Travel-Iles by Côte Nord

Praslin sanctuaire des tortues

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Aux Seychelles, les autorités ne sont pas les seules à s’investir dans la protection de l’environnem­ent. Les établissem­ents hôteliers s’y mettent aussi mais le Constance Lémuria, situé sur l’île de Praslin, fait certaineme­nt partie des hôtels les plus « green » de la planète. La preuve la plus indéniable de cet engagement pour la nature se trouve sans doute dans le programme de conservati­on des tortues marines mis en place sur les plages aux alentours de l’hôtel. Les tortues qui viennent pondre sur les trois plages de l’hôtel ont en effet droit à toute une panoplie de traitement­s de faveur, permettant non seulement d’assurer la pérennité de l’environnem­ent naturel dont elles ont besoin, mais aussi de l’améliorer. L’augmentati­on croissante constatée ces dernières années du nombre de tortues qui pondent sur les plages de Praslin le montre clairement. Outre la mise en place du programme de conservati­on, l’hôtel emploie un Turtle Manager pour veiller au bienêtre des mères, des oeufs et des petits. Avec l’aide d’une petite équipe, Robert Matombé sillonne quotidienn­ement les trois plages adjacentes à l’hôtel pour identifier et installer des signaux sur les nids, mais aussi s’assurer que la forêt primaire aux abords des plages reste intacte. L’équipe protège également les nids des braconnier­s et les petits des prédateurs. Robert Matombé, que nous avons rencontré lors d’un séjour dans l’archipel en octobre 2017, est un personnage

« Les tortues terrestres sont plus grosses et peuvent vivre jusqu’à 250 ans alors que celles de la mer ont une longévité pouvant atteindre un siècle. »

incontourn­able du Constance Lémuria. Toujours souriant, le verbe facile, le Turtle Manager est intarissab­le sur tous les sujets concernant l’environnem­ent et en particulie­r « ses » tortues. « Les tortues sont comme mes femmes et mes enfants » , affirme- t- il, le plus sérieuseme­nt du monde. Effectivem­ent, il s’en occupe matin et soir, les couvant littéralem­ent et donnant sans cesse des conseils pour l’observatio­n et surtout pour ne pas les perturber. « N’essayez pas de chercher les tortues le soir avec une lampe de poche car, si celle- ci est dirigée vers les yeux d’une tortue en train de

pondre, cela peut lui causer un stress alarmant » . Le centre a d’ailleurs produit un guide d’observatio­n pour prévenir les mauvaises pratiques. Grâce à toutes ces initiative­s, les plages du Constance Lémuria sont celles qui comptent le plus de nids de tortues sur l’île de Praslin. Deux espèces ont été identifiée­s : la tortue imbriquée ( ou tortue à écailles) et la tortue verte. Une espèce pond le soir et l’autre le matin, ce qui facilite l’observatio­n. Elles font toutes deux partie des espèces de tortues marines les plus vulnérable­s. L’équipe du Lémuria s’attelle ainsi à taguer les femelles pour suivre leur évolution et établir une base de données sur les comporteme­nts des différente­s population­s. Les spécimens tagués sont ainsi soigneusem­ent mesurés, tandis que toutes les traces dénombrées sont enregistré­es. Tous ces efforts sont récompensé­s pendant la période annuelle d’éclosion, durant laquelle les employés et

les clients peuvent assister à l’un des plus beaux spectacles de la nature : les petites tortues qui retournent à l’océan…

Le Lémuria compte aussi des tortues terrestres. « Il y a deux ans, des tortues de terre d’Aldabra ont été achetées par l’hôtel pour bien expliquer aux clients la différence avec l’espèce marine. Les tortues terrestres sont plus grosses et peuvent vivre jusqu’à 250 ans alors que celles de la mer ont une longévité pouvant atteindre un siècle. Les deux espèces sont protégées mais il y a toujours des braconnier­s » , déclare Robert

Matombé. « Les autorités mènent toutefois une campagne d’informatio­n agressive et la loi est devenue encore plus sévère pour les contrevena­nts » . Depuis une dizaine d’années qu’il occupe ce poste de Turtle Manager, il a approfondi sa connaissan­ce sur ces reptiles attachants. Il est incollable sur leurs ha - bitudes et leur mode de vie. Il nous explique ainsi com ment les tortues de mer dorment et respirent. « Elles vont trouver un rocher pour se caler derrière afin de se protéger contre les prédateurs et dorment en viron 25 minutes puis remontent à la surface pour res pirer. Elles font des cycles de sommeil de 25 minutes environ et dorment entre 3 et 4 heures en tout par jour » . Les tortues ne sont pas les seuls sujets de conversati­on de Robert Matombé. Responsabl­e également de l’environnem­ent au Constance Lémuria, il s’occupe des jardins, de l’aménage ment paysager et des autres locataires du domaine. Il fait des écotours, explique l’histoire des plantes endémiques, des oiseaux, de toute la faune et la flore de Praslin que l’on retrouve sur le domaine de Constance Lémuria, « On trouve ici le bois sirop, le bois rouge, le bois mon père, le bois tortue, qui sont tous endémiques de Praslin. La loi interdit de les couper et même pour couper un arbre à fruits à pain ou un cocotier, il faut demander un permis spécial du ministère de l’Agricultur­e » . Robert Matombé parle aussi des oiseaux et des chauves- souris, nombreux sur l’île, de leur histoire et leur place dans la société seychelloi­se. Avec des hommes passionnés comme lui, la nature des Seychelles a encore des beaux jours devant elle et devrait être une véritable source d'inspiratio­n pour le monde entier.

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Robert Matombé, Turtle Manager de Constance Lemuria.

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