La Diagonale des Fous
Du 17 au 20 octobre derniers, les traileurs du monde entier se sont donnés rendez-vous pour affronter cette course mythique, connue comme l'une des plus dures au monde.
2600 participants, 166km de long et 9600 mètres de dénivelés positifs. Les chiffres eux mêmes rendent fou! Traverser l’île intense du Sud au Nord en moins de 66 heures, en traversant ses trois cirques spectaculaires – Cilaos, Salazie et Mafate, gravir des montagnes vertigineuses et aborder des descentes abruptes, interminables à flanc de falaise, braver de longues nuits très froides où la température frôle le négatif, lutter contre l’envie de dormir… La Diagonale des Fous c’est un concentré d’émotions intenses où l’on repousse les limites du possible. C’est aussi l’aboutissement d’un travail physique et psychologique énorme, nécessitant des mois, voire des années, de préparation. Pour y parvenir, ténacité, endurance, rigueur et détermination sont les mots d’ordre. Il faut aussi avoir un mental d’acier… et être un peu fou !
Moment magique
Pendant toute une semaine, l’île et ses habitants vivent au rythme de cet ultratrail. Après tout, le Grand Raid, c’est un peu aux Réunionnais ce qu’est le Tour de France pour les Français. Ils sont dans la rue, dans les champs de canne, en bordure de route, à faire la fête et étaient des milliers à la Ravine Blanche, Saint Pierre, pour assister au départ des raideurs à 22 heures le 17 octobre, les encourageant en scandant les noms sur les dossards. Avec des DJ, des feux d’artifice et la foule, c’est un départ magnifique où l’excitation règne. « C’est tout simplement magique!Voir ce flot de traileurs partir avec tant d’énergie donne des frissons», fait ressortir le Mauricien Julien Lafrésière, 32 ans. « C’est un gros flot humain avec une énergie de malade de 2 700 personnes qui se sont préparées pendant des mois pour affronter ce monstre ». Ils étaient, en effet, une quinzaine de Mauriciens à vouloir réaliser ce dépassement de soi extraordinaire cette année, chacun à son rythme, à sa façon et pour ses propres raisons.
Alors que la course doit être complétée en 66 heures pour être « finisher », le Français Grégoire Curmer a terminé la course en 23 h 33 ! Du côté des dames, c’est l’Américaine Sabrina Stanley qui a pris la première place en 30h49. « Pour quelque 200 coureurs, la Diagonale des Fous, c’est une course contre la montre dans l’espoir d’être parmi les premiers. Pour les autres, c’est surtout un défi personnel, on veut simplement être finisher, ce n’est pas du tout le même état d’esprit », indique Julien. En vue du Grand Raid, il s’est entraîné pendant environ 500 heures en un an dans une volonté de se surpasser et de découvrir d’autres aspects de sa personnalité face à de nouveaux challenges. « C’était une année intense d’entraînement, de sacrifice et de privation. » Un problème au genou l’a toutefois ralenti pendant l’épreuve ; il a donc mis plus de temps et la course a été moins intense que prévu.
Cette course à 90 % masculine a également vu la participation de Sabine Busviah-Leroux, 31 ans. La plus jeune femme mauricienne à participer à La Diagonale des Fous. Ayant fait pratiquement la moitié de la course avec un groupe d’amis mauriciens, cette aventure de longue haleine était pour elle un moment de partage et de camaraderie, mais aussi et surtout une redécouverte de soi. « Tu ne vois pas le temps passer, les journées sont courtes et les nuits sont longues, il faut lutter contre le froid et la fatigue. Maistout s’est très bien passé. Il y avait de bonnes sensations. Le physique et le moral étaient là. »