Dialogues autour de la lusophonie
Le festival «atlântico» revient en force pour sa sixième édition du 1er au 9 octobre à la Philharmonie
Le festival «atlântico», pour sa sixième édition qui débute samedi à la Philharmonie, ne déroge pas à la règle qui lui a permis d’asseoir sa notoriété: illustrer en musique les différentes cultures lusophones présentes au Luxembourg.
Portugal, Cap-Vert, Brésil, Angola, à elles seules ces différentes communautés représentent près de vingt pour cent de la population du Grand-Duché. C’est donc pour célébrer toutes ces cultures présentes que le festival «atlântico», année après année, fait venir sous nos latitudes des musiciens, connus ou moins connus pour offrir au public quelques dialogues autour de la lusophonie.
Franciso Sassetti, le programmateur des Musiques du monde à la Philharmonie, également en charge du festival «atlântico» précise: «Le festival doit être le reflet de toutes ces communautés lusophones du pays, qu’il faut inciter à venir au concert, puisqu’il s’agit d’attirer un public varié en brisant des barrières et en surmontant des réticences.»
Alors que bon nombre d’organisateurs d’événements culturels peinent souvent à attirer un public étranger, la Philharmonie semble mieux lotie dans ce contexte. Une force de frappe importante, un travail de communication conséquent semblent porter leurs fruits. Et pourtant, l’organisateur du festival est conscient de l’existence de certains facteurs socio-économiques pouvant impacter les pratiques culturelles de certaines communautés. «Le festival participe de manière de plus en plus significative à la découverte des cultures lusophones au Luxembourg, si présentes dans le pays, mais dont la diversité est encore relativement peu représentée dans les programmations des institutions culturelles. Des efforts restent encore à faire» explique Francisco Sassetti avant de préciser: «Avec tout ce qui se passe au Luxembourg, le dialogue avec la lusophonie peut encore être renforcé.»
Même si au cours des précédentes éditions, les spectateurs portugais, cap-verdiens... étaient majoritaires, les concerts proposés tout au long de l’«atlântico» ne s’adressent nullement aux seuls lusophones, insiste l’organisateur. «Notre festival s’adresse à tous les publics, nous célébrons la diversité des cultures, qui doivent trouver leur place sur scène.»
Comme pour encore mieux brasser les potentiels publics, la Philharmonie a eu la bonne idée d’insérer quelques rendez-vous «atlântico» dans différents cycles de musiques de la Philharmonie déjà existants.
Cette sixième édition s’articulera autour d’une première inédite: l’exposition «Instrmnts Victor Gama». L’artiste, originaire d’Angola, il sera d’ailleurs présent à la Philharmonie de Luxembourg, sillonne le monde avec les instruments qu’il a construits et qu’il veut partager avec les spectateurs, qui auront l’occasion de les jouer en conditions réelles. Une expérience
Les instruments de Victor Gama (h.), le tour de chant de Mario Lucio (g.) et le voyage musical de Dom La Nena (d.), quelques étapes hautes en couleurs du festival. nouvelle et avant tout participative.
Côté musique, le festival veut faire entendre autre chose que le sempiternel fado, ce dernier restera cependant présent. «Il ne s’agit pas d’enfermer une culture dans une case particulière, une petite boîte. Bien au contraire», fait valoir le Monsieur Musiques du monde de la Philharmonie.
La sixième édition d’«atlântico» présentera à nouveau un mélange des genres surprenant. Avec à la clef, quelques grosses pointures populaires – histoire d’attirer un large public – mais aussi quelques pépites plus inattendues.
Une règle, une exception
Cette année, António Zambujo fera son grand retour. «En créant notre festival, nous nous étions imposés une règle précise: ne jamais faire revenir un artiste principal une deuxième fois dans le but d’élargir nos propositions de découvertes du répertoire.» António Zambujo est donc l’exception qui vient confirmer la règle. «Cet artiste très populaire a le mérite de continuellement se réinventer, de changer de répertoire.»
Le festival n’éliminera pas le fado de son affiche, mais optera pour une lecture plus spécifique de ce répertoire si spécifique. La fadiste Aldina, qui joue avec les mots, proposera de découvrir des chants empreints d’un certain classicisme, mais avant tout très intimistes.
L’affiche 2022 va permettre de vivre des expériences multiples autour de ces multiples cultures. Un bref aperçu des autres rendez-vous suffit pour s’en convaincre.
Le festival doit être le reflet de toutes ces communautés lusophones du pays, qu'il faut inciter à venir au concert. Franciso Sassetti, programmateur
Des séances de yoga en musique avec Cathy Krier et Nils Kohler, une escapade dans le domaine du free jazz animé par le saxophoniste Rodrigo Amado, flanqué pour l’occasion du pianiste Alexander von Schlippenbach, une soirée au Brésil avec la chanteuse et violoncelliste Dom La Nena, une immersion dans l’électro avec Joana Gama & Luís Fernandes, mais aussi un tour de chant de Mario Lucio – écrivain, compositeur, chanteur, mais aussi ministre de la Culture du Cap-Vert de 2011 à 2016: la programmation de l’édition fera voyager les spectateurs du Portugal au Brésil, en passant par l’Angola et le Cap Vert.
Et les Açores? L’archipel de l’Atlantique n’est pas présent. «C’est vrai, les Açores tout comme d’autres pays ne sont pas représentés», concède Francisco Sassetti, «pour attirer un public large, les artistes que nous invitons doivent être quelque peu connus, en partie grâce aussi à un rayonnement à l’international.» L’organisateur n’exclut pas que de nouvelles cultures lusophones puissent venir gonfler les rangs lors des prochaines édition du festival «atlântico».