Des artistes de renommée mondiale en exposition
Ouverte en décembre dernier, la Galerie 1,242 SouthEast à Mon Trésor dans le sud de l’île commence à faire parler d’elle notamment pour la qualité des oeuvres exposées mais aussi pour son souci d’innovation. Ainsi, Zemba Luzamba, un Congolais d’origine qui vit en Afrique du Sud, est venu rejoindre la quinzaine d’artistes déjà présents. Impressionnant par le réalisme de ses huiles, il s’est déjà fait un nom en Europe à l’instar de Botalatala et de Freddy Tsimba que nous vous présentons également.
Zemba Luzamba est né en 1973 en République démocratique du Congo. Après avoir étudié à Lusaka en Zambie, il s’est installé en Afrique du Sud en 2000. Privilégiant la peinture à l’huile, il se spécialise dans les oeuvres très réalistes montrant le quotidien des gens. On note l’absence de repère géographique et de notion de temporalité s’opposant au réalisme des personnages. C’est une mise en avant d’un geste de la vie quotidienne, d’un geste simple qui pose des interrogations sur le mode de vie, sur le temps qui passe. En renvoyant au spectateur le choix de l’interprétation de la toile, Zemba veut communiquer avec lui. C’est peut- être ce qui explique le succès de cet artiste dont les oeuvres ont déjà été largement exposées. Freddy Tsimba est un artiste déroutant qui travaille à partir des déchets comme les capsules qu’il récupère dans les nganda ( bars de Kinshasa) et les cuillères et fourchettes qu’il rachète des enfants de rues. Il utilise aussi des douilles et des cartouchières récupérées, en se déguisant en simple d’esprit dans des zones de guerres. Parmi les créations de Freddy Tsimba, ce sont ses « silhouettes
effacées » qui frappent – des troncs d’hommes, de femmes et d’enfants nés de la soudure de ces objets collectés dans sa ville et ailleurs. Sa démarche est militante, tentant de confronter l’homme aux dégâts qu’il cause. On trouve beaucoup de femmes dans ses sculptures. Dans une déclaration au journal Le Monde, il expliquait cela en déclarant vouloir « soigner la mort » . « Les femmes dans mes oeuvres, c’est la vie que je cherche à scander à travers elles, à travers ces éléments de récupération qui dorment, jetés, qui ont tué. Je cherche à soigner la mort. Par elles, c’est la résurrection. La femme incarne la vie, c’est aussi elle qui souffre le plus dans les moments de guerre [] » Freddy Tsimba a déjà exposé en Belgique, au Canada, en Chine, en France, en Allemagne et en Afrique du Sud, entre autres pays. Un autre artiste travaille également à partir des déchets, Botalatala, autoproclamé « Ministre des Poubelles » . Il crée des oeuvres d’art à partir de déchets qu’il sculpte et intègre dans des compositions collées sur des panneaux de bois ou de carton peints de sa main. « Le terrorisme : un virus à combattre ou le reflet de soi- même ? » : le titre de cette oeuvre éclaire l’approche de l’artiste. Chaque composition est l’aboutissement d’un processus de réflexion profonde, lente et patiente, porteuse de multiples sens. Botalatala « court
derrière l’actualité » , mais en réalité il la précède, l’analyse, anticipe le devenir du monde, pose des questions et force des propositions, provoque le débat, simplifie les questions majeures en traçant un chemin de réflexion complexe parce qu’humain, refuse de trancher le noeud gordien des thèmes posés à plat, interpelle depuis la Cité de Kinshasa. L’habitant Ministre tourmenté crée de l’espoir dans ce rejet de poubelles, et nous recevons le choc de plein fouet, sans autre choix que de réfléchir avec lui. Il a été exposé en RDC, en Belgique, en Angleterre. Un film consacré à Botalatala sort en salle en Europe début juin. La galerie 1,242 South- East organisera une exposition Botalatala à Maurice en juin 2017. Pour rappel, la galerie est ouverte du mardi au samedi, de 10 à 17 heures. Pour s’y rendre, rien de plus facile, il suffit de suivre les flèches après le Holiday Inn de l’aéroport. Ce sera un excellent arrêt lors d’une excursion dans le sud historique de l’île, berceau de la colonisation et théâtre de la fameuse bataille de Grand Port. Notons que la galerie est en exposition temporaire au musée Blue Penny à Port- Louis depuis le 13 avril et ce jusqu’au 13 mai.