Il faut réguler Airbnb et le para-hôtelier
L'AHRIM et les autorités se penchent actuellement sur des mesures à prendre pour mieux encadrer la croissance d'Airbnb et du para-hôtelier en général à Maurice. De nombreuses destinations comme Paris, New York, le Japon, tentent actuellement de légiférer et réguler ce mode d'hébergement qui gagne chaque jour du terrain, Berlin l'ayant même interdit.
Il semblerait que nous ayons entre 3 000 et 4 800 hébergements à Maurice et Rodrigues référencés sur Airbnb. Or, la Tourism Authority n'a que 1 000 opérateurs référencés hors hôtels (résidences, guesthouses, appartements, villas,…), représentant environ 8 000 chambres. Il y aurait donc de nombreux opé– rateurs non licenciés, ce qui fait dire à l'AHRIM que ce secteur doit être mieux régulé afin de garantir un bon niveau de qualité et de sécurité aux voyageurs choisissant ce mode d'hébergement. Il faudrait sans doute (et je pense que cela est à l'étude) que les autorités simplifient les procédures de licences afin de moins décourager les opérateurs locatifs individuels et ainsi avoir un meilleur contrôle de l'hébergement para-hôtelier. La menace d'Airbnb (et des autres opérateurs du même type, Homeaway, Sleepout, Wimdu…) pour l'image de notre industrie touristique se situe surtout au niveau du manque de contrôle qualitatif et sécuritaire. Les hôteliers comprennent que le para-hôtelier (40 % des nuitées touristiques) se développe dans une destination touristique mature comme peut l'être l'Île Maurice, mais il faut que la concurrence soit loyale au niveau des normes et des taxes perçues, et que cette évolution ne dégrade pas le prestige de la destination Maurice. Nous ne devons pas combattre l'économie de partage (échange de maison, couch surfing, etc.…) ni Airbnb qui, par sa notoriété et popularité peut faire croître nos arrivées touristiques. Les clients qui choisissent Airbnb le font pour le prix, mais aussi pour être indépendants, en général en famille, et mieux découvrir la vie à la mauricienne - d'ailleurs les hôteliers font maintenant beaucoup d'efforts pour encourager les clients à sortir de l'hôtel et découvrir l'île. Les repeaters,
après avoir été à l'hôtel plusieurs fois, se familiarisent avec d'autres modes d'hébergement. On peut donc considérer que ce type de séjour, s'il est bien encadré, aide aussi le tourisme inclusif. Et ce serait encore plus le cas si Airbnb développait à Maurice, la commercialisation d'expériences, comme c'est le cas dans d'autres destinations, à condition que cela se fasse dans la transparence avec des opérateurs crédibles. Si la plateforme Airbnb est incompatible avec les chambres d'hôtels, de nombreuses villas se vendent à travers ce réseau. La location para-hôtelière voit donc en Airbnb un nouveau canal de distribution simple, moins coûteux en commission que les OTA et une offre complémentaire. Je pense qu'au niveau national, il nous faut établir dans notre plan stratégique touristique, une vision claire de l'équilibre que nous souhaitons entre l'offre hébergement (hôtelier et para-hôtelier), le nombre de sièges avion, et pour tout cela, le type de clientèle. Ce n'est pas encore bien défini actuellement. Nous avons également à régler le statut des bungalows sur les terrains à bail. Ceux-ci doivent, d'après les nouveaux règlements, passer d'un bail résidentiel à un bail industriel, mais il y a litige et des cas en cour. L'AHRIM n'a pas pris position sur ce dossier mais une clarification rapide est nécessaire. Airbnb peut augmenter les recettes touristiques glo– bales (si elles sont déclarées), mais aussi faire baisser la dépense moyenne par touriste. Mais des questions persistent : Est-ce-que Airbnb menace l'emploi, comme affirmé par certaines villes ? Est-ce que Airbnb contribue à faire augmenter les loyers en favorisant les locations court terme ? Le débat reste entier.
« Nous ne devons pas combattre l'économie de partage (échange de maison, couch surfing, etc.…) ni Airbnb qui, par sa notoriété et popularité peut faire croître nos arrivées touristiques »