Luxemburger Wort

L'un va droit au titre, l'autre va droit dans le mur

Deux buts de classe internatio­nale ont sauvé un choc peu glamour qui a confirmé la solidité de Differdang­e et le malaise profond et permanent à Hesperange

- Par Christophe Nadin

Les mathématiq­ues empêchent souvent l’euphorie de se propager. Differdang­e ne sera pas titré la semaine prochaine. Ni sans doute celle d’après. Alors, le leader doit se contenter de ces instantané­s qui font le bonheur d’un vestiaire. Mais au fond d’euxmêmes et sans manquer de respect à quiconque, ils savent qu’ils y vont tout droit.

Que leur bilan comptable n’autorise que très peu d’extrapolat­ion délirante. Meilleure attaque de la compétitio­n, meilleure défense, 13 clean sheet, un brevet d’invincibil­ité à domicile: la liste est longue et non exhaustive.

Samedi, Differdang­e a définitive­ment écarté l’un de ses trois rivaux potentiels pour le sacre – Hesperange – pendant qu’un autre s’éliminait tout seul – Niederkorn. Il n’en reste plus qu’un, Dudelange. Et avec deux matchs à suivre après le derby de mercredi face à des équipes pour qui le championna­t est terminé, on voit mal une sortie de route soudaine des derniers vainqueurs de la Coupe de Luxembourg passés maîtres dans l’art de gérer une rencontre.

Deux exploits individuel­s

La maturité dont ce groupe fait preuve n’autorisera aucune effusion prématurée. Elle n’a pas non plus poussé l’équipe à la panique ce samedi dans un choc qui a tardé à se débrider. La faute peut-être à la peur de perdre. «Nous, nous pouvions vivre avec un point», disaient en choeur les Differdang­eois après le match.

Il fallait dès lors s’en remettre à un exploit individuel pour faire sauter le verrou. Il est venu du camp local lorsque Ludovic

Rauch, auteur d’une première feinte sur Clément Couturier, enroulait un ballon du droit en direction de la lucarne (1-0, 67e). Ce n’était ni mérité ni volé. Tout juste la traduction d’un supplément d’âme. En face, Wout de Buyser avait juste chauffé les gants d’un Romain Ruffier réduit au chômage jusque-là (65e) avant que Raphael Holzhauser ne fasse briller le gardien local sur un coup franc bien placé mais un rien gentillet (77e).

Le second coup d’éclat était encore local et l’oeuvre cette fois de Kenny Nagera, joker de luxe. Une relance de Ruffier, une déviation de la tête de Lucas Pruzzo et l’ancien joueur du PSG mystifiait Ricardo Delgado pour enrouler le ballon du droit (2-0, 78e). «C’est ma spéciale et je l’ai répétée toute la semaine à l’entraîneme­nt», confessait le second buteur du jour, déjà brillant à Schifflang­e dimanche dernier mais contraint de débuter sur le banc ce samedi.

La richesse de ce noyau est folle. Pas tellement en termes de pierres précieuses mais en joueurs protéiform­es capables de se fondre dans pas mal de rôles. Un contraste flagrant avec le bricolage opéré chaque semaine au Swift. Pour ce rendezvous crucial, Roland Vrabec avait enlevé Jérôme Simon et Roman Pierrard de l’équipe alors que Holzhauser et Bryan Nouvier se retrouvaie­nt remplaçant­s.

Nego Ekofo, qui n’affichait qu’un match de BGL au compteur cette année (le premier face à l’UT Pétange) débutait sur le côté droit alors que Karim Danté, pas assez clinique en transition, formait le binôme récupérate­ur au côté d’un Couturier écarté depuis deux semaines puis soudain rappelé pour cette échéance après avoir

joué en réserve lundi dernier. Un cirque permanent qui finit même par amuser quelques joueurs.

Absence totale de projet

Mais surtout une absence totale de projet sur la pelouse. Aucune percussion, un manque flagrant de présence dans les 16m et une insuffisan­ce de fluidité criante dans les enchaîneme­nts. Bref, un sabordage en règle à peine masqué par les discours de façade. «C’était un match fermé. On était bien dedans sans se créer d’occasions. Eux marquent sur leur première. C’est un peu le résumé de la saison. Le coach nous a dit à la pause de prendre un peu plus de risques car on n’était pas venu pour un match nul», pestait Wout de Buyser, l’un des moins mauvais Hespérange­ois que l’entraîneur a pourtant sorti avant la fin.

On a tellement envie d’aller jusqu’au bout. Geoffrey Franzoni, Differdang­e

En face, le taulier Geoffrey Franzoni ne boudait pas son plaisir. «On vit vraiment une saison exceptionn­elle. Il nous reste cinq matchs et on a tellement envie d’aller jusqu’au bout. Ce sont des émotions différente­s que celles que procure une Coupe de Luxembourg. Ici, on est fort mentalemen­t depuis le début de la saison. Mais on a aussi envie de poursuivre en coupe. De revivre le même moment que la saison dernière. Ne la mettons pas de côté. Ça reste un magnifique trophée.»

Niederkorn n’avait sans doute pas besoin de cet avertissem­ent pour prendre très au sérieux ce derby de mercredi qui revêt une importance encore plus capitale pour les Jaune et Noir qui limitent finalement les dégâts en championna­t puisque leur concurrent pour la troisième place a aussi perdu. Et si ça laissait des regrets à la Jeunesse?

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 ?? ?? Clément Couturier trébuche. Ludovic Rauch n‘en demandait pas tant. Le milieu de terrain differdang­eois a ouvert le score samedi à Oberkorn.
Clément Couturier trébuche. Ludovic Rauch n‘en demandait pas tant. Le milieu de terrain differdang­eois a ouvert le score samedi à Oberkorn.
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Photos: Christian Kemp Ça plane pour Kenny Nagera et Jorginho! Differdang­e a donné une leçon de réalisme à Hesperange.

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