L'un va droit au titre, l'autre va droit dans le mur
Deux buts de classe internationale ont sauvé un choc peu glamour qui a confirmé la solidité de Differdange et le malaise profond et permanent à Hesperange
Les mathématiques empêchent souvent l’euphorie de se propager. Differdange ne sera pas titré la semaine prochaine. Ni sans doute celle d’après. Alors, le leader doit se contenter de ces instantanés qui font le bonheur d’un vestiaire. Mais au fond d’euxmêmes et sans manquer de respect à quiconque, ils savent qu’ils y vont tout droit.
Que leur bilan comptable n’autorise que très peu d’extrapolation délirante. Meilleure attaque de la compétition, meilleure défense, 13 clean sheet, un brevet d’invincibilité à domicile: la liste est longue et non exhaustive.
Samedi, Differdange a définitivement écarté l’un de ses trois rivaux potentiels pour le sacre – Hesperange – pendant qu’un autre s’éliminait tout seul – Niederkorn. Il n’en reste plus qu’un, Dudelange. Et avec deux matchs à suivre après le derby de mercredi face à des équipes pour qui le championnat est terminé, on voit mal une sortie de route soudaine des derniers vainqueurs de la Coupe de Luxembourg passés maîtres dans l’art de gérer une rencontre.
Deux exploits individuels
La maturité dont ce groupe fait preuve n’autorisera aucune effusion prématurée. Elle n’a pas non plus poussé l’équipe à la panique ce samedi dans un choc qui a tardé à se débrider. La faute peut-être à la peur de perdre. «Nous, nous pouvions vivre avec un point», disaient en choeur les Differdangeois après le match.
Il fallait dès lors s’en remettre à un exploit individuel pour faire sauter le verrou. Il est venu du camp local lorsque Ludovic
Rauch, auteur d’une première feinte sur Clément Couturier, enroulait un ballon du droit en direction de la lucarne (1-0, 67e). Ce n’était ni mérité ni volé. Tout juste la traduction d’un supplément d’âme. En face, Wout de Buyser avait juste chauffé les gants d’un Romain Ruffier réduit au chômage jusque-là (65e) avant que Raphael Holzhauser ne fasse briller le gardien local sur un coup franc bien placé mais un rien gentillet (77e).
Le second coup d’éclat était encore local et l’oeuvre cette fois de Kenny Nagera, joker de luxe. Une relance de Ruffier, une déviation de la tête de Lucas Pruzzo et l’ancien joueur du PSG mystifiait Ricardo Delgado pour enrouler le ballon du droit (2-0, 78e). «C’est ma spéciale et je l’ai répétée toute la semaine à l’entraînement», confessait le second buteur du jour, déjà brillant à Schifflange dimanche dernier mais contraint de débuter sur le banc ce samedi.
La richesse de ce noyau est folle. Pas tellement en termes de pierres précieuses mais en joueurs protéiformes capables de se fondre dans pas mal de rôles. Un contraste flagrant avec le bricolage opéré chaque semaine au Swift. Pour ce rendezvous crucial, Roland Vrabec avait enlevé Jérôme Simon et Roman Pierrard de l’équipe alors que Holzhauser et Bryan Nouvier se retrouvaient remplaçants.
Nego Ekofo, qui n’affichait qu’un match de BGL au compteur cette année (le premier face à l’UT Pétange) débutait sur le côté droit alors que Karim Danté, pas assez clinique en transition, formait le binôme récupérateur au côté d’un Couturier écarté depuis deux semaines puis soudain rappelé pour cette échéance après avoir
joué en réserve lundi dernier. Un cirque permanent qui finit même par amuser quelques joueurs.
Absence totale de projet
Mais surtout une absence totale de projet sur la pelouse. Aucune percussion, un manque flagrant de présence dans les 16m et une insuffisance de fluidité criante dans les enchaînements. Bref, un sabordage en règle à peine masqué par les discours de façade. «C’était un match fermé. On était bien dedans sans se créer d’occasions. Eux marquent sur leur première. C’est un peu le résumé de la saison. Le coach nous a dit à la pause de prendre un peu plus de risques car on n’était pas venu pour un match nul», pestait Wout de Buyser, l’un des moins mauvais Hespérangeois que l’entraîneur a pourtant sorti avant la fin.
On a tellement envie d’aller jusqu’au bout. Geoffrey Franzoni, Differdange
En face, le taulier Geoffrey Franzoni ne boudait pas son plaisir. «On vit vraiment une saison exceptionnelle. Il nous reste cinq matchs et on a tellement envie d’aller jusqu’au bout. Ce sont des émotions différentes que celles que procure une Coupe de Luxembourg. Ici, on est fort mentalement depuis le début de la saison. Mais on a aussi envie de poursuivre en coupe. De revivre le même moment que la saison dernière. Ne la mettons pas de côté. Ça reste un magnifique trophée.»
Niederkorn n’avait sans doute pas besoin de cet avertissement pour prendre très au sérieux ce derby de mercredi qui revêt une importance encore plus capitale pour les Jaune et Noir qui limitent finalement les dégâts en championnat puisque leur concurrent pour la troisième place a aussi perdu. Et si ça laissait des regrets à la Jeunesse?