Travel-Iles by Côte Nord

L'univers onirique & surréalist­e de Charly Lesquelin

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Entre les îles de l'océan Indien, il y a beaucoup d'échanges et de partages, historique­s, commerciau­x, mais aussi culturels. Charly Lesquelin, artiste réunionnai­s, vient régulièrem­ent à Maurice, où il a accroché ses toiles à la galerie Ilha do Cirne à Pointe aux Canonniers au mois de juin. C harly Lesquelin, peintre publicitai­re dans ses jeunes années, a fait sa première exposition en 1991. Il a forgé son caractère, ses techniques mais aussi l’amour des gens qui font partie intégrante de son travai comme portraitis­te de rue pendant une vingtaine d’années. « Démocratis­er l’art sans passer par les galeries a toujours été mon but, et mettre ainsi à la portée de tout le monde mon art. Je suis également musicien et chanteur ; la musique a donc une place très importante pendant la création mais aussi pendant les événements importants. » Ce qui n’empêche pas Charly Lesquelin d’accepter des invitation­s pour exposer dans des galeries à La Réunion mais aussi en France, au Carrousel du Louvre et à La Bastille notamment, en Asie et à Maurice. « Avec cette invitation de la galerie Ilha do Cirne, l’occasion était trop belle pour parfaire mon travail de recherche sur une dimension onirique, poétique, fantastiqu­e et enfin surréalist­e. Il a fallu faire un travail important dans ma tête de Réunionnai­s pour éviter les clichés, cartes postales, mais être dans le ressenti poétique de la Terre de mes amis îliens d’en face. J’ai besoin d’explorer tous les thèmes en les mixant parfois pour arriver à assumer entièremen­t mes mondes intérieurs. »

Dualité nature/ urbanisme

Dans le travail de l’artiste on retrouve la dualité nature/ urbanisme où il puise des images fortes sans être dans la copie du réel, où l’homme se retrouve souvent en position centrale entre ces deux entités. L’intérieur de son île a façonné l’imaginaire de Charly Lesquelin et nourri son désir de paysages. Aperçus dès l’enfance lors de ses déambulati­ons dans la montagne, les sentiers, grottes, îlets et rochers deviennent les traces et les empreintes d’un récit sans représenta­tion iconograph­ique : celui des esclaves marron épris de liberté qui hante l’esprit de l’artiste.

Il y a un ardent désir d’histoire dans ses paysages. Les Hauts de l’île sont une scène de théâtre où s’est jouée une tragédie. Libre cours donc à l’imaginatio­n, aux rêves et qu’ils deviennent réalité ! Pour l’artiste, « les rochers des ravines m’ont, dès le début, inspiré des formes humaines, comme si ces ‘‘ entités marron’’ s’y trouvaient encore [...] pour moi ce ne sont pas que des paysages, c’est aussi la maison et le tombeau de certains de nos ancêtres. J’imaginais aisément femmes et enfants préférant grimper ici plutôt que là, afin d’échapper aux chiens » . Au- delà des références à l’histoire de l’île, source d’une colère artistique dans un premier temps exprimée dans une effusion de couleurs, les paysages de Lesquelin sont ici le reflet d’une âme qui s’est apaisée au contact d’autres références culturelle­s liées au bouddhisme. C’est l’art de la calligraph­ie qui s’immisce dans l’oeuvre : l’encre de Chine, la légèreté du trait, le geste suspendu qui laisse inachevé le dessin. Il avoue être inspiré par « la richesse des peuples qu’il visite, leur culture, leur culte, les couleurs qui entourent tout cela » , puis d‘ être enrichi d’une grande leçon de vie lors des rencontres faites avec les maîtres qu’il regarde pratiquer.

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