Joël Randriamandranto
« De gros travaux infrastructurels en cours pour le confort des touristes »
Le nouveau ministre des Transports, du Tourisme et de la Météorologie, Joël Randriamandranto, est conscient de la capacité encore faible de Madagascar à attirer les touristes. Dans cette interview, il parle des grands chantiers actuellement en cours pour changer cet état des choses et explique les mesures mises en place pour garantir la sécurité des visiteurs.
V ous venez de prendre vos fonctions, quel est votre constat sur la situation du tourisme à Madagascar ? Malgré son potentiel unique au monde, Madagascar n’a enregistré que 250 000 arrivées en 2018. La capacité d’hébergement aux normes internationales reste encore insuffisante compte tenu de la superficie du territoire. Les statistiques enregistrées ces dernières années relèvent quelques faiblesses, mais plusieurs améliorations sont en cours et je suis confiant des retombées positives d’ici peu pour Madagascar.
Comment comptez- vous attirer plus de visiteurs ?
Pour atteindre le cap des 500 000 touristes en 2023, le ministère des Transports, du Tourisme et de la Météorologie a établi cinq axes stratégiques. Premièrement, augmenter la capacité d’hébergement par le développement des infrastructures hôtelières aux normes internationales par le biais d’investissements nationaux et internationaux dans toutes les régions de Madagascar. Deuxièmement, diversifier l’offre touristique à travers l’écotourisme, le tourisme sportif, le tourisme balnéaire, l’agritourisme, le tourisme fluvial, le tourisme de luxe et tant d’autres ; troisièmement, allouer un budget conséquent à la promotion de la destination pour une meilleure visibilité au niveau mondial. Quatrièmement, développer l’accessibilité au niveau international et national en ce qui concerne le transport aérien, maritime et fluvial, ferroviaire et terrestre. Et enfin, valoriser le tourisme national qui constitue un apport considérable au développement économique régional. Par la répartition des richesses nationales, le tourisme national permet l’atténuation des effets de la saisonnalité du tourisme international sur la rentabilité des entreprises touristiques en général, et des établissements d’hébergement en particulier.
Une application téléchargeable gratuitement permettra à tous les voyageurs de localiser les différents services les plus proches tels que les hôtels, les stations- services, les guichets automatiques de banque, les restaurants, les garages, les contacts des forces de sécurité, les centres de soins et d’autres informations pratiques qui leur permettraient de passer un séjour tranquille.
La question de l'insécurité et des lourdeurs administratives fait tiquer les touristes potentiels; comment les rassurer ?
Afin d’apporter des solutions efficaces contre l’insécurité, une collaboration avec plusieurs ministères est en cours actuellement. Pour le confort des touristes et une meilleure gestion des imprévus, une application téléphonique a été initiée par le ministère est prévue pour être opérationnelle avant la fin du mois de juillet. Cette application téléchargeable gratuitement permettra à tous les voyageurs de localiser les différents services les plus proches tels que les hôtels, les stations- services, les guichets automatiques de banque, les restaurants, les garages, les contacts des forces de sécurité, les centres de soins et d’autres informations pratiques qui leur permettraient de passer un séjour tranquille.
Trois aires de service, de sécurité et de repos ( ASSR) sont en cours d’aménagement sur la RN7, et une autre sera mise en place sur la RN2. Pour la sécurité des touristes nationaux et internationaux, l’identification des zones dangereuses, et le balisage sur la RN4 et RN2 ont déjà été effectués.
L’installation des balises se fera cette année même. La numérisation de certains services publics, comme l’instauration du e- visa, permettra le traitement des dossiers en temps réel. L’assainissement de l’aéroport d’Ivato, porte d’entrée de Madagascar, a été initié afin de réduire toutes formes de corruption qui écornent l’image de Madagascar.
Une ligne verte est aussi mise en place pour que tout voyageur puisse interpeller les autorités en temps réel dans le cas d’une tentative de corruption ou de dysfonctionnement administratif.
Madagascar souffre aussi de faiblesses d'infrastructures et de faible connectivité. Comment y remédier ?
Concernant la stratégie de développement des infrastructures à Madagascar, un Forum des Investisseurs est prévu du 17 au 20 septembre prochains ( NDLR l’interview a été réalisée au mois de juillet). Les deux premiers jours d’atelier se dérouleront à Antananarivo et les deux jours restants seront destinés aux visites de sites. Cet événement permettra la rencontre entre les investisseurs, les opérateurs et les porteurs d’affaires nationaux et internationaux.
Les secteurs prioritaires sont l’hôtellerie, les ports, les aéroports, l’aérien, le ferroviaire, le maritime et fluvial. Pour la réussite de ce forum, nous travaillons avec plusieurs partenaires dont certains ministères, l’Economic Development Board of Madagascar, Madagascar National Parks, la société Aéroports de Madagascar, l’Agence portuaire, maritime et fluviale, l’aviation civile de Madagascar, l’Office national du Tourisme à Madagascar, et des cabinets spécialisés tels qu’Emergeo ou TDB.
Le ministère projette de développer tous les moyens pour désenclaver les régions difficiles d’accès en modernisant les anciennes structures existantes ou en construisant de nouvelles structures. Ainsi, dans l’esprit de transformer la mer en route maritime, nous avons commencé l’étude de faisabilité de la construction d’une gare maritime à Foulpointe et nous projetons de commencer les travaux cette année pour terminer en 2020. Dès l’année prochaine, les voyageurs pourront rejoindre Foulpointe de Toamasina par la mer.
De plus, concernant le transport fluvial, plus précisément sur le canal des Pangalanes, une drague est déjà disponible à Madagascar et la navigation entre Mananjary et Toamasina sera opérationnelle au plus tard vers la fin de cette année. Dès l’année prochaine les opérateurs pourront proposer à leurs voyageurs une croisière fluviale.
Et le dernier et non le moindre, au niveau du transport ferroviaire, nous avons déjà initié la recherche de deux locomotives et d’une rame pour améliorer la régularité de la ligne Fianarantsoa- Manakara. Si tout se passe comme prévu, ces deux locomotives seront sur les rails dès cette année.
Le marché des croisières prend de l'ampleur dans les îles Vanille. Comment Madagascar compte y trouver sa part ?
Fournir des infrastructures modernes et des services de qualité des usagers fait partie des priorités du Programme Général de l’Etat et contribue au programme présidentiel décrit dans le document « Initiative pour l’émergence de Madagascar » ( IEM). En effet, le développement du sous- secteur maritime et fluvial fera l’objet d’une grande intention.
Etant donné sa dénomination « La Grande Île » , Madagascar possède plus de 5 000 Km de côtes exploitables qui sont prévues pour le développement des routes maritimes. Dans ce sens, et faisant suite au Forum du mois de septembre prochain, nous espérons concrétiser plusieurs projets tels que les aménagements portuaires, les exploitations de lignes de ferries et une installation de chantiers navals.