« Maurice doit se bouger davantage en 2019 »
L'année 2019 démarre de façon poussive pour le secteur touristique : croissance faible, baisse du marché réunionnais, conditions climatiques défavorables… Pour autant le directeur de l'Association des hôteliers et restaurateurs de l'île Maurice (Ahrim), Jocelyn Kwok assure que les acteurs ne baissent pas les bras mais insiste sur le fait qu'il faille redoubler d'efforts.
La nouvelle année débute par une progression assez faible des arrivées. Faut-il s’en inquiéter ? Difficile de répondre à ce stade. 2018 avait commencé par une décroissance notable en janvier, et cette année on observe à peu près le même phénomène sur les arrivées touristiques par avion. Et 2018 avait plutôt bien terminé avec une croissance des arrivées de l'ordre de 4.3 %. On peut toujours espérer un rattrapage durant l'année car les conditions de marché demeurent très changeantes. Nous avons évoqué l'incertitude autour des voyages sur nos marchés phares que sont la France, le Royaume-Uni et la Réunion ; le Brexit ainsi que les tensions sociales en France risquent d'avoir un retentissement négatif sur les projets de vacances des Européens. Nous notons aussi des reprises significatives de certaines destinations telles que l'Égypte et l'Afrique du Nord de manière générale. Sur les destinations long courrier, la concurrence venant de pays tels que la République Dominicaine, Cuba, le Mexique, ou encore le Vietnam et l'Indonésie s'est fortement accentuée. Plus près de nous, les Maldives reprennent après une petite période d'incertitude. Les initiatives du moment sur la Chine pointent dans la bonne direction malgré certaines difficultés. Tout ceci nous fait dire que Maurice doit réagir davantage en 2019. À ce jour, l'hôtellerie fait un peu moins bien. Le premier trimestre est plutôt plat par rapport à 2018, mais le revenu unitaire par chambre disponible semble évoluer dans le bon sens. Et nous pouvons entrevoir un certain redressement à partir d'avril 2019, toutes proportions égales. Avec les autorités concernées, nous suivons la situation de près et allons certainement enclencher des actions de redressement, en ligne avec le Plan Stratégique 2018 – 21 lancé depuis octobre dernier. Le marché réunionnais, un de nos plus gros pourvoyeurs, semble marquer le pas. Comment y remédier ? Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette performance de 2018, notamment une politique de continuité territoriale plus incitative l'année dernière pour les Réunionnais, leur permettant d'aller vers la Métropole dans de très bonnes conditions. Il y a aussi le développement de l'aérien à partir de la Réunion, avec l'élargissement accéléré des destinations, non-stop ou avec escale d'Air Austral ; Maurice perd ainsi des vacanciers ainsi que des voyageurs en transit. On peut aussi citer le phénomène des gilets jaunes, avec des situations particulièrement difficiles à la Réunion. Nous n'avons aucun contrôle sur ces événements ou développements malheureusement. Les solutions possibles ont presque toutes été testées, ou mises en oeuvre dans le passé et il serait possible d'en répéter certaines (avec des améliorations) telles que Maurice sans Passeport sous certaines conditions, ou des promotions encore plus ingénieuses à des dates bien calées sur la saisonnalité très particulière du marché réunionnais. À l'évidence, rendre plus accessible des vacances sur Maurice passe obligatoirement par un billet d'avion moins cher. En 2017, 44,4 % des touristes réunionnais jugeaient ce billet d'avion trop cher ; tout le monde est d'accord sur ce fait, mais la solution qui pourrait nous satisfaire tous semble encore nous échapper. Il y a aussi l'idée de permettre aux agences à la Réunion de bénéficier d'un tarif aérien TO, moins onéreux et différencié du tarif grand public, ce qui leur permettrait de construire de manière plus compétitive, des forfaits hébergement-aérien sur Maurice, à la demande de chacun de leurs différents positionnements sur leur marché – clubs de sports, regroupements de retraités, comités d'entreprise, aventures plein air, kite surf ou golf, ou encore mariages et manifestations culturelles. Pour arriver à cette voie de solution, il y a encore du travail à poursuivre. Il est bon de rappeler que le marché réunionnais reste un segment à fort potentiel pour nos hôtels. Loin des habitudes des premiers jours, en 2017, deux tiers de nos touristes réunionnais ont séjourné à l'hôtel, pour toute ou une partie de leur séjour. Les conditions climatiques souvent défavorables en certaines périodes de l’année, sont désormais un facteur important à prendre en compte. Comment l’industrie réagit-elle à cela ? Oui effectivement, la météo nous joue des tours depuis plusieurs années, aussi bien au niveau des prévisions du temps que pour les événements qui se produisent. Difficile à ce stade de dire comment nous devons réagir. Face à cela, l'industrie reste prudente. Nous allons proposer une météo des plages aux autorités concernées afin de mieux situer géographiquement les prévisions du temps. Et nous participons aussi à l'amélioration des systèmes d'information, d'alerte et de sécurisation des biens et des personnes sous la direction des autorités compétentes. De manière plus stratégique, et cela ne date pas d'hier, nous nous efforçons de lisser la saisonnalité de notre tourisme afin que nos visiteurs puissent mieux apprécier la destination dans toutes ses dimensions, et en toutes saisons.
« Nous allons proposer une météo des plages aux autorités concernées afin de mieux situer géographiquement les prévisions du temps »
« En 2017, 44,4 % des touristes réunionnais jugeaient ce billet d'avion trop cher ; tout le monde est d'accord sur ce fait, mais la solution qui pourrait nous satisfaire tous semble encore nous échapper »