L'lie aux Aigrettes
Une idée de la faune et de la flore de l'île Maurice d'avant l'Homme
A quelques centaines de mètres de la côte sud- est, une petite île, ovale et plate de 27 hectares d'origine corallienne abrite un des derniers vestiges de la forêt côtière endémique de Maurice. On y retrouve de nombreuses espèces de plantes et d'animaux uniques de l'île qui y vivent paisiblement.
Quand on arrive sur l’ile aux Aigrettes, on a l’impression de découvrir l’île Maurice d’il y a 400 ans, un petit bout de paradis où l’homme n’avait jamais mis les pieds : une ile à la nature verdoyante et luxuriante, dans un lagon turquoise, abritant une flore diverse et des animaux qui se prélassent tranquillement au soleil… Si l’île aux Aigrettes était bien dans cet état à l’origine, elle a connu prédateurs, plantes envahissantes, réduction de sa forêt et visites non- règlementaires avec l’arrivée de l’homme et a nécessité, par la suite, un gros travail de restauration pour retrouver cette quiétude et cette biodiversité riche.
Base militaire
A leur arrivée à Maurice, les colons ont causé des dégâts considérables sur la flore et la faune endémiques en abattant des arbres, en détruisant l’habitat des espèces animales ou en les tuant pour se nourrir, mais aussi en emmenant avec eux des plantes et des animaux qui n’existaient pas sur l’île et qui représentaient une menace pour les espèces endémiques. L’île aux Aigrettes n’a pas été épargnée. Les Français y construisirent un poste avancé et l’île servit également de base militaire britannique durant la seconde Guerre Mondiale D’ailleurs, on retrouve toujours deux gros canons érigés sur l’ile datant de cette époque. Décrétée réserve naturelle en 1965, elle est aujourd’hui un patrimoine naturel, un symbole de réussite de la restauration. C’est d’ailleurs sans doute une de plus belle réussites de la Mauritian Wildlife Foundation, notamment grâce à ses équipes qui ont travaillé sans relâche depuis qu’elle y a initié un projet de restauration de l’habitat en 1985 et que la gestion de l’île lui a été confiée en 1987. Ses équipes ont défriché l’île, enlevant des plantes introduites qui se répandent et grandissent rapidement, replantant diverses espèces de plantes rares, dont plusieurs endémiques de Maurice telles que le bois d’ébène, le latanier bleu, le palmier bouteille, le bois de boeuf, le vacoas… Une pépinière a également été installée sur l’îl, et produit aujourd’hui jusqu’à 6 000 plantes par an afin d’assurer la survie des espèces endémiques rares mais aussi afin de pourvoir les divers autres projets de restauration de Maurice.
Ce n’est qu’après avoir enlevé les prédateurs, tels les rats, qui représentaient une menace pour la survie des espèces endémiques, lorsque l’île a été restaurée pratiquement à l’état où elle était avant l’arrivée de l’homme, que les équipes de la Mauritian Wildlife ont réintroduit petit à petit des espèces animales endémiques qui s’y trouvaient : des oiseaux comme le pigeon des Mares, le cardinal de Maurice, l’oiseau à lunettes, des reptiles comme le scinque de Telfair ou encore le gecko de Günther. « La réintroduction des espèces ne s’est pas faite au hasard. Nous avons des équipes de scientifiques qui évaluent de manière continue la santé des écosystèmes. De nombreuses études ont été effectuées au préalable afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de menaces lorsqu’on réintroduit une espèce mais aussi pour garantir qu’elle aura de la place pour pondre ses oeufs, par exemple, et qu’elle aura de quoi se nourrir. Puis on fait un suivi pour vérifier que l’espèce se porte bien et qu’elle n’a pas de maladies » , fait ressortir Martine Goder, Islands Restoration Senior Coordinator à la Mauritian Wildlife.
Symbole d'espoir
L’ile aux Aigrettes est ainsi devenue un sanctuaire pour ces espèces endémiques qui ont du mal à survivre sur l’ile principale. Mais plus que cela, la réintroduction de ces animaux a permis de recréer
des liens dans un écosystème qui avait été dégradé. « Quand il n’y avait pas d’animaux sur l’île, les fruits des plantes endémiques n’étaient pas dispersés dans la nature et les fleurs n’étaient pas pollinisées. » C’est aussi pour aider à recréer cet écosystème que des tortues géantes d’Aldabra des Seychelles ont été introduites sur l’île. Car si cette espèce n’est pas native de l’île, elle remplit la fonction des deux espèces de tortues terrestres endémiques de Maurice qui ont disparu : elle disperse des graines de plantes et éclaircit la forêt en mangeant les feuilles sur son passage. « L’île aux Aigrettes est un symbole d’espoir, cela montre que c’est possible de reconstruire ce qui a été détruit. C’était essentiel de le faire afin que les Mauriciens puissent découvrir leur patrimoine naturel. »