- Littoral sud : Beauté sauvage et envoûtante
On dit de la côte sud de Maurice qu’elle est sauvage. Exposé directement aux houles de l’océan Indien, le littoral a été, de tout temps, négligé et peu habité. La construction de quelques établissements hôteliers autour de Bel Ombre au début des années 2000 a apporté un nouveau regard sur cette région et rappelé qu’elle regorge de sites touristiques et environne - mentaux. Entre Bel Ombre et Souillac, il y a moins de douze kilomètres mais des coins et recoins à explorer qu’une journée ne suffirait peut- être pas à découvrir. En route. Ancien village sucrier, Bel Ombre vit aujourd’hui principalement des activités liées à la pêche et au tourisme. L’ancien moulin est toujours là et fait le lien entre ce passé riche, ancré dans la terre et la montagne, et le présent tourné vers le littoral. Il est la porte d’entrée vers les établissements hôteliers. De l’autre côté du chemin, le château de Bel Ombre est un bel exemple de maison créole et de la vie sur les plantations d’autrefois alors que derrière cette belle demeure, commence le Domaine de Frédérica, une réserve naturelle privée qui peut se visiter ( voir plus loin). En continuant vers Souillac, on passe sur une belle allée bordée de cocotiers, assez rare sur nos routes au bord desquelles on trouve surtout des flamboyants. Puis le chemin devient sinueux avant d’arriver à la Baie de Jacotet, qui offre un beau spot pour les surfeurs. Ce site fut le théâtre de la première tentative infructueuse des Anglais de prendre l’île en 1810. L’Îlot Sancho qui garde la baie est aussi célèbre pour avoir supposément abrité des pirates et des corsaires, ce qui a donné naissance à de nombreuses légendes sur des trésors cachés. Si aucun trésor n’a pu être trouvé, l’île possède quelques ruines témoignant de son utilisation comme poste de surveillance. L’île regorge également d’arbustes fruitiers donnant la « pomme jacquot » .
À quelques dizaines de mètres de là, débute la plage de Rivière des Galets, unique à Maurice pour son tapis de pierres polies par leur voyage dans la rivière du même nom et rejetées par les vagues sur le littoral. Étonnamment, Riambel, à peine un kilomètre plus loin, offre une belle plage de sable immaculé. Cette partie de la côte semble privilégiée car juste après, Souillac est battu par les vagues déchaînées de la mer australe.
Vicomte de Souillac
Ce côté exclusif de Riambel a donné lieu à un site intriguant, un vortex énergétique. Mis en activation le 31 juillet 2007, il est le premier de 14 centres similaires tenus par l’association des Travailleurs de l’Amour ( TDA) ( cela ne s’invente pas). Il s’agit d’un espace, ou plutôt d’un tunnel qui, selon les membres de l’association, est « unique en ses vibrations et vertus » , « le but de ces vortex corres -
pon dant principalement à la guérison tant physique que spirituelle » . Ce qui est certain, le centre, situé en pleine nature sur 4 500 m ² ouvert à tous, est un excellent endroit pour se recueillir et méditer. Juste après, à droite toujours, à 200 m de la route de Savane, un chemin mène vers le cimetière marin de Souillac. Battu par les flots, il offre une vue imprenable sur une partie du village du même nom, tous deux baptisés après le Vicomte de Souillac. On y retrouve les tombes de plusieurs personnalités dont le grand poète mauricien, Robert Edward Hart. Le cimetière préfigure du cachet historique du village qui se trouve en fait de l’autre côté du bras de mer. Avant d’y entrer, faisons un tour au site incontournable des chutes de Rochester. On y accède soit par le village de Surinam ( prendre à gauche sur la route de Savane) ou à gauche après le pont qui enjambe le bras de mer. Il faut parcourir quelque trois kilomètres à travers les champs de canne pour y accéder mais le lieu vaut le déplacement. Le cours d’eau dévale le long de coulées de lave datant de plusieurs milliers d’années qui se sont cristallisées en forme de colonnes. L’eau est projetée en milliers de gouttes offrant un spectacle visuel saisissant. Le nom du lieu est celui du domaine sur lequel il est situé et provient d’un personnage du roman « Jane
Eyre » de Charlotte Brontë, publié en 1847, date à laquelle le domaine fut baptisé. Plusieurs villes d’Angleterre portent également ce nom.
Robert Edward Hart
On descend ensuite vers le village, chef- lieu du district de Savane, pour s’arrêter au Batelage. Restauré il y a quelques années grâce au jumelage avec la ville de Souillac en France, ce lieu témoigne de l’importance de l’endroit dans l’histoire du pays et rend hommage à celui qui lui a donné son nom, François Vicomte de Souillac. Gouverneur général de l’île entre 1779 et 1787, il fonda Port Souillac. Immensément populaire, il réclama l’abrogation des lois inhumaines contre les esclaves. Toutefois, il quitta l’île sans fortune et mourut pauvre dans son château de Bardou en France. Les travaux entrepris par le vicomte permirent une grande activité portuaire car la communication à l’intérieur des terres étant encore difficile, les denrées, le bois et le sucre étaient acheminés jusqu’à Port Louis sur des barques. Mais vers 1825, le niveau de l’eau baissa considérablement et n’accueillit plus que des pirogues de pêcheurs. Le toponyme perdit dès lors son préfixe et sera connu comme Souillac.
Autre point historique du village, l’ancienne gare ferroviaire reconvertie en bureau de poste. Le bâtiment est plutôt bien conservé alors qu’en face, l’ancienne magistrature tombe tristement en ruines même si un panneau du ministère du Tourisme signale son importance passée. Un peu plus loin, on arrive devant la NEF, maison du cher poète mauricien et personnage iconique de Souillac, Robert Edward Hart. Le lieu fut transformé en musée. Construite en corail, la demeure y a gardé tout son charme. On y retrouve, outre les objets chers au barde, l’ambiance d’autrefois empreinte de rusticité et de simplicité. Il est vrai que Robert Edward Hart était riche de ses mots mais aussi du bonheur de vivre dans un lieu exposé à la grandeur de l’océan. Cette impression, le visiteur la revit à Gris- Gris face à la fureur des flots qui, depuis des siècles, se déchaînent inlassablement contre les falaises inspirant à la fois envoûtement et peur. À quelques centaines de mètres plus loin, la Roche qui Pleure offre un spectacle encore plus saisissant avec des vagues qui donnent vie à la pierre en lui prêtant des larmes de pierres qui se forment au retrait des vagues. La roche a aussi une autre vie, celle du poète Robert Edward Hart dont le profil semble y avoir été sculpté comme un hommage éternel à son talent. Une sculpture naturelle qui ajoute à la beauté majestueuse des lieux.
Une des photos emblématiques de mon travail, mon premier livre « Lions » . En effet en 1976, je pars vivre pendant 3 ans dans la réserve du Massaï Mara au Kenya accompagné de mon épouse, Anne, avec qui je réaliserai une étude sur le comportement d’une famille de lions. Pour compléter et consigner les observations écrites, très vite je vais faire appel à la photographie car je me suis aperçu que cela donnait un autre sens à notre travail. La photo apportait une information différente que le texte ne donnait pas. C’est à cette époque que j’ai compris que je devenais un photographe à part entière.