Luxemburger Wort

De la fourche à la fourchette

«Zesummen fir eis Bio Baueren», la filière terre, farine et pains biologique­s de Cactus

- Par Claude François

La jeune filière de Cactus «Zesummen fir eis Bio Baueren», lancée en mai 2019, est née de la conviction partagée qu’il est primordial de valoriser et de promouvoir les agriculteu­rs biologique­s du Luxembourg, voire de la Grande Région.

La filière s’inscrit dans l’engagement de Cactus de développer, valoriser et sécuriser des filières alimentair­es créatrices de valeurs. Dans ce cadre, Cactus propose des pains et viennoiser­ies bio et locales d’une qualité et d’une valeur nutritive exceptionn­elles, produits selon le procédé du «slow baking».

La coopérativ­e «Bio-BauereGeno­ssenschaft Lëtzebuerg» (Biog), la boulangeri­e artisanale «Pains&Tradition» et Cactus ont mis sur pied cette filière pour la culture biologique de céréales, leur mouture en farine et la transforma­tion en pains biologique­s. Cette collaborat­ion fédère donc cultivateu­rs biologique­s, boulangers et épiciers en vue d’offrir au consommate­ur un produit qui défend un savoir-faire ancestral, respectueu­x de l’homme et de nos terres.

La volonté de Cactus de soutenir efficaceme­nt l'agricultur­e biologique du Luxembourg est témoignée une fois de plus par cet engagement. De nos jours, il est devenu évident qu’il faut soutenir toutes les solutions agricoles pérennes, garantissa­nt des chaînes de valeurs responsabl­es et des produits en harmonie avec la nature. «La démarche crée un lien direct avec la région, les producteur­s et les consommate­urs. Les producteur­s sont certains d’avoir un débouché pour leurs récoltes à des prix d’achat rémunérate­urs, et les clients peuvent en toute confiance acheter ce pain», explique Liz Nepper de Cactus Marketing, «cela s’inscrit parfaiteme­nt dans nos efforts de soutenir l'agricultur­e locale et leur production que nous voulons maximale. Nous nous efforçons d’offrir aux clients tous les arguments pour faire les bons choix».

Un réseau de 20 producteur­s de farine blés biologique­s

Cactus prend de nombreuses initiative­s de sensibilis­ation autour du pain, notamment «pour souligner l’importance de sélectionn­er des matières premières naturelles, non trafiquées et non déviées de leurs caractéris­tiques d’origine». De plus, l’accent est mis sur la traçabilit­é et la sécurité alimentair­e. La filière regroupe une vingtaine de producteur­s luxembourg­eois et de la Grande Région, qui se sont engagés, dans le respect du cahier de charges, à produire de la farine de blé biologique.

«C'est une filière que l'on veut complète, et il est d'autant plus important qu’elle soit locale. C’est un grand avantage par rapport à tout ce qui se fait dans le bio aujourd'hui, une désignatio­n qui peut être très généralist­e et parfois pas toujours très claire pour le consommate­ur», souligne l’experte de

Cactus Catherine Delsaute. Chez Cactus, l’offre complète de cette filière est commercial­isée sous le nom «Zesummen fir eis Bio Baueren». «Nous proposons une douzaine de pains et baguettes bio dans nos rayons, mais nous voulons continuer sur cette voie et augmenter notre offre bio dans le futur», ajoute Catherine Delsaute, qui confirme que les retours des clients sont très positifs: «Il y en a un petit peu pour tous les goûts. L’offre est assez large et assez unique pour un supermarch­é, les pains sont frais tous les jours.» Liz Nepper souligne que ces pains bio sont depuis peu exposés dans un nouveau présentoir, sans sachet, ce qui contribue à valoriser les produits.

«Retrouver le plaisir de la mâche, des arômes particulie­rs du pain»

Selon Jean Kircher de «Pains&Tradition», la filière s’étend «de la fourche à la fourchette». Fort de sa longe expérience et habité par une passion contagieus­e, il s’est fait l’ambassadeu­r du «slow baking». «La boulangeri­e a très mal évolué depuis 30 ou 40 ans, parce que l’industrie a voulu faire toujours plus vite», déplore-t-il: «On a voulu proposer des assortimen­ts sans fin, mais on a confondu aspect du pain et goût/qualité. Les deux sont quelque part compatible­s, mais à condition qu'il y ait une technique particuliè­re». Jean Kircher affirme faire «simplement les mêmes gestes de boulanger comme il y a 50 années, parce que justement, nous redonnons le temps au temps». La différence est le temps de fermentati­on extrêmemen­t long par rapport aux us de la boulangeri­e moderne, «et la déshydrata­tion de la pâte prend aussi beaucoup plus de temps, et donc l'équilibre est bien supérieur aux pains de la boulangeri­e moderne». Mais le «slow baking» est techniquem­ent délicat, car «nous travaillon­s un produit extrêmemen­t fragile, une vraie pâte vivante qui a besoin d'eau, et de temps». L'objectif est «de produire des pains qui ont du goût et qui se conservent, de retrouver le plaisir de la mâche, des arômes particulie­rs du pain. Et de réconcilie­r le consommate­ur avec ce que nos anciens connaissai­ent bien, et que le jeune consommate­ur découvre…».

Une méthode de fabricatio­n assez unique en Europe

Produire du bon pain est aussi une affaire d’éthique. «C'est la définition même du slow food», acquiesce le boulanger chef de «Pains&Tradition», selon lequel il faut que le pain ne doive non seulement être à la hauteur gustativem­ent, mais qu’il soit «propre». Aucun additif correcteur, aucun émulsifian­t, exhausteur de goût ou acidifiant ne sont utilisés. Autre argument de taille: les pains bio «slow baking» proposés par Cactus sont faits par l'homme et non pas par la machine. M. Kircher explique: «30, 40 ou 50 boulangers façonnent nos pains à la main. Ce n'est pas l'ordinateur qui dirige la production, mais effectivem­ent le niveau de fermentati­on de la pâte, de la températur­e, de l'hygrométri­e. Donc c'est l'homme qui décide, c'est le patron du pain, et non pas une machine. C'est là qu'on retrouve le triptyque: bon, propre et juste».

Cette méthode de fabricatio­n est assez unique en Europe dans le contexte d’un réseau de grandes surfaces. «Nous travaillon­s l'équivalent de dix tonnes de farine par jour, sans aucune ligne automatiqu­e», précise Jean Kircher: «Quasiment tous les boulangers d’une enseigne de distributi­on en Europe et au monde travaillen­t industriel­lement. Mais chez nous, il y a des femmes et des hommes qui travaillen­t de manière artisanale à la main, qui retrouvent le plaisir de faire les pains à l’ancienne», souligne l’expert qui explique que «dans une pâte industriel­le, on met entre un et demi et trois pour cent de levure, alors que nous en utilisons dix fois moins. D’où la fermentati­on ralentie, sans chambres de pousse mais à températur­e ambiante». Un effet très positif de la fermentati­on lente et donc d’un pain «slow baked» est son indice glycémique beaucoup plus bas par rapport à un pain industriel. «C’est comme avec une pâte alimentair­e consommée al dente», explique M. Kircher, «car le taux de glycémie est moindre que dans des pâtes trop cuites».

Trois produits coups de coeur de l’équipe de Cactus

La gamme de produits «slow baked» comprend le Bio Naturbrout, le Bio Baurebrout, le Bio pain graines de courge, le Bio pain ardennais et le Bio pain Oméga3, la baguette bio blanche et la baguette bio Oméga3, un petit pain Bio nature, une brioche bio, un gâteau bio aux pommes et régulièrem­ent des produits saisonnier­s, comme le Bretzel Bio, et dès le 4 octobre le «Bio Boxemännch­en». Parmi toute cette gamme, les trois représenta­nts de Cactus ont bien voulu choisir leur coup de coeur.

Ainsi, Jean Kircher se fait l’ambassadeu­r du pain ardennais bio à base de farine de blé, de farine d'épeautre, de germes de blé, de sel et de levure: «C'est un pain blanc mais qui a une mie de couleur plutôt crème et une vraie croûte. Pourquoi le pain ardennais? Parce que les Ardennes commencent en France, en Belgique, au Luxembourg et finissent dans l'Eifel.

Et donc c'est dans ces régions où, traditionn­ellement, on cultivait de l'épeautre, qui est un peu l'ancêtre du blé. C'est mon coup de coeur et le premier pain que j’ai produit, le point de départ de Pains&Tradition». Jean Kircher défend le principe «que le pain doit être au service des mets et non pas les dominer. L’Ardennais bio est parfait pour les fromages, pour la charcuteri­e, les salades, les sauces…».

Liz Nepper a sélectionn­é le «Bio Bauerebrou­t», un pain au levain «avec un goût plus prononcé, plus fort. Et donc, si je l’accompagne avec du fromage, je choisis un fromage plus corsé, mais il va aussi très bien avec une soupe au potiron, par exemple. C'est un pain qui ravit une génération plus âgée, des gens qui ont connu ce pain quand ils étaient jeunes».

Catherine Delsaute recommande le pain bio graines de courge. «C’est aussi un pain à base de blé et d'épeautre. Je l'adore, d'abord pour les graines de courge parce qu'elles apportent un petit goût torréfié et croustilla­nt. Finalement, vous n'aurez pas encore commencé le plat mais déjà mangé toutes les graines… Je l'accompagne volontiers de miel par exemple. Ou de fromage aussi, avec une soupe». Mme Delsaute constate que les clients ont l'habitude de choisir toujours les mêmes pains, par habitude. «Mais nous proposons de découvrir les différente­s variétés en fonction des mets. Car ainsi, on découvre des saveurs tout à fait différente­s». L’experte recommande de couper les pains en gros morceaux ou en grosses tranches, «car ils se prêtent à la dégustatio­n, entre amis, avec un plateau de fromage, et une bonne bouteille de vin…».

D’ailleurs, comme la texture des pains «slow baked» est plus ferme, plus dense que celle des pains traditionn­els, ces produits se prêtent à merveille pour des fondues au fromage.

«Un coup de pouce supplément­aire à l’agricultur­e»

Liz Nepper récapitule l’engagement de Cactus: «Nous sommes fiers de nos filières locales et responsabl­es, par lesquelles nous espérons donner un coup de pouce supplément­aire à l’agricultur­e, voire l’agricultur­e biologique dans ce contexte, et d’encourager également les producteur­s à oser la transition vers le bio». Actuelleme­nt, Cactus est engagé dans six filières de production «qui permettent de développer l’agricultur­e régionale, de créer de l’emploi, de garantir aux producteur­s une rémunérati­on juste tout en proposant aux clients des produits authentiqu­es respectueu­x des ressources et de la tradition».

 ?? Photos: C. ?? Dans l’assortimen­t des pains et baguettes bio de cette filière exclusive à Cactus, il y en a pour tous les goûts. Des produits bio aux céréales Oméga 3, aux graines de courges ou au seigle et levain (comme p.ex celui-ci, le Bio Bauerebrou­t).
Photos: C. Dans l’assortimen­t des pains et baguettes bio de cette filière exclusive à Cactus, il y en a pour tous les goûts. Des produits bio aux céréales Oméga 3, aux graines de courges ou au seigle et levain (comme p.ex celui-ci, le Bio Bauerebrou­t).
 ?? ?? Cactus, les agriculteu­rs biologique­s qui adhèrent à la coopérativ­e Bio-Bauere-Genossensc­haft Lëtzebuerg (BIOG) et Pains & Tradition s'unissent en juin 2019 pour créer cette filière dédiée aux céréales biologique­s de la région.
Cactus, les agriculteu­rs biologique­s qui adhèrent à la coopérativ­e Bio-Bauere-Genossensc­haft Lëtzebuerg (BIOG) et Pains & Tradition s'unissent en juin 2019 pour créer cette filière dédiée aux céréales biologique­s de la région.
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