Luxemburger Wort

Les artistes s'inspirent des sportifs d'élite

La transmissi­on des émotions dans l'art est venue rappeler par quels sentiments les compétiteu­rs sportifs allaient passer dans un peu plus de trois mois aux J.O. de Paris

- Par Christophe Nadin

Le Luxembourg a bien le droit d’avoir sa petite part de gâteau aussi. En attendant de voir passer la flamme olympique le 27 juin à Schengen, d’arrêter une sélection définitive qui comprendra une bonne dizaine d’athlètes et à défaut d’accueillir une compétitio­n, le pays a pu s’imprégner des odeurs des valeurs olympiques ce mercredi soir à l’Abbaye de Neumünster.

Le spectacle Air de Jeux s’est arrêté l’espace d’une soirée. Et même un peu plus puisque la compagnie Pérégrin’ avait déjà passé la frontière la veille pour initier quelques jeunes aux arts circassien­s. Des élèves de Sainte-Sophie, de St George’s et du Lënster Lycée se sont ainsi familiaris­és avec le breakdance, l’une des nouvelles discipline­s au programme des Jeux de Paris mais aussi avec la capoeira et les jonglages.

Baptême du feu internatio­nal

L’invitation envoyée par l’Institut français du Luxembourg en partenaria­t avec Neimënster et l’Associatio­n Victor Hugo a ensuite permis à la troupe française de présenter un spectacle déjà bien rodé puisqu’une cinquantai­ne de représenta­tions ont été données. «Je suis contente du bout de chemin déjà parcouru. Ce soir, c’était son baptême du feu à l’internatio­nal. On croise les doigts pour aller jusqu’à la centième», témoignait la metteuse en scène Lucie Calvet qui revient sur la genèse de cette idée. «Le documentai­re du décathloni­en français Kevin Mayer fut une source d’inspiratio­n. Les émotions par lesquelles il passait pendant une compétitio­n, ses doutes, ses failles, ses blessures, ses questionne­ments, son rapport à l’ego: le parallèle était évident avec la vie d’un artiste. Air de Jeux évoque donc cette rencontre entre la culture et le sport.»

Ce n’est pas la première fois que cette fusion s’opère. Au Luxembourg, on se rappellera toujours des exploits de Jean Jacoby aux compétitio­ns artistique­s des Jeux Olympiques. Une idée qui fit son chemin de 1912 à 1948. Pile dans la période où ce professeur de dessin excellait dans la réalisatio­n de motifs sportifs qui lui valurent deux médailles d’or en 1924 à Paris et quatre ans plus tard à Los Angeles. Des médailles de vermeil pour être plus précis.

L’art est aussi dans le geste. Dans le piaffer d’un cheval sur l’aire destinée au dressage, dans le cassé de l’archer qui vient de libérer sa flèche ou encore dans l’uppercut d’un boxeur pour la partie un peu plus brutale des Jeux. Des images qui pourraient rester gravées dans la mémoire d’une quarantain­e de jeunes du

Luxembourg qui iront à Paris grâce à l’Institut français labellisé Terre de Jeux.

Dans la Salle Robert Krieps, il ne fut pas question de violence. Encore que… Lorsqu’un athlète se blesse, ça cogne dans sa tête et ça convoque une bande-originale vue et revue chez les sportifs d’élite mais pas seulement. Le risque de chute hante aussi les artistes soumis à ce type de sacrifices pour être prêt le Jour J. Pour s’inscrire dans le temps aussi puisqu’un spectacle itinérant requiert endurance et souffrance. «On ne se rend pas assez compte de la préparatio­n d’un artiste, de sa rigueur. Lui aussi fonctionne par échéance. Il y a un mimétisme dans la temporalit­é et dans sa gestion de l’ego aussi.»

Les nouvelles discipline­s à l’honneur

Mercredi soir, six jeunes artistes ont proposé pendant 50 minutes une dizaine de tableaux qui rappelèren­t les valeurs de l’olympisme avec un accent tout particulie­r porté aux quatre nouvelles discipline­s choisies par le comité d’organisati­on de Paris 2024. Le breakdance, l’escalade, le skateboard et le surf vont ainsi faire

leur apparition dans la grande famille avant d’en ressortir aussitôt puisque chaque comité d’organisati­on opère un choix souvent en adéquation avec les forces en présence au pays ou à travers l’attractivi­té qu’une discipline peut représente­r aux yeux d’un jeune public.

A défaut de plan d’eau, il fallait deviner le surf à travers des ondulation­s de corps alors que l’escalade était symbolisée par des tissus aériens très utilisés par Alice et Gillian, deux des trois filles présentes sur scène pour la partie la plus spectacula­ire de la soirée. Les skates ont servi de passages de témoin parce que la transmissi­on fait aussi partie des valeurs de l’olympisme.

Le feu, lui, fut l’un des fils rouges de cette petite heure. Avec un premier tableau qui rappela aussitôt une scène vue il y a quelques jours à Olympie lorsque la flamme fut allumée. Le tout sur des musiques variées. On a reconnu Pomme et son «Je sais pas danser» en ouverture, les Red Hot Chili Peppers pour la partie rock, Ella Fitzgerald pour les férus de jazz et le Lacrimosa de Wolfgang Amadeus Mozart revisité dans une version électroniq­ue pour étendre à l’infini le spectre musical. Au chant, Aurélie a posé sa voix sur un ton juste. Sans en faire trop. Les trois garçons, eux, ont rivalisé de tonicité dans des figures parfois proches d’un exercice au sol à la gymnastiqu­e. Avec élégance, ils se sont aussi fondus dans des décors plus poétiques. L’auditoire bien rempli a semblé sous le charme de ces tableaux qui ont mis l’eau à la bouche sous le regard bienveilla­nt de la mascotte des Jeux.

: Au Luxembourg, on se rappellera toujours des exploits de Jean Jacoby aux compétitio­ns artistique­s des Jeux Olympiques.

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Photo: Anouk Antony Le feu, lui, fut l’un des fils rouges de cette petite heure. Avec un premier tableau qui rappela aussitôt une scène vue il y a quelques jours à Olympie lorsque la flamme fut allumée.

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