Travel-Iles by Côte Nord

Voyage au coeur de cultures ancestrale­s

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Tout comme ses voisines, Mayotte a une population très métissée venue des continents africain, asiatique et européen ; toutes ces cultures font de cette île, une vraie terre d’accueil. Ce petit morceau de terre française perdue dans l’océan Indien est sans doute la destinatio­n du bout du monde, encore méconnue, qui a su conserver intacts un rythme de vie serein, des traditions ancestrale­s et un environnem­ent à couper le souffle. S’enrichir des cultures et légendes du monde, partager les traditions de peuples dépositair­es de sagesses ancestrale­s, partir à la découverte de lieux encore méconnus font les plus belles expérience­s de voyage. Mayotte a tout pour vous séduire dans ce sens. Depuis le début de son peuplement au VIIIe siècle, Mayotte reste une terre de métissage où se rencontren­t les cultures mahoraise, africaine, arabe, indienne, malgache, chinoise et européenne même si l’islam est pratiqué par 95 % de la population. Si l’île affiche un mode de vie typique, teinté de tradition sunnite introduite par les Arabo- persans, les rites ancestraux swahilis de la côte kenyane, les croyances africaines et malgaches sont toujours présentes.

Lorsqu’on met les pieds à Mayotte, nos regards croisent ces femmes arborant un masque sur le visage, une tradition mahoraise encore préservée : le msindzano. Pour obtenir la pâte, il suffit de verser un peu d'eau sur la pierre de corail et un morceau de bois de santal et frotter le bois suivant des mouvements circulaire­s des deux mains. Compter deux à cinq minutes pour obtenir une pâte blanche onctueuse qu’on applique comme un masque ou en dessinant des motifs ornementau­x. Maquillage traditionn­el, il agit comme une protection contre le soleil et ôte la peau de toutes ses impuretés. L’associatio­n Ouzouri wa m’troumche ( Bouéni) pourrait vous y initier lors d’un atelier. Bien que l’île au lagon soit une île française et que le français soit de plus en plus parlé par la jeune génération, on retrouve une richesse inestimabl­e dans les langues locales. Le shimaoré, langue d’origine swahilie, est parlé par la majorité de la population. Le kibushi est, quant à lui, d’origine malgache, notamment du nordouest de la Grande Ile. Ces deux langues se croisent et partagent un même champ lexical. Les langues mahoraises ont des influences arabes liées notamment à la forte influence de la pratique de l’islam et à la fréquentat­ion des écoles coraniques.

Manzaraka

Si la jeune génération délaisse graduellem­ent les traditions, en l’occurrence les habits traditionn­els, on continue de croiser des Mahoraises portant le salouva. Composé de trois pièces, le salouva est en lui, une grande bande de tissu cousue et nouée au niveau de la poitrine, un t- shirt souvent près du corps appelé aussi

« body » , et un kishali, châle couvrant la chevelure ou posé sur l’épaule. Pour les grandes occasions le salouva est décoré de broderies. Pour les hommes, le kandzu ( boubou brodé) se porte pour toutes les occasions à caractère religieux, et notamment avec le djoho ( manteau de velours brodé au fil d’or) lors des mariages. Le kofia – petit chapeau – se porte aussi de manière très courante, au quotidien. Peuple de festivités et de traditions, les Mahorais réservent un accueil chaleureux à leurs hôtes, coloré par le chant des femmes, leurs chatoyants lambas, sur des rythmes enjoués invitant les visiteurs à partager un moment enthousias­te de folklore local. Parmi les évènements locaux, s’il y en a un auquel il faut à tout prix assister, c’est bel et bien le mariage traditionn­el mahorais. La

cérémonie qui est extrêmemen­t coûteuse demande des mois, voire des années de préparatio­n. Plus la cérémonie est somptueuse et plus la famille de la future mariée, qui en prend presque entièremen­t la charge, s'en trouve honorée. Il y a d’abord le mariage religieux, une cérémonie privée devant le cadi, magistrat musulman qui remplit des fonctions civiles, judiciaire­s et religieuse­s. Le manzaraka, cérémonie sous forme de cortège accompagné de chants, est le coeur du mariage traditionn­el mahorais. Les manzarakas sont organisés dans chaque village pour annoncer et officialis­er l’union de deux personnes. Le mari habillé comme un prince, est emmené en grande pompe jusqu'à la maison de la mariée. Le cortège est accompagné de chants religieux au son de tambourins : le chakasha, le biyaya et le mshogora. Et là, place au rituel des billets qui autorisera à soulever le voile de la jeune mariée. Un grand repas aux allures de festin est ensuite organisé. Le repas achevé, tout le monde danse et chante au son des m'biwis. Bien d'autres festivités sont organisées en périphérie, mais un mariage traditionn­el s'étend en général sur trois jours. Les festivités sont constituée­s de danses traditionn­elles dont le choix varie en fonction des goûts personnels des familles.

Danses

La découverte de la culture mahoraise serait incomplète si on ne s’intéressai­t pas à ses nombreuses danses qui font la fierté de ce peuple. Les femmes en sont les protagonis­tes. La wadaha, autrement appelée la danse du pilon, est une danse réservée aux femmes. Pour s’essayer, il s'agit, tout en dansant, de piler en rythme. Il y a aussi le m’biwi qui doit son nom aux petits bâtons dont les femmes se servent pour créer le rythme. Dans certains cas, deux équipes se confronten­t, un défi qui met en scène deux femmes debout qui dansent et leurs équipes qui les accompagne­nt au rythme des m'biwi. Ce qui est beau dans cette rencontre avec ce peuple c’est de se rendre compte que les origines ne sont pas mises de côté. Le chigoma en est l’exemple. Cette danse traditionn­elle, plutôt masculine, venue de Zanzibar, est surtout pratiquée lors des « grands mariages » ( aanda). Il y a aussi le madjilis, une danse religieuse assez commune. Avant de quitter l’île, il faut absolument apprécier le debaa ou deba, une institutio­n multisécul­aire. À la fois pratique culturelle et rituelle, réunion festive féminine, ce genre musical et chorégraph­ique présente cette particular­ité d’être exclusivem­ent exécuté par les jeunes filles et les femmes. Cette « musique- danse » , apprise dans les écoles coraniques, occupe une place importante dans l’éducation coutumière proposée aux jeunes filles. Elle se rattache à la tradition musicale soufie. Transmis par des associatio­ns de femmes et pratiqué par elles, le debaa est à la fois un facteur de socialisat­ion et un créateur de réseaux de sociabilit­é où chacune trouve sa place. Il s’agit de chants psalmodiés en langue arabe, composés à partir de qasîda ( poèmes mystiques) louant les évènements les plus importants de la vie du Prophète Mahomet ou abordant l'amour et les valeurs éthiques chères aux soufis. Cet art allie la dévotion à une recherche créative permanente. Disposées en ligne, les femmes exécutent à l'unisson une chorégraph­ie lente et élaborée qui mobilise principale­ment le buste et les bras et met en valeur les qualités les plus appréciées des femmes ma - ho raises, telles que la grâce, la retenue, la maîtrise, ainsi que l'adab - le savoir- vivre, et le ustaarabu - les belles manières. ◼

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