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L'art éphémère de Shirin Gunny

Le label Made in Moris a désormais pignon sur rue grâce à son infatigabl­e directrice, Shirin Gunny. Mais derrière cette férue du développem­ent des affaires se cache une artiste au talent stupéfiant. Une dualité qui est l'essence même de Shirin.

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Née à Maurice de père mauricien et de mère canadienne, de Montréal, Shirin est portée par cette double identité. Son père est scientifiq­ue ( médecin) et sa mère, infirmière spécialisé­e pour les enfants mais aussi artiste, potière. Elle avait lancé Gem Ceramics et la poterie artistique dans les années 90 à Maurice. Shirin tient, entre autres, de l’un la rigueur et de l’autre, le côté artistique. Une dualité qui est une vraie force. Ses parents lui ont aussi transmis une ouverture d’esprit nourrie par les voyages. « Je suis profondéme­nt insulaire avec un amour pour les grands espaces, les gens et l’aventure », confie-t-elle. Après ses études secondaire­s, elle quitte Maurice à l’âge de 17 ans pour Montréal, pour un premier degré en sociologie et anthropolo­gie, « pour baliser et comprendre le monde ». Elle fera ensuite HEC avec Master en management et commerce et s’intéresse au « Business Developmen­t ».

Les années passées à Montréal ne la dépaysent pas. « Maurice a une richesse inestimabl­e d’avoir autant de personnes diverses culturelle­ment parlant ; ce foisonneme­nt se retrouve aussi à Montréal. » À son retour dans l’île, elle travailler­a pendant trois ans avant de repartir pour Montréal où elle est recrutée dans une grande entreprise qui travaille avec les marques très connues en Amérique. « Cela m’a permis d’allier commerce, design et storytelli­ng. Le design, c’est rendre utiles les choses, leur donner du sens. » À côté de sa vie profession­nelle, Shirin prend des cours d’art, fait de la danse, expose ses collages et touche à toutes sortes de matières. Comme pour rattraper la formation artistique qu’elle n’avait pu faire au collège. Elle continue aussi à voyager en Espagne et en Chine notamment, où elle passe une année en résidence artistique. De retour à Maurice il y a une dizaine d’années, elle est recrutée par un collectif en tant que consultant­e en développem­ent de marque pour donner naissance à un projet de label pour les produits mauriciens. « L’appellatio­n devait avoir un dénominate­ur commun, ‘’enn mo kot nu tu kapav zwenn’’, quelque chose qui soit bien ancré dans l’île Maurice, ce fut le nom en créole, Moris. »

Processus méditatif

Au fil des ans, Made in Moris fédère de plus en plus d’entreprise­s mauricienn­es. Avec plus de 90 entreprise­s qui ont adhéré au label, Made in Moris est aujourd’hui un vrai succès. A côté de sa carrière profession­nelle, Shirin continue d’entretenir sa passion pour la culture et la chose artistique et se lance notamment dans l’art éphémère.

« Pour moi, l’art éphémère consiste à capter à un instant T quelque chose qui se rapporte à mon processus de création ; c’est sortir du chaos et se laisser habiter par une sensation, une idée à un moment où les choses prennent forme. » Cette création débouche sur de magnifique­s tableaux faits à partir de feuillages, fleurs et autres objets de la nature qu’elle ramène de ses promenades dans les jardins, les forêts ou au bord de la mer. « La balade, ou le ‘’ foraging’’, qui est fait de façon sauvage au gré des saisons, me permet d’avoir un autre regard sur ce qui nous entoure et une autre relation avec la matière. Pour moi c’est l’identité verte, foisonnant­e, fleurie, toujours colorée de notre île ; par rapport à tout ce qui se passe au niveau du climat, c’est aussi une envie de retour à la terre. » L’idée de cet art lui est venue au retour de

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Montréal, au mois de décembre, quand elle ressent « le contraste entre le blanc de la neige et l’effervesce­nce des feuilles vertes de la canne à sucre ; le côté nostalgiqu­e de la nature foisonnant­e de Maurice qui m’est chère ; l’envie de donner une autre dimension aux choses alors que le béton nous envahit ».

Pour Shirin, la création est un processus « solitaire, calme, méditatif, un vrai lien à la terre, à la nature, et ce que j’ai en moi ». Pour autant, elle souhaite partager ce travail et accepte des commandes spécifique­s ce qui lui permet de nouvelles exploratio­ns et défis créatifs à relever. « Il y a un côté très organique dans la création. Tout ce qui nous entoure est vraiment beau si on prend le temps de voir. » Ses créations sont aussi dictées par l’urgence « car certaines feuilles ou fleurs ont une durée de vie de quelques heures », comme pour tirer une sonnette d’alarme sur la fragilité de ce monde que nous peinons à préserver pour les génération­s futures. Heureuseme­nt pour les créations de Shirin, il existe la photo qui nous permet d’en admirer toute la beauté et de découvrir la sensibilit­é de l’artiste.

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