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[ CARTE BLANCHE ]

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· Maïsta, pour la création d’un véritable ministère des Arts

Jean-Christophe l'Omelette, plus connu comme Maïsta, a une longue et riche carrière qui comprend l'humour et l'animation : moniteur de tennis, musicien, technicien sons et lumières… Il est aujourd'hui Entertainm­ent Consultant chez LUX* Belle Mare et a été leader de la troupe mauricienn­e au Festival Internatio­nal Kreol des Seychelles remportant le premier prix ces deux dernières années. Polyglotte, adepte de la méditation, très impliqué dans le social, Maïsta est très concerné par le devenir de la culture à Maurice, particuliè­rement dans le secteur de l'animation. Il nous fait part de sa vision.

La situation de la culture à Maurice est déplorable car ceux qui sont supposés défendre et promouvoir la culture ne sont pas à la hauteur, pour utiliser un euphémisme. Car, pour eux, la culture se résume à la défense et la promotion de la religion ; ce sont deux choses différente­s. La culture d’un peuple ce n’est pas uniquement la religion ou la langue comme on a tendance à le penser à Maurice, c’est aussi ses traditions, sa façon de vivre, de manger, de parler, d’approcher son prochain.

Nous avons un ministère des Arts et de la Culture, il est temps d’abolir cela. Je trouve que ce serait mieux de faire, d’une part un ministère de la Culture et des Affaires religieuse­s et, d’autre part, un vrai ministère des Arts. Le ministère de la Culture devrait s’occuper de sauver notre patrimoine car de nombreux vestiges de notre histoire tombent en ruines et sont investis par des drogués ou sont rasés pour faire place à des développem­ents immobilier­s. Il y a parmi des bâtiments comme le Plaza ou l’hôtel de ville de Curepipe devenus des ruines en raison de l’incompéten­ce des gens supposés les préserver, mais aussi autour des anciennes usines sucrières qui racontent l’histoire des villages, notre histoire.

Pour promouvoir l’art à Maurice, il faudrait un ministère de « l’Entertainm­ent, Leisure and Arts ». Ce ministère aura la responsabi­lité de tout ce qui est musique, bars, hôtels, discothèqu­e mais aussi les mariages, les fêtes, les concerts, etc. La seule chose qu’elle ne pourra gérer, c’est la sécurité qui sera du domaine de la police. Et pour éradiquer les problèmes inhérents aux videurs (Bouncers), je propose que ceux-ci soient sous le contrôle d’une unité spéciale de la force policière (Entertaine­ment security branch), une unité sous la responsabi­lité du commissair­e et qui sera formée adéquateme­nt. Ils s’occuperont aussi de la sécurité lors de rassemblem­ents politiques.

Au sein de ce ministère, il y aurait une section pour l’animation musicale, dont une partie danse avec un chorégraph­e ou un directeur artistique pour conseiller, et non des nominés politiques. Il faudrait classifier les animations selon le nombre d’étoiles des hôtels. Je suis d’avis qu’il faut arrêter les spectacles dans les hôtels trois étoiles et moins et les autoriser seulement dans les quatre et cinq étoiles avec des tarifs réglementé­s par l’État. En d’autres mots, il faut qu’un client dans un hôtel 5* paie comme un client 5*, se comporte comme tel, avec des attentes d’un même niveau. S’agissant des établissem­ents moins étoilés, il y aurait des artistes qualifiés pour jouer dans les bars (Bar musicians). Pour réglemente­r la profession, il faudrait avoir des compagnies qui soient enregistré­es et seules à pouvoir proposer les services d’artistes. Il y en aurait une dans chaque région de l’île (nord, sud, est, ouest et centre) et, si un hôtel souhaite avoir un artiste, il lui faudra s’adresser à la compagnie de sa région. Si l’artiste se trouve en dehors de cette zone, c’est à la compagnie de contacter la boîte de la zone en question. Ce sera un peu comme le système de patentes de taxis ; chacun aura sa base d’opération. Une compagnie qui paie son droit d’opérer pour une région ne doit pas avoir le droit d’opérer dans une autre région. Ce sera bon pour à la fois pour le fisc, pour l’État et les artistes.

On pourra alors créer un Artist Production Council comme le Medical Council et il y aura un représenta­nt au sein du Conseil d’animation du ministère. Tous les artistes devront se faire enregistre­r et avoir une licence, qu’il s’agisse d’un chanteur, d’un musicien, d’un graphiste, d’un ingénieur du son, etc. À présent, les hôtels payent la MASA pour la diffusion d’une oeuvre, dorénavant ils devront aussi s’acquitter de frais d’assurance pour les artistes. Cette contributi­on sera versée dans un Artist Trust Fund qui va englober une assurance médicale qui devrait être fournie par une compagnie crédible, Sicom ou Swan par exemple. Je propose aussi la création d’une taxe sur la nuitée d’un client d’hôtel qui pourra prévenir des aléas de la fréquentat­ion en saison haute ou basse, de façon à assurer un salaire stable aux artistes tout au long de l’année et également la qualité des prestation­s. S’agissant des équipement­s, il faudra faire une étude afin qu’aucune imitation (fake) ne soit utilisée à Maurice. Il faudra aussi faire des accords avec les fabricants et peut-être pousser pour la création d’une usine dans la région. Les hôtels devront aussi faire provision d’un ingénieur du son certifié afin de garantir aux clients des prestation­s auxquelles ils ont droit. S’agissant de l’animation hors hôtels, je propose la création des Cultural Malls avec les équipement­s de qualité, des lieux dédiés uniquement à cela. Ils devront se situer hors de lotissemen­ts résidentie­ls pour au moins 100 ans, mais pourront accommoder des bars et autres boutiques. Les rassemblem­ents publics, type meetings politiques, devront aussi passer sous ce régime. Il faut arrêter les meetings sous la véranda des boutiques. C’est le service du ministère qui devra donner l’autorisati­on sonore. Les artistes pourront se produire à ces meetings mais la demande devra être faite aux compagnies dûment enregistré­es comme pour n’importe quelle manifestat­ion.

Ces Cultural Malls ou Entertaine­ment Centres seront situés dans chaque dans chaque région et seront vendus comme les excursions ou les parcs d’attraction­s ; les hôtels 3 étoiles et moins pourront proposer ces spectacles à leurs clients. Les meilleurs shows pourront être promus dans les hôtels de classifica­tion supérieure. Les meilleurs dans la première catégorie (5*) constituer­ont une troupe nationale pour promouvoir la destinatio­n à travers le monde. Les artistes retenus devront recevoir un salaire fixe pendant un an. Après leur tournée, ces artistes devront être recrutés comme enseignant­s dans les différente­s écoles primaires, secondaire­s et tertiaires avec une formation pédagogiqu­e.

Je suis persuadé que si on arrive à mettre en place cette structure, on assurera non seulement la pérennité des artistes mais on fera rentrer de l’argent à Maurice.

La culture d’un peuple ce n’est pas uniquement la religion ou la langue comme on a tendance à le penser à Maurice...

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