Travel-Iles by Côte Nord

Les doigts de fée de Janine

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Une boule d'argile, un tour et des mains habiles : c'est tout ce qu'il faut à Janine Espitalier-Noël pour faire naître de magnifique­s objets qui iront personnali­ser les tables de restaurant­s d'hôtels ou de particulie­rs. Portrait d'une passionnée de poterie.

Quand nous poussons les portes de son atelier à Domaine de Rosalie, d’Epinay, nous découvrons un véritable musée de la poterie : bols, plats, assiettes, objets décoratifs… la liste de ses oeuvres d’art en voie de finition ou en attente de leurs commandita­ires est longue. On sent que Janine ne vit que pour sa passion, découverte à l’âge de 16 ans par l’entremise de sa belle-mère. À Maurice depuis 11 ans, elle a enseigné la poterie aux quatre coins de l’île et a démontré que cela pouvait être une source de revenus. « Pour devenir un bon potier, il faut savoir d’abord travailler l’argile en expulsant tout l’air qu’elle peut contenir ; savoir bien s’asseoir sur son tour, bien centrer l’argile : le reste vient avec la pratique. »

Pour produire ses belles créations, Janine utilise une argile déjà humidifiée en provenance d’Afrique du Sud. « On peut utiliser de la poudre d’argile mais il faudrait alors un moulin pour bien la mélanger avec de l’eau afin d’obtenir une bonne pâte. Différente­s argiles peuvent être utilisées pour avoir différents effets. »

Janine prend la boule de pâte et la dépose avec force au centre. Ensuite, elle presse la pédale du tour tout en bloquant la boule de la main gauche alors que la droite presse de l’autre côté avec deux doigts qui creusent au centre pour former un bol. « Il faut garder le contrôle et avoir les mains toujours mouillées, ne pas tourner trop vite. »

Ses mains pressent et relâchent jusqu’à arriver à l’épaisseur voulue. Puis, vient le moment clé où il faut délicateme­nt décoller l’oeuvre de la table à l’aide d’un fil de fer. Un geste que Janine exécute à la perfection avec une dextérité chirurgica­le. Le bol est placé sur un plateau, puis mis à sécher dans une armoire. « Le lendemain, on retourne le bol pour faire graver des inscriptio­ns s’il y a lieu, l’objet va y rester pendant une semaine avant d’être mis dans un four (cela prend 12 heures pour le chauffer et deux à trois jours pour le refroidir). » Après la cuisson, l’objet est refroidi, plongé dans un vernis avec les coloris voulus puis remis dans un autre four pour la finition. « La cuisson peut se faire à l’ancienne avec un feu au sol mais la meilleure méthode reste le four », assure la potière.

Si Janine vit de sa passion, elle avoue y trouver aussi un exutoire. « Quand vous travaillez l’argile vous ne pensez à rien d’autre ; tous vos problèmes sont évacués car vous êtes concentrés sur votre travail. Faire de la poterie est une forme de thérapie extraordin­aire, car il n’y a que vous, votre tour et votre boule d’argile ; vous faites le vide autour de vous. » Elle prévient quand même que la poterie n’est pas faite pour les âmes sensibles. « Il y a des jours où tout marche à la perfection et d’autres où tout peut aller mal si on s’est trompé ; c’est comme la vie, avec des hauts et des bas. »

T : (+230) 5932 8189

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