« Maurice doit être la première destination pour les voyageurs de nos marchés »
Arvind undhunb directeur de la Mauritius Tourism Dromotion AuthoritV
Installé depuis quelques mois à la tête de la Mauritius Tourism Promotion Authority ( MTPA), Arvind Bundhun est relativement discret, préférant se consacrer à son travail : mettre en avant la destination Maurice. Il s’est confié à Côte Nord et a dévoilé un homme dédié à sa tâche, ouvert au dialogue et conscient des attentes. Le bilan est intéressant avec le redressement du marché réunionnais et des campagnes ciblées qui portent déjà leurs fruits. Pour autant, Arvind Bundhun garde la tête froide et attaque l’année 2019 avec un objectif déclaré : que Maurice soit en tête dans l’esprit des voyageurs
Arvind Bundhun, vous êtes en poste depuis moins d’une année. On vous connaît encore mal. Qui êtes- vous ?
J’ai un bagage d’hôtelier et j’ai complété des études en gestion hôtelière. Je suis natif de Port- Louis où s’est déroulée ma scolarité au primaire et au secondaire. J’ai ensuite obtenu une bourse pour une licence de gestion hôtelière en Inde. De retour à Maurice, j’ai intégré le Victoria Beachcomber. Deux ans après, j’ai eu une nouvelle bourse d’études pour une maîtrise en Autriche. Puis j’ai travaillé à Hong Kong et en Chine pour une ouverture d’hôtel avant de revenir à Maurice, toujours au Victoria. J’y ai passé une vingtaine d’années avec une parenthèse aux Seychelles, toujours pour le groupe Beachcomber, à Saint Anne. Avant de prendre le poste de directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority, j’étais responsable commercial de l’hôtel. Mais il faut dire que j’ai cumulé pas mal de postes dans l’hôtellerie : responsable de la réception, de l’hébergement, entre autres.
Comment s’est passée la transition entre le poste de responsable commercial d’un hôtel à celui de directeur de la MTPA qui chapeaute toute la promotion touristique de la destination ?
Il faut avouer que c’était une transition laborieuse, mais après plus de quatre mois à la tête de l’Office du Tourisme que la base du métier est la même. Vendre un hôtel et vendre la destination, c’est un peu la même philosophie. Je suis quelqu’un, je peux dire de très discipliné, de très appliqué et je suis à l’écoute. Je tiens à remercier les personnes qui m’ont conseillé et le soutien que j’ai eu des partenaires, privés et publics.
Peut- on déjà faire un premier bilan même si la période est très courte ?
Effectivement, quatre mois c’est un peu court pour un bilan, mais je peux déjà parler des actions qui ont été prises. Quand je suis arrivé, il y avait une décroissance au niveau du marché réunionnais. Je me suis attelé à remédier à cela. Je suis allé voir les opérateurs réunionnais et écouter leurs doléances. Air Mauritius s’est associée à notre démarche et on a fait une belle campagne de visibilité pour faire Maurice revenir dans la tête des Réunionnais. Il faut dire que parmi les difficultés qu’on a eues sur l’île soeur, il y a la continuité territoriale qui permet des vols subventionnés par l’État français à destination de la métropole. Nous avons aussi entrepris une belle campagne de visibilité en Italie aidée en cela par la venue d’Alitalia. On a également négocié la venue du concours Miss France à Maurice résultant en une belle campagne de visibilité sur 30 régions de France, avec un beau parterre de journalistes représentant notamment TF1, Le Figaro et
Paris Match. Sur le marché britannique, nous travaillons pour faire face au Brexit…
Comment le Brexit pourrait- il affecter l’arrivée des touristes britanniques à Maurice ?
Avec le Brexit, on sent que les Anglais n’ont pas tellement l’esprit au voyage. Et pour ceux qui ont des projets de voyage, nous nous retrouvons en compétition avec les Maldives, les Caraïbes, qui ont été épargnées par les cyclones cette année. Nous allons donc lancer une campagne pour le Boxing Day. Nous allons également lancer une vaste campagne de visibilité grand public sur trois marchés : la Grande- Bretagne toujours, l’Inde et la France. ( NDLR : Cette interview
a été réalisée début décembre). Cela afin que l’île Maurice soit la première destination qui vienne à l’esprit des voyageurs de ces pays.
Mais vous faites déjà des campagnes sur la France notamment. Quelles en sont les retombées ?
La France se porte très bien et reste notre plus gros marché avec quelque 270 000 arrivées. Ce qui marche aussi, c’est notre hub
strategy avec Emirates pour Dubai, Istanbul avec Turkish Airlines, Nairobi avec Kenya Airways et Schipol avec Air France- KLM. On est venu faire des campagnes conjointes avec l’aérien. Je dois dire que depuis mon arrivée, j’ai repris le trade qu’on avait un peu négligé, c’est- à- dire les tour- opérateurs classiques. J’ai repris contact avec Kuoni en Angleterre ; au mois de janvier nous travaillons avec Dnata. En même temps, nous n’occultons pas le côté digital sur lequel nous avons d’excellents résultats comme l’atteste le prix reçu par WeLikeTravel pour la troisième année consécutive en France.
Est- ce que vous allez mettre encore plus d’accent là- dessus ?
Le e- marketing marche très bien mais on ne saurait se contenter de cela. Nous sommes une destination long- courrier et 60 % de nos visiteurs continuent de réserver de façon traditionnelle et on ne peut les occulter.
Quid des marchés émergents ?
Nous faisons beaucoup d’efforts sur ces marchés à travers des roadshows, des campagnes de visibilité, nous avons organisé des press trips, participé à des salons de presse, rencontré les opérateurs, fait des efforts B2B et B2C. L’Arabie Saoudite répond bien avec une croissance de 300 %. Toutefois, la Chine est en décroissance. Il faut faire ressortir que la Chine avait connu un grand essor parce qu’à un certain moment on subventionnait les vols. Quand on a arrêté cette
subvention, Southern China Airlines et Air Asia se sont retirées. Avec Air Mauritius on va stratégiquement repositionner la Chine avec la destination Shanghai pour le long terme. Quant à Chengdu et Wuhan, rien ne change. Ceci dit, 9 000 touristes en moins par rapport à 2017, ce n’est pas vraiment alarmant. Il faut aussi mentionner l’Europe de l’Est sur lequel on fait beaucoup d’efforts.
Vous avez parlé des Maldives qui nous font de la concurrence. Quelles sont les autres destinations de l’océan Indien qui se posent en rivales directes ?
Il y a le Zanzibar qui marche très bien. Les Seychelles également mais leur base est très faible, et le Sri Lanka qui monte sûrement.
Comment Maurice se positionne- t- elle par rapport à ces destinations ?
Je voudrais citer la directrice de l’Unesco, Audrey Azoulay, qui lors de son récent passage chez nous a déclaré que « Maurice est la
réincarnation de la multi culturalité » . Maurice est un monde en soi. On est multilingue, multiculturel, on a une gastronomie de trois continents, on a les plus grandes religions du monde... L’île Maurice n’est pas qu’une destination balnéaire. L’écotourisme est en plein développement, on est relativement sécurisé. On positionne Maurice comme un lifestyle, luxury et fashion destination mais on a tellement plus à offrir.
Le ministre du Tourisme Anil Gayan a déclaré récemment qu’il ne souhaite pas que Maurice devienne une destination sac à dos. Que fait l’Office du tourisme pour atteindre une clientèle de qualité ?
Maurice est perçue comme une destination chère. Qui dit cher, dit luxe, qualité. Je dirais qu’à Maurice on a une offre diluée. Entre les 3* et les 5*, il n’y a pas de grande différence, en termes de qualité. Et nous allons maintenir cette qualité grâce à notre personnel, par rapport aux Mauriciens, qui sont au centre de nos campagnes. Il faut dire que nous ne faisons pas de campagne de masse mais plutôt du ciblage : golf, lifestyle. On est présent lors des grandes rencontres hippiques comme Ascot, à Longchamp, et aux rendez- vous cinéma tels que le festival de Cannes. On ira bientôt à St Moritz pour le polo.
Quel est le plan de bataille de la MTPA pour 2019 ?
Nous allons d’ores et déjà attaquer la saison pascale et la basse saison en février. Nous allons relancer le trade comme déjà évoqué. Nous travaillons sur de gros événements et notamment les World
Travel Awards. Les pourparlers sont en bonne voie et nous sommes confiants d’amener cet événement majeur du tourisme à Maurice. Nous continuerons à travailler bien sûr sur les marchés traditionnels et émergents. Notre but c’est que Maurice reste dans la tête des voyageurs comme la première estimation des vacances.
Qu’en est- il du marché des croisières ?
C’est un marché en pleine expansion. En 2017, nous avons accueilli 27 000 croisiéristes et en 2018, nous étions déjà à 42 000 au mois de novembre. Avec la venue d’Alitalia qui alimente les bateaux de Costa, notre visibilité dans les divers salons avec les îles Vanille et l’ouverture prochaine du port de bateaux de croisières, ce marché ne pourra que croître.
Mais est- ce que les croisiéristes dépensent à Maurice ?
Maurice n’est plus seulement un stop- over destination. Aujourd’hui, ces visiteurs passent une nuit ou deux sur l’île et certains arrivent dans l’île quelques jours avant et séjournent dans nos hôtels avant de prendre le bateau. Donc, les hôteliers et les excursionnistes en bénéficient.