Luxemburger Wort

Le sacre du Swift en cinq questions

L’euphorie d’un titre amplement mérité ne doit pas occulter l’ampleur du chantier qui attend Hesperange à deux mois d’un début de campagne en Ligue des champions

- Par Christophe Nadin

Le temps des questions est arrivé à Hesperange qui doit se tourner rapidement vers l'échéance européenne qui l'attend. Le club doit se renforcer malgré l'impression d'aisance qu'il a dégagée en championna­t. Il doit aussi se restructur­er pour s'attaquer aux chantiers XXL qui se présentent. Tour d'horizon!

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Hesperange est-il un champion incontesta­ble?

Oui. Les chiffres disent beaucoup. Le Swift va probableme­nt placer la barre très haut dans 15 jours à l’heure de boucler la boucle avec la quasi-certitude de finir avec la meilleure attaque et la défense la moins perméable du championna­t. Le club du Holleschbi­erg n’a perdu qu’un match cette saison et a battu deux fois son rival le plus coriace, Dudelange, en attendant d’en découdre une seconde fois avec Niederkorn, auteur d’un deuxième tour de folie.

Il faut pourtant manier ces chiffres avec précaution et les replacer dans le contexte d’un championna­t qui a perdu en compétitiv­ité. L’écart entre les meilleurs et les moins bons ne cesse de s’accroître. Les points sont éloquents à cet égard. Trente-trois unités séparent le leader actuel du Racing, cinquième. Cette lutte des classes a profité à deux solistes qui se sont amusés comme des fous: Rayan Philippe, auteur de 30 buts et de 23 passes décisives et Dominik Stolz, qui a compilé 28 pions et 14 assists. Vertigineu­x! Hesperange disposait déjà des ressources nécessaire­s pour conquérir les lauriers la saison dernière. Le club s’était juste trompé d’architecte.

Les transferts ont-ils fait la différence par rapport à la saison dernière?

Non. Le bilan des transferts opérés à l’intersaiso­n et à la trêve hivernale n’est pas un flop total, mais un échec tout de même. Un seul joueur s’est imposé comme titulaire indiscutab­le: Bryan Nouvier, qui a profité de la position plus avancée de Stolz pour devenir un homme de transition. Négo Ekofo et Ricardo Delgado sont les deux autres à avoir fait le match pour débuter les rencontres. Le premier avec Roman Pierrard comme latéral droit, le second avec Kevin Malget en charnière centrale. C’est un peu maigre sur une douzaine de mouvements avec notamment, une recherche constante d’un numéro 9.

Mamadou Guirassy a quitté le club en cours de route comme Smail Morabit. Ryad Habbas a fait illusion quelques bouts de match avant de disparaîtr­e du paysage. Pas plus Maurice Deville que Lado Akhalaia n’ont répondu à l’attente. Moussa Seydi, que l’on peut aussi ranger dans la catégorie des ailiers, n’a pas convaincu non plus. Pascal Carzaniga a alors tranché dans le vif puisque Florik Shala ne parvenait pas à s’imposer et que Benjamin Mokulu avait déserté après le premier match. Il a installé Dominik Stolz en «faux 9». Une riche idée.

Le Swift est-il armé pour briller sur la scène européenne?

Non. Pas encore du moins. Le survol de la BGL Ligue ne dupe personne. Il y a des failles dans ce groupe et l’urgence commande de s’y attaquer au plus tôt, car le premier tour de la Ligue des champions, c’est dans deux mois. On vient d’évoquer l’absence de numéro 9 qui doit être comblée avec un ou deux transferts XXL pour peser sur la scène continenta­le. Il faudra aussi un peu plus de vitesse dans l’axe de la défense qui affiche une moyenne d’âge actuelle de 33 ans. Le poste de latéral droit interroge aussi. Ekofo et Pierrard n’ont pas les mêmes qualités. Il faudrait pourtant les combiner pour être plus compétitif.

Le coeur du jeu, dont on n’a peut-être pas assez souligné l’importance dans la conquête du titre, doit être renforcé avec un élément. L’associatio­n Clément Couturier-Mehdi Terki a été une réussite totale. Que va faire le capitaine la saison prochaine alors qu’il arrive en fin de contrat et qu’il n’a pas forcément l’oreille de l’état-major? Il faudra ensuite remplacer Rayan Philippe qui va se relancer dans le monde profession­nel. Bref, les chantiers grouillent.

Hesperange est-il assez structuré pour franchir un nouveau cap?

Non. Hesperange n’a plus de directeur sportif depuis qu’il a renvoyé Sofian Benzouien. La case est restée vide sur le site Internet du club. Henri Bossi, dont on n’a jamais vraiment cerné le profil de fonction, est parti lui aussi en cours de route. Le Swift vit pourtant comme une fourmilièr­e avec des gens qui s’activent de toutes parts les jours de match. Lehit Zeghdane est revenu sur le banc cette saison, Hakim Menaï est renseigné comme team manager sur le site du club et Ebrahim Bouazatti comme entraîneur de l’équipe réserve. David Zitelli reste le fidèle adjoint de Pascal Carzaniga et ne dépasse jamais ses fonctions.

L’entraîneur, lui, n’est pas profession­nel à 100 %. Peut-on l’imaginer étendre son rôle afin de superviser l’ensemble des mouvements qui se préparent tout en organisant un planning au millimètre pour l’avant-saison? Le flou artistique doit faire place et déboucher sur un organigram­me digne d’une structure profession­nelle. Il en va de l’avenir d’un club devenu la place forte du pays tout en renvoyant une image de joyeux bordel organisé.

Un exode est-il à envisager?

Non. Certains joueurs en fin de contrat vont partir. On pense notamment à Joao Teixeira. D’autres pourraient être prêtés. D’autres encore s’accommoden­t de cette situation qui les rejette en tribune, mais qui leur permet de bien gagner leur vie.

Les exigences continenta­les vont obliger le club à passer à l’action, mais la purge ne sera pas impression­nante au point de ramener le groupe à 26 ou 27 éléments, soit la taille idéale pour bien vivre une saison sur plusieurs tableaux. Pascal Carzaniga, sollicité par un autre club du haut de tableau, devrait honorer sa seconde année de contrat et s’armer de diplomatie pour faire cohabiter à nouveau tout ce beau monde.

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Foto: Stéphane Guillaume Les joueurs et les supporters fêtent ensemble le premier titre de champion de l'histoire du club.

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