Travel-Iles by Côte Nord

Nostalgie, quand tu nous tiens

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« Quand on aime, on ne peut expliquer pourquoi… » C’est ce que répond Robert Gordon- Gentil quand on lui demande d’où vient cet engouement, cette passion pour les voitures classiques, passion qui fait qu’aujourd’hui, il a une vingtaine de voitures de collection. Et il n’est pas le seul. À Maurice, de nombreux passionnés ont sauté le pas et ont acquis des voitures d’époque en sachant qu’elles demandent énormément de patience, de dévouement et parfois d’argent. Nous avons rencontré trois d’entre eux, Robert Gordon- Gentil, Cyril Perrier et Clifford Colimalay, qui, à travers ces voitures, revivent des moments forts de leur vie.

Pas de climatisat­ion, pas d’airbag ni de direction assistée, une pédale de freins dure et une odeur très particuliè­re et persistant­e d’huile et d’essence, typique des voitures de l’époque… La plupart diraient « non merci » mais pas Clifford Colimalay, qui adore emmener sa Morris Minor de 1960 en balade sur la côte ouest le dimanche. Cette voiture, il l’a achetée

parce qu’elle lui rappelle son enfance. « À l’époque, mes parents n’avaient pas encore de voiture et on voyageait souvent dans la

Morris Minor d’un voisin qui l’utilisait comme taxi marron » , se rappelle- t- il. En 2007, lorsqu’il voit dans une petite annonce qu’une Morris Minor est en vente, il n’hésite pas une seconde et appelle le numéro. C’est Gilbert Desvaux, passionné de Morris Minor, qui répond et lui dit que tout dans le véhicule est d’origine, même le klaxon, que Clifford reconnaît au téléphone car il fait exactement le même son que celui du taxi de son enfance.

Robert Gordon- Gentil est également un grand nostalgiqu­e. De sa collection, la voiture qu’il préfère, c’est la Wolseley 1958 qui appartenai­t

à son père. « J’allais à l’école dans cette voiture quand j’étais enfant et par la suite, j’ai aidé mon père à la réparer et j’y ai pris énormément de plaisir. Il a donc décidé de me l’offrir. Je l’ai utilisée pour mon mariage et également pour celui de mon fils. Pour moi, elle a une valeur sentimenta­le inestimabl­e » , laisse- t- il entendre. Sa collection de voitures se trouve à Pamplemous­ses dans la cour du restaurant « Chez Tante Athalie » dont il est copropriét­aire.

« L’appétit vient en mangeant »

Chez Cyril Perrier à Tamarin, sa collection de voitures anciennes prend pratiqueme­nt toute la place dans sa grande cour face à la mer. De nombreuses Anglaises et surtout, plusieurs Land Rovers anciennes.

« Ce sont des véhicules robustes qui ont été importés par les militaires

et la police » , indique- t- il. Pas facile de toutes les entretenir, surtout avec l’air salin qui les rouille et la poussière. Avec d’autres passionnés de voitures classiques, il a fondé la Classic & Vintage Car Owners Associatio­n qui organise des exposition­s et des sorties entre propriétai­res de voitures. La petite favorite de sa collection, c’est la première voiture qu’il a achetée en 1973 et dont il n’a jamais pu s’en débarrasse­r : une Triumph TR3 de 1959 de couleur verte dans laquelle il se rendait dans les quatre coins de l’île… Mais comment passe- t- on de l’achat d’une voiture classique à une collection ? « L’appétit vient en mangeant » , nous répond Clifford, avec le sourire. Quelques années après l’achat de la Morris Minor, il a eu un coup de coeur pour une Mini 850 de série S de 1966, qui lui rappelait sa première voiture, puis pour une Mercedes- Benz 280 SE de 1972, qui avait appartenu à Sir Emile Seriès et qu’il a dû revendre par manque d’espace. Il a ensuite craqué pour une MG rouge de 1966, qui a été louée l’année dernière pour le tournage d’un film sudafricai­n. C’est également la voiture dans laquelle il a emmené sa filleule à l’église le jour de son mariage.

Emotions

Mais avoir un tel véhicule n’est pas une mince affaire. Certaines nécessiten­t d’être refaites complèteme­nt, ce qui demande des années de patience parfois, et de l’argent pour importer les pièces détachées.

« Il faut également connaître un mécanicien de confiance, qui s’y

connaît, avec qui on passe de nombreuses heures » . L’entretien demande également beaucoup de temps et il faut faire le contrôle technique tous les six mois, ce qui est très contraigna­nt quand on en a plusieurs. Lorsque ces voitures sont d’origine, les propriétai­res les utilisent uniquement pour le plaisir et pas dans la vie de tous les jours car elles ne sont pas faciles à conduire, surtout dans les embouteill­ages et sur l’autoroute. Et lorsqu’ils sortent dans leurs voitures, les gens sur la route sont fascinés. Certains d’entre eux s’arrêtent, viennent voir le véhicule quand il est garé, posent des questions et veulent voir l’intérieur. « La Morris Minor surtout suscite énormément d’émotions chez les gens car c’était la voiture la plus répandue à une époque. Après tout, c’était la voiture de toutes les colonies anglaises dans les années 50 à 70. La plupart des gens qui viennent admirer ma voiture me disent que leur oncle, leur grand- père ou leur père en avait une » , fait ressortir Clifford qui, avec Gilbert Desvaux et d’autres passionnés, a créé le Morris Minor Club quelques années de cela. À Maurice, les amoureux de ce type de véhicule se connaissen­t tous. Lorsqu’ils se rencontren­t, ils peuvent passer des heures à parler mécanique, du dernier endroit improbable où leur précieuse voiture a décidé de tomber en panne, se donnant des conseils sur les meilleurs mécanicien­s de l’île, et échangeant leurs plus récentes anecdotes.

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 ??  ?? Robert Gordon- Gentil et sa Wolseley 1958.
Robert Gordon- Gentil et sa Wolseley 1958.
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 ??  ?? Clifford Colimalay aux côtés de sa Morris Minor.
Clifford Colimalay aux côtés de sa Morris Minor.
 ??  ?? Cyril Perrier au volant d'une de ses nombreuses voitures anciennes.
Cyril Perrier au volant d'une de ses nombreuses voitures anciennes.

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