L’anomalie juive
Les communautés juives ont célébré, du 25 septembre au 18 octobre, d’importantes solennités religieuses. Le nouvel an, le grand pardon et la fête dite des «tentes».
Les nombreuses préparations nécessaires et le temps même de ces solennités m’ont rendu parfois indisponible pour participer à divers évènements et manifestations pour lesquelles j’avais été sollicité.
Pourtant, à aucuns moments mes interlocuteurs, du monde politique, associatif, institutionnel ou de simples particuliers, n’ont demandé à ce que je renonce, fut ce momentanément, à l’héritage ancestral du peuple juif afin de leur être agréable. Aucun d’entre eux ne m’a suggéré de rompre avec les règles ancestrales aux seules fin de plaire.
Cette attitude qui les honore m’a touchée. En effet, ils ont démontré ainsi que la singularité juive, c’està-dire, sa façon singulière de conjuguer le monde depuis deux mille ans, ne constitue pas une anomalie pour eux mais une expression de respect envers soi-même et envers autrui.
Ne pas renoncer à ce que l'on est
Autrement dit ils n’exigent pas du juif qu’il renonce à ce qu’il est, en s’affranchissant de son antériorité et de ses règles, afin d’être pris en exemple et célébré. Respecter autrui c’est accepter que la vérité de ce qu’il est ne réside pas dans le regard des autres: «plus tu me ressembles et plus je te respecte» est un déni de l’autre.
La promotion de la «diversité» et du «vivre ensemble» ne s’inscritelle pas dans ce respect ? Mes interlocuteurs n’ont pas exigé du juif qu’il conjugue le onde selon leurs propres cadres, ni de le lire avec leurs grilles de lecture afin qu’il puisse prétendre à une place dans l’histoire et s’inscrire dans la modernité.
Ce faisant ils ont fait leur cette sage formule de Paul Ricoeur: «La singularité des Juifs est pour nous tous la plus instructive». Qu’ils en soient de tout coeur remercié.