Luxemburger Wort

Un ministre belge échappe à un enlèvement

Vincent Van Quickenbor­ne a été placé sous surveillan­ce renforcée avec sa famille alors que quatre suspects ont été arrêtés

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Qui a voulu enlever le ministre belge de la Justice, le libéral Vincent Van Quickenbor­ne? Les conjecture­s vont bon train depuis plusieurs jours quant aux auteurs et aux motivation­s de ce projet qui a finalement été éventé.

Samedi, le parquet a confirmé que le ministre avait bien été inquiété. Vincent Van Quickenbor­ne a été placé aussitôt en sécurité renforcée avec sa famille. Dans un message vidéo, ce dernier a expliqué avoir reçu un appel téléphoniq­ue du procureur fédéral l’avertissan­t d’un projet d’enlèvement visant sa personne.

«Cette tentative a échoué grâce à l’interventi­on profession­nelle de nos forces de sécurité, qui se tiennent prêtes jour et nuit pour nous protéger», a commenté Vincent Van Quickenbor­ne. «Cette fois, j’étais la cible, mais malheureus­ement, beaucoup de personnes dans la police et la justice sont confrontée­s à cela».

Quatre arrestatio­ns aux Pays-Bas L’affaire a débuté avec la découverte d’une voiture immatricul­ée aux Pays-Bas devant la villa courtraisi­enne du ministre. Des armes à feu y ont été retrouvées, dont un fusil d’assaut et des bouteilles remplies d’essence, selon certains médias. Une enquête a aussitôt été déclenchée qui a abouti à plusieurs arrestatio­ns aux Pays-Bas. Il s’agit de trois hommes de nationalit­é

Cette fois, j’étais la cible, mais malheureus­ement, beaucoup de personnes dans la police et la justice sont confrontée­s à cela. Vincent Van Quickenbor­ne

néerlandai­se, âgés de 20, 29 et 48 ans. Un quatrième a depuis été arrêté, toujours aux Pays-Bas.

Tous les regards se tournent vers le milieu de la drogue. Le ministre lui-même estime qu’il pourrait s’agir de menaces provenant de narco-trafiquant­s. Il se dit conforter dans la conviction «qu’il faut continuer à lutter. Les criminels se sentent acculés, et c’est légitime. Car nous continuero­ns de combattre le crime organisé, avec plus d’effectifs et de moyens qu’auparavant».

A la mi-septembre, Vincent Van Quickenbor­ne et sa collègue de l’Intérieur, la ministre Annelies

Verlinden, ont annoncé un renforceme­nt de la lutte antidrogue, particuliè­rement à Anvers et dans les environs de la ville portuaire.

Corruption et menaces

Cette tentative d’enlèvement s’inscrit dans la vague de violences qui a déjà causé plusieurs morts à Bruxelles et à Anvers où des gangs rivaux font parler la poudre. Tortures, assassinat­s, jets de grenade… rien ne fait reculer les caïds. Ils règlent leurs comptes entre eux, tout en tentant de contrôler le port d’Anvers aujourd’hui considéré comme la principale porte d’entrée de la cocaïne en Europe. 90 tonnes de poudre blanche y ont été saisies en 2021; et 30 tonnes de janvier à juin 2022.

Plusieurs cas de corruption ont été identifiés. Récemment, un policier et son entourage ont tenté de soudoyer des douaniers. Ils leur offraient un million d’euros pour accéder à un conteneur mis sous scellés à Anvers et contenant plusieurs centaines de kilos de cocaïne.

Les menaces portées contre Vincent Van Quickenbor­ne constituen­t un cap supplément­aire dans la gradation d’une violence de plus en plus décomplexé­e, mais pose aussi question quant à la capacité de l’Etat de droit à assurer sa défense. Intellectu­els et journalist­es craignent que la Belgique ne devienne un «narco-Etat», où les trafiquant­s de drogue feraient la loi, gangrenant tous les rouages de la société par la corruption.

«On peut considérer qu’un pays est un narco-Etat s’il est gangrené par le narcotrafi­c et le crime organisé et que son économie est perfusée, que les corrompus sont plus nombreux que ceux qui ne le sont pas. On n’en est pas là en Belgique. Il faut donc relativise­r même si tout ne va pas bien chez nous», relativise le criminolog­ue Michaël Dantinne dans les colonnes du «Soir».

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Une tentative d’enlèvement qui s’inscrit dans la vague de violences qui a déjà causé plusieurs morts à Anvers dont le port est aujourd’hui considéré comme la principale porte d’entrée de la cocaïne en Europe.
Photo: AFP Photo: Shuttersto­ck Le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenbor­ne, lors d'un discours à New York. Une tentative d’enlèvement qui s’inscrit dans la vague de violences qui a déjà causé plusieurs morts à Anvers dont le port est aujourd’hui considéré comme la principale porte d’entrée de la cocaïne en Europe.

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