Die chilenische Geschichte aus autochthoner Sicht
sie sich innerhalb von 20 Jahren mit der Reitkunst vertraut, nachdem sie erkannt hatten, dass die Spanier ihre militärische Stärke vor allem der Reiterei zu verdanken hatten. Als sie sich durch systematischen Pferdediebstahl genügend Tiere besorgt hatten, begannen sie mit dem Aufbau einer eigenen Kavallerie. Ihre neue, kriegerische Reiterkultur, deren Grundlage die Pferdezucht wurde, zeigte schon recht bald beeindruckende Ergebnisse. Aus dem Feldbauernvolk wurde in der Zeit der Auseinandersetzung mit den Spaniern ein Reitervolk von Viehzüchtern.
Der alte Caupolicán, Lautaros Nachfolger, kämpfte verbissen gegen die spanischen Truppen. Selbst Frauen und Kinder beteiligten sich an der bewaffneten Auseinandersetzung. So zeichnete sich die Araukanerin Fresie, eine Frau Caupolicáns, durch außergewöhnlichen Mut aus. Durch Zurufe feuerte sie die indianischen Krieger lautstark zu immer größeren Leistungen an: „Ich, wir alle wollen nicht die Mütter von feigen Söhnen und die Frauen von feigen Männern sein. Kämpft, Mapuche, kämpft!“Erst als die Spanier auf Artillerie zurückgriffen, gelang es ihnen, die Indianer zu besiegen. Bevor sie Caupolicán töteten, wies der gefangene Toqui den spanischen Anführer daraufhin, dass es völlig sinnlos sein würde, ihn zu ermorden: „Glaube nicht, dass, wenn ich hier unter deinen Händen sterbe, unser Staat kopflos werden wird, denn es werden sogleich tausende andere Caupolicáns erstehen.“
Von 1561 bis 1598 zog sich der Araukaner-Krieg mit wechselnden Erfolgen hin. Die große Wende kam 1598 in der Schlacht nahe des Indianerdorfs Carabala. Der oberste Toqui Pelantar griff das vom Generalkapitän von Chile, Onez de Loyola, befehligte Heer so überraschend an, dass sich jede Gegenwehr als zwecklos erwies. Anscheinend vermochte nur ein einziger spanischer Soldat seine Arkebuse (Hakenbüchse) abzufeuern. Die Vernichtung ihrer Armee zwang die Spanier zur Räumung ganz Araukaniens und zum Rückzug hinter den Rio Bio-Bio. Dieses Zurückweichen vor dem Gegner ist als einzigartiger Vorgang in der Geschichte des kolonialen Amerika zu werten. Es sicherte den Araukanern nämlich für die nächsten 300 Jahre die Unabhängigkeit.
Da der Kampf gegen die unerschrockenen Indianer allzu viele Soldaten und finanzielle Mittel verschlang, verließen die Spanier nicht nur die Heimat der Araukaner, sie boten ihren ehemaligen Feinden sogar einen Nichtangriffspakt an. „Das hatte es in der Geschichte des indianischen Amerika noch niemals gegeben – der Vertreter des spanischen Königs bat die Indianer um eine Zusammenkunft und um Frieden“, so der tcheschiche Ethnologe Miloslav Stingl.
Im Jahr 1641 kam es in Quillín zu den ersten Friedensverhandlungen zwischen den Araukanern und den Europäern. Die Spanier, deren Kolonialsoldaten sich weigerten, in Chile zu dienen, erkannten die volle Souveränität Araukaniens an und nahmen diplomatische Beziehungen mit dem neuen indianischen Staat auf. Dieser erwies sich als souveränes indianisches Gemeinwesen, in dem Massencharakter tragende „araukanische Parlamente“das Sagen hatten. Wenn die eindrucksvollen Volksvertretungen tagten, fanden sich nicht nur die Häuptlinge der Araukaner ein, sondern auch Tausende von einfachen Kriegern, die zusammen mit ihren mit Silber geschmückten Frauen hoch zu Ross in ihrer schlichten Waffentracht erschienen und mitbestimmten.
Als 1818 die spanische Kolonialherrschaft in Lateinamerika zusammenbrach, erwuchs den
Araukanern in der jungen Republik Chile kein ernsthafter Gegner. Bis in die 60er Jahre des 19. Jahrhunderts blieben sie von den neuen Machthabern unbehelligt. Ein französischer Abenteurer, Antoine Orélie de Tounens, der das Vertrauen der Araukaner gewonnen und es sogar zu ihrem obersten, weißen Toqui gebracht hatte, verwandelte Araukanien im Dezember 1861 in ein Königreich, das er „Neufrankreich“nannte und als dessen König, Orelie-Antoine I., er sich selbst einsetzte. Er gab Araukanien eine Verfassung, die das Grundgesetz des französischen Kaiserreichs Napoleons III. kopierte, bildete eine Regierung nach europäischem Vorbild und trug sich mit dem Gedanken, die Gesamtvolksversammlung der Araukaner durch eine „Nationalversammlung“abzulösen, in der jeder Abgeordnete 50 000 Wähler vertreten würde. Patagonien, das damals noch nicht zum Machtbereich der Republik Argentinien gehörte und von den Araukanern beherrscht wurde, gliederte er ebenfalls seinem Herrschaftsbereich an. Die Unabhängigkeit des neuen „Vereinigten Königreichs von Araukanien und Patagonien“wurde von den beiden Nachbarn Chile und Argentinien vorerst respektiert. Als sich der araukanische König aber eines Tages auf chilenisches Territorium wagte, wurde die „königliche Majestät“ohne viel Federlesens nach Frankreich abgeschoben.
Der große Sieg von Pelantar
Als Araukanien zum Königreich wurde
Moderne Waffen aus Großbritannien
In der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts hielten die chilenische und die argentinische Armee die Zeit gekommen, gegen die Araukaner vorzugehen. Sie wollten ein für alle Mal die militärische
Né en 1950, Alain Frachon est un journaliste et dirigeant de presse français dont les écrits concernent notamment les conflits politiques entre Moyen-Orient et Occident ainsi que la problématique de l’euro qui divise les États européens. Plume prolifique, il est entre autres l’auteur de monographies sur la Chine et l’Amérique, comme par exemple «La Chine contre l’Amérique : le duel du siècle» (Grasset, 2012). Dans son dernier essai intitulé «Un autre monde» et sous-titré «L’ère des dictateurs», cet essayiste lucide et prospectif rassemble une petite centaine de chroniques brossant un tableau à la fois magistral et alarmiste d’un changement radical qui signe la fin de la domination de l’Occident.
Alain Frachon est journaliste au «Monde» : depuis 1990, il livre depuis 1990 une chronique hebdomadaire sur la situation internationale. Son dernier ouvrage, qui fera date dans l’analyse de l’évolution internationale, regroupe une centaine de ses chroniques sélectionnées à partir de 2014 sur les relations Est-Ouest. Ces dernières sont précédées par une introduction et un remarquable essai sur la Chine et la Russie ainsi que sur leur alliance avec d’autres autocraties comme l’Iran et la Turquie, pour mettre fin à la démocratie libérale occidentale. La fin de l’Occident est la question posée et la stratégie de ces deux puissances pour y arriver est méticuleusement analysée. Il est malaisé de résumer l’ensemble foisonnant que constitue ce volume, mais quelques idées phare se dégagent, qui ne peuvent que faire frissonner le lecteur.
L’humanité est à un tournant. Jusqu’à présent, seule la démocratie libérale débouchait sur la réussite économique. L’idéologie de l’individu (le libéralisme) induisait que liberté est synonyme de prospérité, elle-même synonyme de paix. Cette logique ne fonctionne plus et la Chine en est l’insolente démonstration. Le développement économique sous l’égide d’un parti unique à tendance dictatoriale est maintenant un fait. Bientôt la plus grande puissance
Alain Frachon, «Un autre monde. L’ère des dictateurs», Perrin, 380 pages, 21,90 euros. économique ne sera plus une démocratie. En 2050, la Chine représentera 20% de la richesse mondiale, l’Amérique 12%, l’Europe 9%. Dans tous les domaines, la Chine sera la pole position (nucléaire, téléphone, e-commerce, espace, etc.). L’empire du milieu est au coeur de tout (pandémie, climat, croissance économique, course aux armements...). Or, la montée en puissance de la Chine accompagne le lent déclin de l’Occident dû à son échec au Moyen-Orient, au retour des Talibans, à sa faiblesse face au terrorisme, à la crise financière de 2008, la régression et l’incompétence trumpiennes, la montée des leaders populistes amateurs de démocratie illibérale. Les fascistes italiens sont annoncés de retour au pouvoir dans peu de temps… Nous pouvons ajouter à cela notre exposition aux cyberattaques poutiniennes contre nos entreprises et nos élections, notre inféodation à la Russie et à la Chine pour la fourniture des matières premières, notamment énergétiques, position dont la Russie abuse aujourd’hui dans le cadre du conflit en Ukraine. Selon Frachon, nous sommes entrés dans l’ère de la «désoccidentalisation».
En face de nous, Moscou et Pékin se rapprochent et la guerre revient en Europe, sous prétexte que «l’Ukraine n’existe pas». Vladimir Poutine nous menace d’une guerre nucléaire et se refuse absolument de voir ce pays rejoindre l’Europe et l’OTAN. Et Xi Jinping s’apprête à envahir Taïwan. Selon l’auteur, il est au demeurant clair que la Chine veut dominer le monde comme les États-Unis après 1945. Elle n’a pas hésité à engager une guerre commerciale vis à vis de l’Australie qui avait réclamé une enquête internationale sur l’origine du Covid. Pour la Chine et la Russie, les Droits de l’Homme opposés par l’Occident et le système des Nations-Unies ne sont que des prétextes pour justifier la poursuite de son impérialisme. Le 18 mars 2021 à Anchorage, la Chine a été très claire: «Vous n’avez pas de leçon à nous donner, nous parlons d’égal à égal, votre système de gouvernement ne suscite plus l’envie du monde». Argument réentendu récemment dans la bouche du ministre des Affaires étrangères de Russie. Mais la Chine déploie son influence à l’ONU à des fins hégémoniques, car «la sinisation du monde passe par l’ONU».
Le déterminant le plus sûr du vote Brexit, Trump et Le Pen est le niveau d’éducation. Alain Frachon
La «câlinothérapie» à l’égard de Vladimir Poutine
À la suite de cette analyse globale, Alain Frachon développe plus particulièrement un certain nombre de points importants dans ses chroniques, au nombre desquels figurent les éléments suivants: d’abord, il ne faut surtout pas humilier Poutine: c’est la «câlinothérapie» à l’égard de Vladimir Poutine opérée par Barack Obama, Angela Merkel et Chirac pour ne pas humilier l’intéressé déjà martyr après la chute du mur de Berlin en 1989 et l’effondrement de l’URSS en 1992, qui a permis d’avoir les coudées franches à Poutine pour mener la politique et la guerre d’aujourd’hui. Récemment, en direct à la télévision, Patrick Buisson, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, a redemandé qu’on n’humilie pas Poutine, sinon ce serait comme l’humiliation de l’Allemagne par le traité de Versailles suivi d’une vengeance à la Hitler! Il ne faut pas perdre de vue le désengagement de l’Amérique en Europe, sa non-intervention en Syrie qui a laissé la place à la Russie, l’erreur monumentale de l’intervention en Irak qui a ouvert la voie à l’Iran, l’éloge par Poutine du régime fort et de la réhabilitation du nationalisme qui a tant séduit Jean-Marie Le Pen et Viktor Orbán, notamment.
C’est parce que Barack Obama n’est pas intervenu en Syrie que Poutine s’est permis d’annexer la Crimée et que Xi Jinping a mis la main sur un certain nombre d’îlots en mer de Chine pour les militariser et menacer Taïwan. Par ailleurs, les nouvelles routes de la soie sont un facteur crucial: ces corridors ferroviaires et maritimes qui relieront la Chine à l’Europe hisseront la Chine au premier rang du monde en termes de puissance globale. C’est le bouleversement stratégique majeur de notre temps; le mépris de l’Europe par Donald Trump et la joie de Viktor Orban de voir arriver Trump au pouvoir pour «assurer le démantèlement de l’Union européenne». S’ajoutent à cela les exercices militaires conjoints de la Russie et de la Chine dans l’Extrême Orient russe (300.000 hommes et 40.000 blindés, etc.); la violation par Pékin du traité signé avec les Britanniques donnant à Hong Kong une autonomie de gouvernement de 1997 à 2047; l’ère de la post-vérité dans laquelle Trump a plongé l’Amérique par la diffusion de ses fausses nouvelles sur les réseaux sociaux, ce qui abolit «la valeur normative de la vérité».
Pour finir, rappelons que l’auteur étaie une thèse développée dans un chapitre intitulé «Au nom du peuple»: celle selon laquelle la ligne de fracture sociale n’est pas économique, mais culturelle. «Le déterminant le plus sûr du vote Brexit, Trump et Le Pen est le niveau d’éducation. Trump et Le Pen parlent au nom du peuple, «car si j’incarne le peuple, mes opposants sont l’ennemi du peuple» écrit-il. Ou encore: «Ce fossé-là est plus profond et plus toxique que celui qui sépare riches et pauvres car il est lesté d’un sentiment de supériorité». Autant de pistes réflexives constituant un vibrant appel destiné à une inévitable conscientisation sur la situation internationale du monde d’aujourd’hui (et de celui de demain).