Hommage à une génération
Les années pré et postindépendance ont été marquées par une fébrilité intellectuelle, culturelle et politique. Hervé Masson émerge comme une figure emblématique de cette époque par la puissance de son verbe, la justesse de son crayon et de ses pinceaux. Il aurait eu 100 ans cette année.
Le Centenaire Hervé-Masson est marqué par divers événements organisés par Brigitte Masson, la fille de l'artiste, à travers la plateforme « Je dis
mon île », soutenue par ses partenaires, le National Arts Fund, CIM Group, Scott, The Brand House, l'IFM, la galerie ICAIO et le groupe Eclosia. « Hervé Masson appartient à l'histoire artistique du pays et à l'histoire tout court. C'est ce que nous souhaitons transmettre à travers les différents événements de la commémoration », explique Brigitte Masson. Le coup d'envoi du Centenaire a eu lieu le 7 février à l'IFM avec une exposition intitulée « Histoire des esclaves
et des coolies à l'île Maurice », conçue par Bernard Lehembre, spécialiste de la peinture mauricienne du
20e siècle. « Il s'agit d'une série inédite de 30 dessins concernant leur propre histoire, composée durant la détention de l'artiste en 1972. C'est le récit graphique de la naissance (aux forceps) de la nation mauricienne, dont Hervé Masson était un fervent partisan ». Une deuxième exposition se tiendra à la Galerie ICAIO, à Port-Louis, du 25 avril au 26 juillet, où l'on découvrira « Hervé Masson,
l'art du trait, puissance de la couleur », une exposition d'oeuvres graphiques, conçue par la commissaire Barbara Luc. Par ailleurs, Evan Sohun, illustrateur, plan– che actuellement sur un livre d'illustrations inspiré de la vie de l'artiste. Hervé Masson né le 17 janvier 1919, est décédé le 13 mai 1990. Il est le deuxième fils d'une fratrie qui produisit
un écrivain-poète de renom en Loys Masson, un jour– naliste pamphlétaire en André Masson, et un critique d'art et sculpteur à ses heures, Lucien Masson. L'homme commence sa carrière artistique dans la gravure sur bois pour illustrer des textes de Loys et de Malcolm de Chazal. On compte, au total, plus d'une soixantaine d'expositions entre Maurice, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, le Canada, et les États-Unis. L'artiste est aussi connu pour son engagement en politique. Il intègre le Parti Travailliste dès 1941. Antico– lonialiste, ses écrits militent dès 1963 pour l'indé– pendance. À partir de 1969, il rejoindra le Mouvement Militant Mauricien (MMM). Rédacteur en chef du journal Le Militant, il sera condamné à 6 semaines de travaux forcés en février 1972, pour avoir déclaré que le chef de la police avait du « caca de camaron pour cervelle ! » Injure qualifiée d'acte de sédition.