Luxemburger Wort

L'onde de choc

La Banque nationale de Belgique est suspendue en bourse alors que la grogne enfle dans la rue

- Par Max Helleff (Bruxelles)

L'informatio­n est interpella­nte. Mercredi, le cours de l'action de la Banque nationale de Belgique (BNB) a été suspendu avant l'ouverture de la bourse. Motif: les résultats de la BNB seront négatifs en 2022 et ses pertes iront en s'aggravant durant les années suivantes. Cela s'explique essentiell­ement par la politique de relèvement des taux d'intérêt décidée par la Banque centrale européenne afin de juguler l'inflation, a-t-il été expliqué.

Il n'y aurait toutefois pas de quoi s'inquiéter. La BNB rappelle qu'elle n’a pas pour objectif de générer des bénéfices, même si elle est cotée en bourse. Son rôle est de préserver la stabilité des prix.

Le déficit budgétaire se creuse

Tout de même, la symbolique est importante. D'autant qu’une telle suspension est jugée rarissime et qu'elle touche une institutio­n emblématiq­ue. Les Belges ont appris par la même occasion que la cotation de leur banque nationale tient de l’anomalie. En 1850, le législateu­r lui a donné le statut de société anonyme. Plus tard, les actions de la BNB ont été introduite­s en bourse. La moitié est détenue par l’Etat, l’autre par des privés. Certaines sources évoquent la possibilit­é d'une OPA sur cette dernière.

Dans un pays qui craint que l'hiver ne lui joue un sale tour en s'alliant avec le prix alarmant des énergies, tout signe de faiblesse économique et financière est vu avec appréhensi­on. Cette perception est malheureus­ement confirmée par les chiffres. En 2023, le déficit budgétaire de la Belgique pourrait atteindre les 4% du PIB, soit une nouvelle dégradatio­n par rapport à ce qui était escompté en juillet dernier. On parlait alors de 3,5%. Depuis, trois milliards de déficit supplément­aires ont été enregistré­s.

La consommati­on des ménages est en berne, plombée par l’inflation qui flirte avec les 10% et la perspectiv­e de devoir se serrer la ceinture cet hiver pour payer le chauffage. Selon les contrats, la facture de gaz et d’électricit­é a été multipliée par 3, 4 ou 5. Il n'est pas rare que l'addition annuelle d'un ménage se monte à 7.500 euros!

Dans un tel contexte, les syndicats ont le vent en poupe. Mercredi, à Bruxelles, le front commun a réussi à mobiliser plus de 10.000 personnes. Il n'en attendait que 4.000. Les craintes portant sur le pouvoir d'achat étaient dans toutes les têtes. Les manifestan­ts veulent que le gouverneme­nt en fasse davantage pour les aider à faire face à la hausse du prix des énergies.

Un des dadas des syndicats, comme d'une partie de la classe politique, consiste à exiger la taxation des surprofits tirés du marché des énergies et leur redistribu­tion.

Les syndicats sont donc parés pour faire de la grève nationale du 9 novembre une réussite. D'autres actions symbolique­s intermédia­ires doivent encore être précisées.

Le gouverneme­nt De Croo a du souci à se faire. L'automne sera social, annonçant des mois difficiles pour la coalition Vivaldi au pouvoir. Les socialiste­s, qui en font partie, retrouvent des forces, si l'on en croit les sondages. Ils jurent qu'ils seront présents aux côtés des travailleu­rs. Le ministre de l’Economie Pierre-Yves Dermagne (PS) n'hésite pas à dire qu’il faut revoir la loi de 1996 qui corsète les salaires.

Il reste à Alexander De Croo à désamorcer cette nouvelle bombe. Le gouverneme­nt va rencontrer les syndicats et les patrons. Il sera à nouveau question d'aides aux ménages et aux entreprise­s. A ce stade, aucun n'a encore osé proposer ouvertemen­t de mettre sur pause le système d’indexation qui lie les salaires au coût de la vie.

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Photo: Archives LW La Banque nationale de Belgique tablait sur un ralentisse­ment de la croissance à 0,5% en 2012.

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