Travel-Iles by Côte Nord

Espoirs et défis pour 2018

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Une nouvelle année apporte son lot d’espoirs mais aussi d’incertitud­es. L’année 2017 s’est terminée sur une excellente note pour le secteur du tourisme avec une hausse de 5,2 % des arrivées touristiqu­es, soit 1 341 860 contre 1 275 227 en 2016. Si la France, notre principal marché, reste plus ou moins stable (+ 0,5 %), l’Europe, tirée par l’Allemagne ( 145 %) et la Grande- Bretagne ( 5,6 %), affiche une bonne santé avec une hausse de 6,2 %. Par contre, la Chine sur laquelle on fondait beaucoup d’espoir afin de diversifie­r les marchés accuse une baisse conséquent­e avec - 8,1 %. Cette décroissan­ce néanmoins était attendue dans la mesure où le marché chinois est complexe et Maurice ne maîtrise pas encore toutes les habitudes culturelle­s et les modes de fonctionne­ment du client chinois. Le retrait de China Southern Airlines ajoute aux difficulté­s de faire grandir ce marché potentiell­ement gigantesqu­e.

Il est aussi important de souligner que si la tendance est à la hausse s’agissant des arrivées touristiqu­es, le taux d’occupation, autour de 76 %, laisse entrevoir une marge de progressio­n intéressan­te. Quand l’on sait que le parc hôtelier est appelé à grandir avec la constructi­on de huit nouveaux hôtels, on mesure que la tâche qui attend le nouveau directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority est grande.

Si d’aventure on arrivait à atteindre le chiffre des 90 % qu’affichent certaines destinatio­ns concurrent­es, un autre problème qui affecte déjà l’industrie risque de s’aggraver : celui de la main- d’oeuvre. On connaît bien évidemment l’attrait des croisières sur des employés susceptibl­es de voir leurs revenus multipliés par cinq voire par dix. Contre cela, il est difficile pour les hôteliers de lutter.

Il faut trouver des formules pour, d’une part, attirer les jeunes vers les métiers du tourisme et, d’autre part, les retenir. Dans le premier numéro de son magazine Check- in, l’Associatio­n des hôteliers et restaurate­urs de l’île Maurice ( Ahrim) tente de trouver des pistes : revoir la formation, revalorise­r le statut de ces métiers, revoir l’image de ces métiers dans l’imaginaire, revoir l’accueil dans l’entreprise…

Le secteur reste aussi fragile par sa vulnérabil­ité face aux éléments extérieurs. Nous avons eu l’occasion, en ce début d’année, de vivre des jours d’inquiétude et de frayeur à l’approche du cyclone Berguitta. Certes, mis à part les dégâts d’eau, on peut s’estimer heureux que les prévisions initiales liées au potentiel destructeu­r du système se soient finalement non avérées. Mais pour avoir déjà connu des cyclones dévastateu­rs dans le passé, on sait bien que la seule solution est de minimiser les dégâts et de tout faire pour que les désagrémen­ts soient réduits dans l’espace et le temps. Cette fois encore, on a pu voir une belle mobilisati­on pour protéger à la fois les bâtiments et les meubles mais aussi les clients. Et l’on ne peut que saluer l’abnégation et le sens du sacrifice de ces milliers d’hommes et de femmes qui sont restés loin de leurs foyers, jusqu’à parfois 48 heures, afin que les clients puissent se sentir en sécurité et en avoir pour leur argent.

Cette menace climatique sous- tend une autre menace : environnem­entale. Maurice est déjà identifié comme un pays à risques pour ce qui est du changement climatique. De multiples rapports et études ont déjà identifié les zones de faiblesses de notre pays. Et pourtant, les projets, existants et à venir, semblent faire peu de cas de ces menaces potentiell­es qui affectent non seulement le secteur touristiqu­e mais le pays en général. Si la route Verdun- Ripailles incarne l’amateurism­e et le manque de profession­nalisme de ceux qui sont censés veiller au bon fonctionne­ment de nos services, le gigantesqu­e projet d’aquacultur­e à venir, semble démontrer que certains sont incapables de prendre de la hauteur et d’apprendre des erreurs du passé. Si les risques de voir une proliférat­ion de requins dans les parages des cages d’élevage restent à être établis, on ne peut limiter les craintes aux seules menaces des squales. La taille du projet ne saurait être sans conséquenc­es sur notre écosystème déjà mis à mal par la surpêche, les pollutions humaine et agricole.

Si d’aventure, ces risques devaient se vérifier, on peut imaginer les conséquenc­es sur un des atouts majeurs de la destinatio­n : la mer. La perte d’attrait renversera­it la tendance des chiffres des arrivées, conduirait à la perte d’emploi pour des dizaines de milliers de personnes du secteur et à l’écroulemen­t de ce qui est le secteur économique le plus porteur en ce moment.

Doit- on s’y résoudre ou tout faire pour que ce projet soit réalisé dans les conditions de risque zéro ou de le faire avorter ? C’est sans doute le défi majeur pour cette année. La rédaction

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