Luxemburger Wort

Conjuguer les affections

«Ensemble» de Fabio Marra au Théâtre du Centaure

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pas malade», ne cesse-t-elle de répéter. Sa fille Sandra surgit après dix ans d’absence. Elle vient annoncer son mariage. Elle voudrait confier Michele à un centre spécialisé.

«Bonnes intentions»

Ce que Fabio Marra nous propose, en traitant du problème du handicap, c’est aussi une réflexion sur ces affections «de bonnes intentions» qui s’opposent : celle de la maman pour ce fils qu’elle ne peut abandonner, dût-elle y laisser sa santé. Celle de Sandra pour sa maman et son frère, avec une solution raisonnabl­e. Oui, elles sont bien réelles ces affections-là, encore faudrait-il pouvoir les conjuguer.

Qu’on ne s’y trompe pas cependant: si le sujet est grave, Fabio Marra ne nous en impose pas une prise de conscience pesante, mélodramat­ique. Non, il y a des sourires et des rires tendres, empathique­s, qui n’occultent pas l’extrême complexité des réalités humaines. Ainsi, par exemple, la tirade de Sandra exprimant, et c’est déchirant, toute la difficulté à être la soeur ou le frère d’un handicapé.

La mise en scène de Marja-Leena Junker est non seulement fidèle au propos et aux tonalités du texte de Fabio Marra, mais elle l’amplifie en une réjouissan­te atmosphère de «comédie à l’italienne». Grâce à une scénograph­ie aussi inventive que réjouissan­te d’Anouk Schiltz (qui multiplie les surprises: ainsi, une porte de réfrigérat­eur peut devenir la porte d’un appartemen­t), ponctuée par les lumières

Une atmosphère de «comédie à l’italienne». significat­ives d’Antoine Colla, et, excellente initiative pour la couleur locale, les séquences musicales d’Hugues Maréchal, maître-chanteur de tout ce petit monde.

Ce qui fait aussi la réussite de la mise en scène de Marja-Leena Junker, c’est comment elle caractéris­e et dynamise ses interprète­s. En toute légèreté, sans s’appesantir. Ils ont répondu à ses souhaits. Nicole Dogué en si convaincan­te «mère courage», Delphine Sabat en soeur coincée entre sa tendresse familiale et ses propres aspiration­s d’épanouisse­ment, Tiphanie Devezin en savoureuse intervenan­te, et Mathieu Moro qui, cette fois encore, dans l’interpréta­tion de son personnage borderline, atteint et maintient un juste et difficile équilibre.

Ce qui est réjouissan­t aussi, c’est que cette pièce ainsi mise en scène et interprété­e se conclut par une belle conjugaiso­n des affections.

Représenta­tions au Théâtre du Centaure les 30 septembre, 1er, 7, 8, 11 et 12 octobre à 20 heures ainsi que les 29 septembre, 6, 9 et 13 octobre à 18.30 heures. Tickets au tél.: 47 08 95 1 et sur: www.luxembourg-ticket.lu.

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Photo: Bohumil Kostohryz

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