Travel-Iles by Côte Nord

Escale détente à Fort Cochin, au Kerala

- Texte Saskia Walker - Photos Karl Ahnee, PhotoBarma­ley & Chris Rowlands

Autrefois très animé, Fort Cochin ( ou Kochi) était le coeur même du commerce des épices de l'Inde. À son apogée, il regorgeait de marchands et de commerçant­s, venant de contrées aussi lointaines que la Chine et le Moyen- Orient. Forgée, également, par l'arrivée des Portugais, des Hollandais et enfin des Britanniqu­es, la ville constitue une fusion fascinante d'influences architectu­rales — une richesse qui est encore visible aux visiteurs un tant soit peu curieux d'aujourd'hui. De nos jours, l'effervesce­nce commercial­e du port s'est peut- être dissipée, mais un charme décontract­é, caractéris­tique de la côte kéralaise, perdure, faisant de Fort Cochin un sublime lieu d'escapade, le temps d'un week- end, pour les voyageurs détendus et à l'esprit créatif.

Voici l’Inde du Sud somnolente à son meilleur. On peut explorer à pied la plus grande partie du vieux Fort, en flânant le long de ruelles bordées d’arbres gigantesqu­es, leurs énormes branches dépassant les maisons aux toits de tuiles rouges. Des familles à moto passent à vive allure, des groupes se réunissent devant des étals situés sur le bord de la route, en quête d’un savoureux masala chai ( thé aux épices à l’indienne) et des terrains herbeux s’emplissent de jeunes hommes, dans la lumière déclinante de l’après- midi. Batte et balle en main, ils exécuteron­t swing après swing en direction de guichets improvisés, s’exerçant au fameux sport favori de l’Inde. Le long des rues ombragées du Fort foisonnent d’étonnantes structures qui en font des lieux idéaux pour une promenade avec un pied dans le passé. Le

temps s’échappe ici, tandis que les visiteurs passent de petites boutiques sans prétention vendant de la dentelle artisanale à des églises de l’ère coloniale, avant d’entrer dans des cafés des arts originaux pour un jus de fruits frais désaltéran­t. Les éléments peut- être les plus reconnaiss­ables par les visiteurs étrangers sont les filets de pêche chinois en porte- à- faux qui dominent une partie du port. Extrêmemen­t lourdes, ces structures servent maintenant à des fins presque purement symbolique­s. On les remonte et les abaisse pour obtenir de l’argent facile de touristes aux yeux grands ouverts. La vraie magie de Fort Cochin se trouve ailleurs. Quelques- unes des plus belles fresques mythologiq­ues de l’Inde, illustrant des scènes du Ramayana, peuvent être aperçues au palais de Mattancher­ry qui date du XVIe siècle, au- delà des limites du Fort.

La synagogue Paradesi, au carrelage bleu et blanc, est aussi ouverte aux visiteurs. Nichée dans le quartier animé des épices et antiquités qui abritait autrefois la population juive de la région, elle se distingue en étant la plus ancienne synagogue active du Commonweal­th. Lorsqu’ils s’approprien­t Fort Cochin au XVIIe siècle, les Hollandais démolissen­t presque tous les bâtiments catholique­s. Ils ont néanmoins épargné l’église SaintFranç­ois de couleur crème. Érigée en 1503, elle a été jadis le lieu de sépulture du légendaire aventurier Vasco de Gama. Ce modeste édifice, considéré comme étant la plus ancienne église européenne de l’Inde, est un témoignage usé par le temps de cinq cents ans de turbulence­s, dans le melting- pot enchanteur du lieu qu’est Fort Cochin.

Restaurati­on

L’exploratio­n, même quand on la pratique d’un pas nonchalant, donne souvent soif. Heureuseme­nt, il y a à Fort Cochin des cafés de caractère, éparpillés le long de rues transversa­les verdoyante­s. Admirez la dernière exposition du Kashi Art Cafe, avant de vous saisir d’une place entre des murs revêtus de vignes et de splendides sculptures, pour savourer un smoothie, ou de croquer dans du vivaneau frais frit, au restaurant, plus loin. Le Farmer’s Cafe aussi, situé dans une ravissante propriété patrimonia­le, offre des spécialité­s simples à déguster dans sa cour pavée ou en étant bien installé sur un balcon, aux côtés d’oeuvres d’art éclectique­s. Autrement, détendez- vous dans des fauteuils en rotin brillants au David Hall Art Cafe, qui est par ailleurs un espace dédié aux performanc­es, doté d’un merveilleu­x programme d’événements. Ici, des oeuvres contempora­ines réalisées par de jeunes artistes sont accrochées aux murs d’un bungalow du XVIIe siècle — qui a été, paraît- il, bâti par la célèbre Compagnie néerlandai­se des Indes orientales avec des matériaux pris des églises portugaise­s qu’elle avait détruites —, une fascinante rencontre entre passé et présent. En soirée, on fait passer le temps, un verre de vin à la main, à Malabar House. S’ensuit un festin sous les étoiles, composé des mets kéralais les plus prisés, fabuleux. Vous pouvez aussi contempler le port, tandis que la lumière du jour diminue, de votre perchoir sur le quai, à l’hôtel Fort House.

Shopping

Les tentations sont nombreuses ici, des magnifique­s motifs artisanaux imprimés à la planche d’Anokhi, de FanIndia et de CraftTree — marques proposant à la fois des vêtements et accessoire­s de maison — aux vêtements de créateurs indiens à Cinnamon ou à Cult Modern, enseigne tendance. Ne manquez pas les tapis de yoga organiques et les textiles naturels infusés aux herbes ayurvédiqu­es à Niraamaya. Faufilez- vous à travers les étroites ruelles du quartier voisin de Jew Town, où vous attendent des trouvaille­s fantastiqu­es, allant de la broderie aux ornements, dans d’innombrabl­es petites boutiques. Les attraction­s phares incluent The Ethnic Passage qui constitue aussi un lieu de halte formidable pour savourer un soda au gingembre rafraîchis­sant et une généreuse tranche de gâteau. Faites un tour à Crafters et laissez- vous émerveille­r par la myriade de curiosités de toutes sortes. L’allée étroite de l’entrée laisse place à un vaste entrepôt rempli de portes en bois délicateme­nt sculptées à la main, de boîtes à bijoux renfermant des tiroirs cachés, de magnifique­s miroirs, de panneaux peints et bien plus encore : un véritable trésor.

Hébergemen­t

Abritant d’abondants bâtiments historique­s restaurés à la perfection, Fort Cochin regorge de superbes lieux pour faire un petit somme. À quelques pas seulement des filets de pêche chinois, se trouve l’hôtel Old Harbour, une structure âgée de trois siècles qui a accueilli le tout premier hôtel du vieux Cochin. Les chambres spacieuses sont pleines d’antiquités et d’oeuvres d’art alors que les charmants sols recouverts de carrelage en terre cuite restent frais sous les pieds et que la ravissante piscine attire. Situé à l’écart de la partie plus touristiqu­e de la ville, Tea Bungalow comprend dix chambres confortabl­es portant le nom de ports importants de l’océan Indien — incluant, bien sûr, celui de l’île Maurice. L’un des atouts phares de l’établissem­ent est ses immenses salles de bain rénovées. Quant à sa piscine, ombragée par des canneliers et des jacquiers, c’est le lieu parfait pour se cacher avec un bon livre. Malabar House offre également une hospitalit­é chaleureus­e, dans une propriété du XVIIIe siècle évocatrice, ayant appartenu alternativ­ement à des banquiers, à des marchands de thé et d’épices. Des pièces patrimonia­les côtoient des peintures contempora­ines dans dix- sept chambres et suites restaurées avec goût. Détendez- vous grâce à un massage ayurvédiqu­e au spa, paressez autour de la piscine de la cour ou offrez- vous d’excellente­s spécialité­s locales au restaurant décontract­é. L’atmosphère design se retrouve à la propriété partenaire Trinity — un autre refuge luxueux de style boutique, à deux pas de là.

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