La bonne formule
Les chiffres des arrivées touristiques pour les six premiers mois de l’année montrent une progression de 6,3 % par rapport à la même période l’année dernière. Et même s’il est illusoire de croire que nous pourrons avoir encore une croissance à deux chiffres pour 2017, il est raisonnable de penser que les 8 % sont largement atteignables. La bonne santé du secteur du tourisme se confirme et cela devrait continuer quelques années nous confie JeanLouis Pismont dans un entretien à Côte Nord. Plusieurs raisons à cela, explique le président de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’île Maurice ( Ahrim) citant nommément « la dynamique de l’accès aérien et un climat sécuritaire qui joue en notre faveur » .
En cette année où notre compagnie d’aviation nationale fête ses 50 ans d’existence, il est important de souligner son rôle dans la promotion et le développement de la destination. Le ministre du Tourisme, Anil Gayan, qui s’exprime aussi dans nos colonnes, rappelle le soutien d’Air Mauritius au secteur en particulier quand beaucoup de compagnies avaient cessé de desservir Plaisance. Il est réconfortant, néanmoins, de voir qu’elle ne bénéficie ( plus) d’un régime surprotectionniste au détriment des autres compagnies. Cela aurait été une aberration dans le modèle économique actuel. En sus d’une offre grandissante dans la desserte aérienne, l’autre élément clé qui incite les voyageurs à préférer Maurice à des destinations plus proches de l’Europe et sans doute moins chères, c’est la sécurité. Le ministre assure que « toutes les précautions sont prises à l’aéroport tant à l’arrivée qu’au départ » et que des conseils ont été donnés « dans les hôtels sur l’importance de plus de caméras de surveillance » . Anil Gayan évoque également la nécessité « d’avoir plus de lumière dans le pays particulièrement là où il y a une congrégation de touristes, autour des hôtels, des restaurants et des centres d’animation car la lumière est une dissuasion pour ceux qui ont de mauvaises intentions » . Jean- Louis Pismont assure que les hôteliers sont « à l’écoute de ce que les autorités [ nous] conseillent en matière sécuritaire locale mais aussi internationale » et ajoute que de leur côté « des séminaires sur les sujets » ont été organisés de façon discrète « avec l’aide d’une ambassade » .
Cette convergence des autorités et des acteurs économiques du tourisme sur la question sécuritaire est une indication des excellentes relations qui existent entre ces deux partenaires indispensables. C’est aussi une des explications qui fait que la destination Maurice est forte.
Le changement à la tête du ministère du Tourisme en début d’année n’a en rien changé la politique gouvernementale. Bien au contraire, affirme Anil Gayan, qui souhaite même faire mieux que son prédécesseur. Déjà en organisant les Assises du Tourisme, il a réussi à mettre autour d’une même table la majorité de tous les acteurs de ce secteur, une assemblée assez disparate au vu des intérêts de chacun. Cette réunion, qui n’était que le début d’une série de rencontres, confirme la volonté du ministre de gouverner dans le dialogue et de rester à l’écoute des préoccupations diverses.
On veut bien le croire alors quand il répond aux inquiétudes de l’Ahrim sur un projet d’aquaculture dans l’ouest du pays. Tout en prévenant contre tout alarmisme démesuré, Anil Gayan soutient qu’il est conscient des répercussions d’un tel projet sur le tourisme si les craintes formulées de part et d’autre devaient s’avérer. Il a donné la garantie que ce projet ne se fera pas si d’aventure le rapport d’impact environnemental, qui se fait à la fois en tenant compte des inquiétudes formulées mais aussi des recherches scientifiques, devait soutenir des risques liés au secteur touristique.
On ne peut que souhaiter que ce discours continue de prévaloir. Car un autre atout de la destination est aussi cette valeur de tolérance, d’écoute et de dialogue que nous avons précieusement gardée. La formule de la réussite du tourisme mauricien tient aussi en cela.