[ CARTE BLANCHE ]
· Gaëtan Siew, La ville de demain
Une ville n'est jamais un effet du hasard. Elle est tributaire de choix devant faciliter sa respiration comme son activité économique. À Port-Louis et Mahébourg, les seules villes planifiées dès l'origine, cela a été, entre autres, tributaire de l'activité portuaire. Les autres villes ne furent que des agglomérations, organisées autour d'une rue ou d'un carrefour commerçant, l'habitat venant se constituer en quartiers autour des terrains gagnés sur les champs de canne.
Bien que la population de Mahébourg et de Grand-Port en général, n’ait jamais été très nombreuse, elle n’a pas subi de contractions comparables à celles vécues à Port-Louis. Du fait de l’épidémie de paludisme de 1867, comme des troubles raciaux de 1968, de nombreux habitants de la capitale se sont installés aux Plaines-Wilhems. Ceux qui continuèrent à travailler à Port-Louis trouvèrent avec le train un moyen de transport les contraignant à se loger dans l’axe du chemin de fer. C’est l’accès généralisé à la voiture qui permettra plus de fantaisie, permettant l’étalement, les salariés vivant loin de leur travail, avec des campements devenant des résidences principales. L’automobile va séparer les fonctions « Work-Live-Play ». L’apparition des centres commerciaux – Phoenix, Cascavelle, Bagatelle – contribue à la désaffection et à la dégradation des commerces urbains et de proximité. Le commerçant traditionnel est abandonné au profit de la grande surface ou des boutiques de marques. De leur côté, les nouvelles Smart Cities ont pour ambition de réunir à nouveau Travail-Vie-Loisirs ( W-L-P) mais cela se fera au prix d’un polycentrisme multiplié, avec de nouveaux points de vie autonomes dévalorisant les rendezvous urbains traditionnels.
Certains développements récents, les mutations socio-économiques observées rendent difficiles la gestion de l’espace en général. L’élargissement de la classe moyenne vaut à cette dernière de posséder davantage de voitures, ce qui a un impact négatif sur la vie urbaine. Par ailleurs, les règles d’urbanisme n’existent que depuis 1990-2000, cela aussi agissant sur la dégradation du paysage urbain. La multiplication des morcellements contribue à l’étalement, avec des effets sur la gestion de l’eau comme sur l’empreinte carbone des moindres déplacements. Cela s’applique aussi aux ghettos de luxe de type IRS, RES, PDS. Des ressources foncières appartenant au secteur sucrier valent à ce dernier une capacité d’orienter le développement des terres, le densifiant ou l’étalant à sa guise sur des zones choisies.
Il serait faux de croire, toutefois, que les plus récents développements en matière d’aménagement spatial n’ont que des effets négatifs. Tel n’est pas le cas et un certain regard positif est tout à fait plausible. Les Smart Cities encouragent, entre autres, une meilleure planification ; ce ne sont pas des constructions spontanées et isolées mais des projets cohérents. Le public, le destinataire de ces projets, lui-même, est davantage sensibilisé aux enjeux de l’environnement et de la durabilité, disposant aussi de plus de moyens. Avec la mise en service du métro, le transport public fait un saut qualitatif, la possibilité de prestations intermodales va transformer la gestion globale de la mobilité, cela au moyen de solutions intelligentes, fondées sur des applications numériques actionnées par les téléphones portables.
« Il serait faux de croire, toutefois, que les plus récents développements en matière d’aménagement spatial n’ont que des effets négatifs. Tel n’est pas le cas et un certain regard positif est tout à fait plausible. »