Escale détente à Fort Cochin, au Kerala
Autrefois très animé, Fort Cochin ( ou Kochi) était le coeur même du commerce des épices de l'Inde. À son apogée, il regorgeait de marchands et de commerçants, venant de contrées aussi lointaines que la Chine et le Moyen- Orient. Forgée, également, par l'arrivée des Portugais, des Hollandais et enfin des Britanniques, la ville constitue une fusion fascinante d'influences architecturales — une richesse qui est encore visible aux visiteurs un tant soit peu curieux d'aujourd'hui. De nos jours, l'effervescence commerciale du port s'est peut- être dissipée, mais un charme décontracté, caractéristique de la côte kéralaise, perdure, faisant de Fort Cochin un sublime lieu d'escapade, le temps d'un week- end, pour les voyageurs détendus et à l'esprit créatif.
Voici l’Inde du Sud somnolente à son meilleur. On peut explorer à pied la plus grande partie du vieux Fort, en flânant le long de ruelles bordées d’arbres gigantesques, leurs énormes branches dépassant les maisons aux toits de tuiles rouges. Des familles à moto passent à vive allure, des groupes se réunissent devant des étals situés sur le bord de la route, en quête d’un savoureux masala chai ( thé aux épices à l’indienne) et des terrains herbeux s’emplissent de jeunes hommes, dans la lumière déclinante de l’après- midi. Batte et balle en main, ils exécuteront swing après swing en direction de guichets improvisés, s’exerçant au fameux sport favori de l’Inde. Le long des rues ombragées du Fort foisonnent d’étonnantes structures qui en font des lieux idéaux pour une promenade avec un pied dans le passé. Le
temps s’échappe ici, tandis que les visiteurs passent de petites boutiques sans prétention vendant de la dentelle artisanale à des églises de l’ère coloniale, avant d’entrer dans des cafés des arts originaux pour un jus de fruits frais désaltérant. Les éléments peut- être les plus reconnaissables par les visiteurs étrangers sont les filets de pêche chinois en porte- à- faux qui dominent une partie du port. Extrêmement lourdes, ces structures servent maintenant à des fins presque purement symboliques. On les remonte et les abaisse pour obtenir de l’argent facile de touristes aux yeux grands ouverts. La vraie magie de Fort Cochin se trouve ailleurs. Quelques- unes des plus belles fresques mythologiques de l’Inde, illustrant des scènes du Ramayana, peuvent être aperçues au palais de Mattancherry qui date du XVIe siècle, au- delà des limites du Fort.
La synagogue Paradesi, au carrelage bleu et blanc, est aussi ouverte aux visiteurs. Nichée dans le quartier animé des épices et antiquités qui abritait autrefois la population juive de la région, elle se distingue en étant la plus ancienne synagogue active du Commonwealth. Lorsqu’ils s’approprient Fort Cochin au XVIIe siècle, les Hollandais démolissent presque tous les bâtiments catholiques. Ils ont néanmoins épargné l’église SaintFrançois de couleur crème. Érigée en 1503, elle a été jadis le lieu de sépulture du légendaire aventurier Vasco de Gama. Ce modeste édifice, considéré comme étant la plus ancienne église européenne de l’Inde, est un témoignage usé par le temps de cinq cents ans de turbulences, dans le melting- pot enchanteur du lieu qu’est Fort Cochin.
Restauration
L’exploration, même quand on la pratique d’un pas nonchalant, donne souvent soif. Heureusement, il y a à Fort Cochin des cafés de caractère, éparpillés le long de rues transversales verdoyantes. Admirez la dernière exposition du Kashi Art Cafe, avant de vous saisir d’une place entre des murs revêtus de vignes et de splendides sculptures, pour savourer un smoothie, ou de croquer dans du vivaneau frais frit, au restaurant, plus loin. Le Farmer’s Cafe aussi, situé dans une ravissante propriété patrimoniale, offre des spécialités simples à déguster dans sa cour pavée ou en étant bien installé sur un balcon, aux côtés d’oeuvres d’art éclectiques. Autrement, détendez- vous dans des fauteuils en rotin brillants au David Hall Art Cafe, qui est par ailleurs un espace dédié aux performances, doté d’un merveilleux programme d’événements. Ici, des oeuvres contemporaines réalisées par de jeunes artistes sont accrochées aux murs d’un bungalow du XVIIe siècle — qui a été, paraît- il, bâti par la célèbre Compagnie néerlandaise des Indes orientales avec des matériaux pris des églises portugaises qu’elle avait détruites —, une fascinante rencontre entre passé et présent. En soirée, on fait passer le temps, un verre de vin à la main, à Malabar House. S’ensuit un festin sous les étoiles, composé des mets kéralais les plus prisés, fabuleux. Vous pouvez aussi contempler le port, tandis que la lumière du jour diminue, de votre perchoir sur le quai, à l’hôtel Fort House.
Shopping
Les tentations sont nombreuses ici, des magnifiques motifs artisanaux imprimés à la planche d’Anokhi, de FanIndia et de CraftTree — marques proposant à la fois des vêtements et accessoires de maison — aux vêtements de créateurs indiens à Cinnamon ou à Cult Modern, enseigne tendance. Ne manquez pas les tapis de yoga organiques et les textiles naturels infusés aux herbes ayurvédiques à Niraamaya. Faufilez- vous à travers les étroites ruelles du quartier voisin de Jew Town, où vous attendent des trouvailles fantastiques, allant de la broderie aux ornements, dans d’innombrables petites boutiques. Les attractions phares incluent The Ethnic Passage qui constitue aussi un lieu de halte formidable pour savourer un soda au gingembre rafraîchissant et une généreuse tranche de gâteau. Faites un tour à Crafters et laissez- vous émerveiller par la myriade de curiosités de toutes sortes. L’allée étroite de l’entrée laisse place à un vaste entrepôt rempli de portes en bois délicatement sculptées à la main, de boîtes à bijoux renfermant des tiroirs cachés, de magnifiques miroirs, de panneaux peints et bien plus encore : un véritable trésor.
Hébergement
Abritant d’abondants bâtiments historiques restaurés à la perfection, Fort Cochin regorge de superbes lieux pour faire un petit somme. À quelques pas seulement des filets de pêche chinois, se trouve l’hôtel Old Harbour, une structure âgée de trois siècles qui a accueilli le tout premier hôtel du vieux Cochin. Les chambres spacieuses sont pleines d’antiquités et d’oeuvres d’art alors que les charmants sols recouverts de carrelage en terre cuite restent frais sous les pieds et que la ravissante piscine attire. Situé à l’écart de la partie plus touristique de la ville, Tea Bungalow comprend dix chambres confortables portant le nom de ports importants de l’océan Indien — incluant, bien sûr, celui de l’île Maurice. L’un des atouts phares de l’établissement est ses immenses salles de bain rénovées. Quant à sa piscine, ombragée par des canneliers et des jacquiers, c’est le lieu parfait pour se cacher avec un bon livre. Malabar House offre également une hospitalité chaleureuse, dans une propriété du XVIIIe siècle évocatrice, ayant appartenu alternativement à des banquiers, à des marchands de thé et d’épices. Des pièces patrimoniales côtoient des peintures contemporaines dans dix- sept chambres et suites restaurées avec goût. Détendez- vous grâce à un massage ayurvédique au spa, paressez autour de la piscine de la cour ou offrez- vous d’excellentes spécialités locales au restaurant décontracté. L’atmosphère design se retrouve à la propriété partenaire Trinity — un autre refuge luxueux de style boutique, à deux pas de là.