extrême droite, elle occupe toujours la première marche du podium en Flandre. Si l’on ajoute à son score les intentions de vote en faveur de la N-VA nationaliste de Bart De Wever, près d’un Flamand sur deux veut une Flandre plus autonome, sinon indépendante.