La destination de rêve
Les derniers chiffres des arrivées touristiques montrent une croissance de 3,1 % par rapport à la même période en 2017 avec les principaux marchés, à savoir la France, l’Allemagne et la Grande- Bretagne en hausse. Ces chiffres suivent la tendance mondiale avec l’Organisation mondiale du tourisme annonçant que les arrivées de touristes internationaux ont augmenté de 6 % au cours des quatre premiers mois de l’année 2018 par rapport à la même période l’an dernier. Ces chiffres, qui prolongent la tendance vigoureuse observée en 2017 (+ 7%), dépassent même les prévisions de l’OMT pour 2018 (+ 4 % à + 5 %).
« Le tourisme international reste en forte croissance à travers le monde, ce qui se traduit par des créations d’emplois dans de nombreuses économies. Cet essor nous rappelle la nécessité de renforcer nos moyens de développer et de gérer le tourisme sur un mode durable, en construisant des destinations intelligentes et en tirant le meilleur parti de la technologie et
de l’innovation » a déclaré le secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili. Il est heureux de constater que l’île Maurice a pris la mesure de la situation depuis quelques années et engagé un dialogue entre les principaux partenaires privés et publics. C’est ainsi que l’année dernière se sont tenues les Assises du Tourisme qui ont rassemblé quelque 250 participants. Au mois de septembre, le ministère de tutelle a publié les attentes de ce forum sous la forme d’un Plan stratégique pour la période 2018- 2021. Disons d'emblée que la plupart des problématiques évoquées lors des Assises ont retenu l’attention du comité de rédaction.
Si l’on convient que le nombre de voyageurs ira en augmentant, il est important de mettre en place des mesures pour en capter suffisamment afin que l’industrie locale qui contribue pour 8% au PIB, 10 % de l’emploi et 8 % de l’investissement en 2017, continue d’avoir une bonne santé. Sans entrer dans une énumération exhaustive des mesures, nous nous réjouissons que le plan stratégique ait trouvé important de travailler sur un programme de signalétique pour les touristes, de prévoir des voies pédestres le long du littoral là où il n’y a pas de plage, de réhabiliter des sites culturels et historiques, de développer un circuit du patrimoine à Port- Louis, Mahébourg et Souillac, ainsi que des applications pour les smartphones destinées aux sites historiques et événements culturels, de mettre en place un système de classification pour le secteur non- hôtelier, de créer des voies piétonnes à Port- Louis et de transformer Mahébourg en un village touristique à travers la restauration des sites et vestiges historiques.
Ce sont des actions que nous avons déjà réclamées dans ces colonnes à plusieurs reprises. On peut quand même regretter que le plan ne soit pas plus agressif. Les mesures annoncées vont, certes, contribuer à accroître l’attractivité de la destination mais il est important que la vision soit pérenne. À ce titre, nous pensons que la stratégie du groupe LUX* mérite qu’on s’y attarde. Force est de reconnaître que Paul Jones a une longueur d’avance par sa capacité de se projeter dans le temps. La décision de son groupe de proposer quatre différentes marques d’hôtel pour répondre aux différentes catégories de voyageurs est un moyen de s’assurer de capter un maximum du marché disponible. Cette décision s’accompagne d’une autre, complémentaire, celle de s’implanter sur les marchés émergents comme la Chine et Dubaï et de s’assurer une visibilité qui vaut plus que les tournées promotionnelles.
En tant que destination touristique, l’offre de Maurice est certes diversifiée grâce à plus d’activités à l’intérieur du pays, avec la volonté d’investir dans la culture et l’histoire. Le ministre Gayan ne cesse de réitérer, par ailleurs, sa détermination de faire du tourisme un secteur inclusif, mais il ne suffira pas de donner des formations aux « frontliners » et aux chauffeurs de taxi. Tout mauricien devrait pouvoir être un bon ambassadeur de son île. Il faudra pour cela que l’histoire et les cultures de l’île trouvent leur places dans le système éducatif, que le Mauricien soit légitimement fier de son quartier, de son village ou de sa ville, que l’aménagement urbain facilite l’accessibilité à travers le pays, que les normes de sécurité et d’hygiène soient présentes dans les rues et les infrastructures… Vaste programme mais il est bon de penser à une destination qui fait rêver.