Océan Indien : des voyages dans le voyage
Au moment où nous bouclions cette Édition Spéciale 2019, l’île Maurice étiat en pleine effervescence avec la tenue des 10e Jeux des îles de l’océan Indien ( JIOI). Comme à chaque fois, cette réunion des athlètes, mais aussi des supporters, met en avant la communion des différents peuples de la région séparés par l’océan mais unit dans la fierté toutes les îles de la région. Les JIOI sont la vitrine de la communauté de l’espace sportif, marin et aussi culturel des îles de l’océan Indien au- delà des plages et des cocotiers. C’est aussi ce que recherchent le voyageur et le touriste d’aujourd’hui : des expériences locales qui vont à la rencontre des peuples. C’est cet esprit de partage que nous avons souhaité vous proposer dans cette nouvelle Édition Spéciale devenue désormais incontournable à l’occasion du salon du tourisme IFTM ( Top Resa) de Paris. Nous avons choisi d’aller aux sources des fibres culturelles et artistiques des habitants en racontant leurs héritages issus des pays de peuplement. Carrefour du trafic maritime depuis des siècles, l’océan Indien a tout naturellement amené des migrants de différents continents qui se sont installés, de gré ou de force, sur ses îles. Des installations souvent faites dans la douleur de l’éloignement et l’arrachement de leur terre natale. Néanmoins, on retrouve partout des héritages qui ont été préservés, malgré certaines adaptations obligées aux différents contextes et conditions locales. Parmi ces héritages, certaines traditions ancestrales comme le Geet Gawai et le Sega Tipik à l’île Maurice, le Sega Tambour à Rodrigues et le Moutya aux Seychelles ont toujours leur place dans la vie quotidienne des îliens. Longtemps tenues à l’écart, parfois considérées avec dédain, ces pratiques retrouvent aujourd’hui un nouveau souffle grâce aux efforts de ceux qui ont compris l’importance de leur préservation et de leur continuation. Des combats reconnus par l’Unesco qui a inscrit les trois premiers au Patrimoine mondial immatériel de l’Humanité et s’apprête à faire de même pour le dernier. À côté de ces richesses culturelles, existent aussi des héritages dans d’autres domaines comme la cuisine. La cuisine de nos îles, ou plutôt les cuisines devrait- on dire, est le produit de décennies, voire de siècles de métissage, de plats partagés autour d’une table où l’arak ( rhum local) donnait du courage aux hommes, des bols de nourriture échangés dans les champs, d’une restauration de rue aux couleurs chatoyantes et aux saveurs exotiques, de gajacks dégustés sur le comptoir des tavernes, des grillades sur du charbon de filaos au bord de mer, de repas de fêtes… C’est une cuisine qui raconte la construction des peuples respectifs et qui les unit. L’exemple des différences entre le rougaille ou le cari de La Réunion et de Maurice montre bien comment, à partir d’une même recette, les plats changent en saveurs et couleurs. Ces quelques exemples de la culture des îles de l’océan Indien reflètent la richesse de ses peuples. Voir des Rodriguais danser le Sega Tambour, ce n’est pas seulement comprendre l’histoire des habitants de cette perle posée au coeur de l’océan, c’est aussi entreprendre un autre voyage aux sources de sa musique. On part vers l’Afrique toute proche, mais ce sont des instruments venus d’Europe qui jouent les mélodies du continent noir. Goûter un briani, c’est goûter à un des plats de fête à Maurice mais c’est aussi une remontée vers l’Iran en passant par l’Inde. Déguster un farata au bord d’une route, c’est remonter à l’histoire des migrants obligés de préparer des pains consistants pour affronter une dure journée aux champs. Découvrir la culture de nos îles pendant vos vacances, c’est faire des voyages dans votre voyage en prenant le temps de découvrir ces expériences locales. Venir dans les îles de l’océan Indien, c’est réaliser en un séjour, une infinité de possibilités. Alors qu’attendez- vous !