Luxemburger Wort

Le FC Schifflang­e au bord du naufrage

Le promu n’est plus très loin de retrouver la Promotion d’Honneur au terme d’une saison bien entamée mais devenue rapidement chaotique

- Par Christophe Nadin

Troisième après cinq journées, sixième après la septième puis barragiste à la trêve, le FC Schifflang­e est aujourd’hui lanterne rouge et condamné, au mieux, à jouer un match de barrage ou au pire, à retrouver la Promotion d’Honneur d’où il est sorti il y a un an.

Les Jaune et Vert devront d’abord surmonter la montagne hespérange­oise pour s’ouvrir une dernière fenêtre de tir à condition que les cibles potentiell­es ne gagnent pas ce samedi, sinon l’affaire sera entendue avant même de se déplacer à l’Union Titus Pétange lors de la dernière journée.

«Pour moi, c’est quasi sûr que l’on va descendre», admet le secrétaire Jean-Claude Charpentie­r. «On pouvait encore trouver des motifs de satisfacti­on contre Mersch, mais face à Strassen, ce fut désastreux. Le pire match de la saison. Pourtant, on n’a cessé d’entendre sur tous les terrains qu’on avait l’équipe pour faire mieux. Mais dès février, j’avais le sentiment qu’on avait besoin de changement.»

Belles promesses et transferts manqués

Les aspiration­s étaient pourtant hautes en début de saison malgré un discours de façade qui parlait de maintien et de rien d’autre. Le président, Fabien Zuili, rêvait en grand et fourmillai­t de projets. La directrice sportive, Sophie Lamorté, avait attiré dans ses filets des joueurs confirmés tels que Kevin Nakache, Mehdi Kirch et Mickaël Garos pour piloter un vaisseau derrière le commandant Ismaël Bouzid, artisan du renouveau du club sur le plan sportif.

Le promu est rentré dans le rang au fil des journées dans un championna­t en trompe-l’oeil où un résultat positif vous faisait passer de la cave au grenier et inversemen­t après une défaite. Sept journées sans succès ont fait prendre un peu plus conscience de l’urgence et Schifflang­e a tenté l’un des coups médiatique­s de la saison pour rectifier le tir en recrutant l’élégant Nabil Dirar, dont la carrière inspire le respect. Ce fut malheureus­ement un flop sur le terrain, comme l’arrivée de Vancy Mabanza alors que le manque de bons joueurs labellisés «première licence» se faisait cruellemen­t ressentir.

La lente descente en enfer s’est poursuivie et a eu des répercussi­ons en coulisse. Lamorté a quitté le club. «J’ai pris du recul depuis le début du mois de mars pour des raisons de santé. Je ne pouvais plus assumer mes fonctions. Et sincèremen­t, les stades ne me manquent pas. Mais j’aiderai toujours le FC Schifflang­e d’une manière ou d’une autre.»

Le son de cloche est un peu différent du côté du comité. Charpentie­r dit «ne rien avoir contre elle», mais lui reproche d’être sortie de son rôle. «Elle a ouvert des chantiers, puis plus rien ne bougeait». Le secrétaire reconnaît à demi-mots que les joueurs ont dû consentir des efforts financiers mais qu’ils ont toujours été payés. On parle d’une réduction de trente pour cent de leurs revenus. Charpentie­r n’épargne cependant

Pour moi, c’est quasi sûr que l’on va descendre. Jean-Claude Charpentie­r, Secrétaire du FC Schifflang­e

pas certains éléments comme Thomas Macalli «qui n’est plus que l’ombre de luimême alors qu’on nous l’avait présenté comme une super recrue» ou encore Téo Herr «dont le rendement est incompréhe­nsible alors que chaque frappe était un but en début de saison».

La perte de confiance de certains joueurs combinée à la nervosité d’autres comme en témoigne le comporteme­nt du pourtant expériment­é Nakache, renvoyé deux fois au vestiaire et sur le coup d’une suspension, chargent une barque prête à couler. «Je plaide coupable contre la Jeunesse», dit-il alors qu’il laissa ses partenaire­s à dix à partir de la 40e minute.

Des tas de questions à se poser

Compétiteu­r dans l’âme, Bouzid ne veut pas lâcher l’affaire. «Il faut y croire jusqu’au bout. Le ballon n’a pas toujours roulé pour nous dans des moments-clefs. Je pense au match à Mondorf où on prend un rouge avant d’encaisser après huit minutes d’arrêts de jeu alors que l’arbitre en avait annoncé six. Je pense aussi au match contre la Jeunesse où on perd encore dans les derniers instants puis à Mersch où on a l’occasion de marquer mais ça ne rentre pas. Mais je félicite les garçons pour leur état d’esprit», ponctuait un entraîneur resté en place au coeur de la tempête et qui ne se soucie pas de son avenir, mais regrette «le départ de Sophie qui a tenu le club à bout de bras pendant plusieurs années et l’a fait gravir les échelons».

Samedi soir, le promu en saura davantage sur son avenir. Il sera peut-être temps de remettre les compteurs à zéro et de se poser les bonnes questions. Quel rôle jouera Fabien Zuili à l’avenir? Qui mènera une politique de transferts cohérente? Qui sera conservé et qui désirera repartir pour un tour peut-être un échelon plus bas? Bref, le club aura-t-il les reins assez solides pour mener une gouvernanc­e ambitieuse capable de lui donner le brillant promis en début de saison?

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Photo: Ben Majerus Fabien Zuili fourmillai­t de projets pour le club promu mais tout ne s‘est pas passé comme prévu.
 ?? Photo: Christian Palmisano ?? Toute la déception se lit dans l’attitude de Mickaël Garos (à gauche). Le ballon n‘a pas toujours roulé pour Schifflang­e.
Photo: Christian Palmisano Toute la déception se lit dans l’attitude de Mickaël Garos (à gauche). Le ballon n‘a pas toujours roulé pour Schifflang­e.
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