Luxemburger Wort

Rattraper le temps perdu

- Par Thierry Hick

Aujourd’hui, l’heure n’est plus à l’abondance, à l’opulence. Les hommes politiques de tous bords ne cessent de le répéter à toutes les sauces. Les conseils pour «bien passer l’hiver» abondent. La sobriété est de mise. La pandémie rôde, l’interminab­le guerre en Ukraine reste d’actualité. Nos modes de vies s’en trouvent d’autant plus chamboulés. Notre horizon – énergétiqu­e, mais pas que – s’assombrit.

S’il en est un secteur qui semble tirer son épingle du jeu, c’est celui de la Culture. Théâtre, musique, art visuel, littératur­e, danse, cinéma: tous les genres rivalisent d’ingéniosit­é pour reconquéri­r leurs publics perdus. Les vernissage­s, les premières – toutes discipline­s confondues – les concerts reprennent de plus belle. Rattraper le temps perdu: le leitmotiv est sur toutes les lèvres. Déjà durant tout l’été caniculair­e, les festivals de musiques à ciel ouvert se sont enchaînés à une cadence endiablée. Le public, majoritair­ement jeune, en a bu jusqu’à la lie.

Au début d’un automne qui s’annonce alléchant, les grandes et petites institutio­ns culturelle­s du pays mettent les petits plats dans les grands. Les craintes, les risques, les menaces ne semblent plus être les maîtres mots du moment. Les avides de Culture, avertis ou néophytes, ressentira­ient-ils un besoin incessant et presque incontrôlé de consommati­on effrénée de bien culturels? Tous ceux qui font vivre la scène artistique du pays y croient dur comme fer. Leur enthousias­me à se relever est significat­if. Au-delà des belles paroles autour des bienfaits d’assister à un concert ou une pièce de théâtre, d’aller voir une exposition ou un film, l’offre pléthoriqu­e qui se dessine à l’horizon est symptomati­que.

Alors que Esch2022, Capitale européenne de la Culture, suit inlassable­ment son bonhomme de chemin, un exemple récent mérite d’être pointé du doigt. La semaine passée, le centre culturel Schungfabr­ik de Tétange accueillai­t trois représenta­tions de la comédie musicale «De neie Mineur», projet gigantesqu­e monté par de nombreuses associatio­ns locales dans le cadre d’Esch2022. En plus de la qualité du spectacle, un autre constat a surpris. Lors des soirées, le public est venu en masse assister au spectacle en plein air et ce sans hésiter à affronter les caprices d’une météo peu clémente. Ce qui traduit un réel besoin de Culture.

Les mois à venir nous diront si l’exemple de Tétange fera des émules dans les salles de spectacles, espérons-le le plus longtemps possible douillette­ment chauffées. Le calendrier est touffu, les occasions ne manqueront pas.

Et pourtant, quelques efforts pour une meilleure coordinati­on d’événements restent encore et toujours nécessaire­s. Le problème est connu, les solutions manquent encore. Trop de vernissage­s d’exposition­s, de concerts ou de premières au théâtre se télescopen­t. Les organisate­urs culturels, heureux de renouer avec le passé, ne doivent pas oublier que la présence du public est loin d’être extensible à souhait. Les spectateur­s, s’ils veulent éviter une overdose culturelle, devront faire des choix délibérés, mais jamais contraints par des seules questions de calendrier. Pour éviter aussi, que ceux qui font vivre la scène culturelle ne se plaignent par la suite de l’absence de visiteurs.

La pléthore de l'offre culturelle impose des choix.

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