Travel-Iles by Côte Nord

- Maurice, nouveau paradis pour Hollywood

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À Pamplemous­ses, près de l’hôpital SSRN, dans l’enceinte abritant le centre de dialyses, quelques bâtiments en ruines témoignent d’une autre histoire des lieux. Connu comme le Moulin à poudre, le lieu reste inconnu au grand public. De quel moulin s’agissaitil ? Quelle poudre y fabriquait- on ? Grâce au travail des professeur­s Vijaya Teelock et Jayshree MungurMedh­i et des étudiants de l’Université de Maurice, aidés par le Mauritius Research Council et d’autres institutio­ns, un pan de notre histoire vient d’être dévoilé et l’on apprend que ce site était unique non seulement dans l’océan Indien mais dans tout l’empire colonial français. Des découverte­s qui augurent d’un bel avenir pour ce site qui pourrait devenir un des parcours culturels et touristiqu­es de l’île. L’équipe de chercheurs a commencé ses travaux en 2015 sur ce site de 22 arpents selon une approche multidisci­plinaire combinant des recherches aux archives, des relevés archéologi­ques, des documen - tations architectu­rales et des techniques de relevés topographi­ques. Les fouilles réalisées entre 2016 et 2017 ont permis de mettre à jour des structures et des faits peu connus comme les Forges de Mon Désir ( pré 1774) ou un temple bouddhiste pour des prisonnier­s srilankais ( 1830). Il faut savoir que le Moulin à poudre fabriquait de la poudre à canon pour l’utilisatio­n de l’armée française dans le cadre du commerce

des esclaves et pour les batailles contre les Anglais notamment. L’île de France était alors la seule colonie française à fabriquer de la poudre. Le premier moulin fut construit à Balaclava mais il explosa en 1756. C’est alors que les Forges de Mon Désir furent choisies pour un emplacemen­t plus sûr. La sécurité du site fut assurée par un fils du sol, l’ingénieur Joseph François Cossigny. Il n’explosa jamais témoignant de son génie. Inauguré en 1775, il restera en service jusqu’à la prise de l’île par les Anglais en 1810. Selon le Dr Teelock et Mme Mungur Medhi, il est intéressan­t de noter que des esclaves furent employés comme ouvriers au Moulin. Ils étaient au nombre de 19 dont 11 enfants apprentis. Ils habitaient dans le Camp des Noirs sur le site. Des fouilles ont permis de trouver des fondations de leurs cases. Leur présence peut paraître étonnante en raison de la nature du travail car ils auraient pu utiliser la poudre à des fins insurrecti­onnelles. À noter que les esclaves du gouverneme­nt étaient rémunérés. Le site était fortifié et une grande partie du mur d’enceinte est toujours là même si des malfaiteur­s n’ont pas arrêté de piller le lieu pour enlever des pierres, utilisées de plus en plus dans des constructi­ons comme éléments décoratifs. Il faut comprendre que la plupart des structures propres au moulin ont aujourd’hui disparu, objets de pillards ou autres déprédateu­rs. Les structures visibles à l’entrée sont des bâtiments administra­tifs, atelier et résidence des officiers. Après la prise de l’île, les Anglais ont converti le Moulin à pulvériser, où le charbon, le souffre et le salpêtre étaient mélangés, en une prison pour des prisonnier­s politiques dont les plus fameux furent des chefs sri- lankais. 30 d’entre eux furent amenés là, dont le plus célèbre, le prince Ehelepola. S’il a joui du confort d’une petite maison, ses servantes furent installées dans les cellules. On a pu découvrir également les restes d’un temple bouddhiste construit à leur intention. Le site garde aussi les traces de nombreux canaux qui servaient à apporter l’eau nécessaire pour faire tourner les moulins. Quant aux bâtiments administra­tifs, les Anglais les ont utilisés à partir de 1859 comme un orphelinat qui abrita à son apogée, plus de 250 enfants, principale­ment des descendant­s d’immigrés indiens. Le nombre diminua au fil des années et au début du XXe siècle l’orphelinat fut converti en un asile pour les lépreux. Selon le Dr Teelock, beaucoup reste à faire pour redonner au lieu toute son importance historique et des fonds devraient être trouvés pour continuer les travaux. Mais le jeu en vaut la chandelle. Une fois réhabilité, le Moulin à poudre devrait être converti en un lieu de mémoire et un musée pouvant attirer Mauriciens et voyageurs étrangers.

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 ??  ?? Les cellules des prisonnier­s srilankais.
Les cellules des prisonnier­s srilankais.
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Un ancien aqueduc apportant l’eau au moulin.

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