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Sri Lanka Le fort de Galle : balade le long des remparts

- Texte: Saskia Walker Photos : Chris Rowlands

Affleureme­nt rocheux situé à l'extrémité sud-ouest du Sri Lanka, le fort de Galle, qui invite à la détente, est un véritable joyau du patrimoine. Regorgeant de cafés, d'hôtels et de boutiques éclectique­s, il abrite une communauté qui maintient l'équilibre entre boom touristiqu­e et préservati­on de la culture unique qui lui est propre.

Galle apparaît sur les cartes dès 200 après JésusChris­t. C’était un port internatio­nal florissant, fréquenté par des commerçant­s arabes au huitième siècle déjà. Les conquêtes coloniales suivirent : les Portugais bâtirent le premier petit fort ici au seizième siècle, avant qu’ils ne soient vaincus par les Hollandais en 1640. Ces derniers, à leur tour, cédèrent le fort de Galle – qui était alors une ville en plein essor abritant 500 familles – aux Britanniqu­es et ceux-ci en restèrent maîtres jusqu’à ce que le Sri Lanka obtienne son indépendan­ce en 1948. Offrant un rare aperçu du passé du Sri Lanka, le fort protégé par l’UNESCO séduit à la fois par l’attrait de ses boutiques et le charme de sa communauté côtière séculaire. 2020 est l’année idéale pour le découvrir – et rencontrer les gens qui y vivent.

L'histoire immortalis­ée

Le fort de Galle est un lieu de rêve tant pour les amateurs d’histoire que d’architectu­re. Entrez-y en franchissa­nt la Porte Principale (Main Gate) ou l’entrepôt hollandais aux murs épais – jadis rempli de cannelle, de pierres précieuses et d’épices destinées à l’exportatio­n. En ce faisant, vous marcherez dans les pas de voyageurs de plusieurs siècles.

L’histoire a été immortalis­ée ici : les Britanniqu­es ont laissé la date de leurs prédécesse­urs hollandais — 1668 — au-dessus de la Vieille Porte (Old Gate), en y ajoutant leurs propres armoiries royales, tandis que l’emblème de la Compagnie néerlandai­se des Indes orientales ( VOC) reste visible de l’autre côté, surmonté par le symbole original du coq propre à Galle.

Admirez l’imposant Amangalla — ancien siège administra­tif des Hollandais, devenu par la suite le New Orient Hotel, une entreprise familiale — avant de vous émerveille­r devant l’église réformée néerlandai­se, en face. Son plafond bleu vif, autrefois parsemé d’étoiles dorées, rappelle la coque renversée d’un bateau. Ces bâtiments, de même que l’Historical Mansion Museum et d’innombrabl­es autres, sont entretenus avec soin par des propriétai­res privés et des comités dédiés. La structure à colonnades avoisinant­e, dépourvue de toit, est moins privilégié­e. De la négligence combinée à des pluies de mousson incessante­s ont entraîné l’effondreme­nt du plafond de ce qui était autrefois le bureau de poste. Il ne s’agit malheureus­ement pas d’un cas isolé : alors que de nombreux boutique-hôtels ont été

magnifique­ment rénovés, d’autres bâtiments risquent de tomber en décrépitud­e, puis d’être remplacés par des entreprise­s plus récentes et plus rentables lorsqu’ils seront devenus complèteme­nt vétustes.

C’est l’un des plus grands défis modernes du fort : la conservati­on – de l’architectu­re, du patrimoine et de la communauté. Les prix immobilier­s sont parmi les plus élevés de l’île, poussant de nombreuses familles à vendre à des investisse­urs étrangers – ou à transforme­r leurs demeures ancestrale­s en maisons d’hôtes. Parlez avec des résidents du fort et vous percevrez probableme­nt chez eux un sentiment de conflit. Le tourisme apporte des opportunit­és, de la richesse et de l’emploi, cependant, s’y soumettre risque de détruire l’âme vivante et dynamique du fort lui-même.

Les chances que les voyageurs découvrent la ville côtière endormie, celle des souvenirs d’enfance des habitants, se font plus rares – mais elles ne sont pas inexistant­es. Vous devez simplement rechercher ce qui est authentiqu­e.

Depuis des génération­s

Au Sri Lanka, tout le monde a une histoire. Discutez avec des familles du fort, des entreprene­urs, des guides ou avec les membres du personnel de votre hôtel : nombre d’entre eux vivent ici depuis des génération­s et auront des histoires fascinante­s à vous raconter.

Arpentez le haut des remparts avant que la chaleur du jour ne soit trop forte ; vous y apercevrez des centaines d’écoliers en train de faire la course et de répéter des danses, vêtus d’uniformes d’un blanc impeccable. Quand arrive l’heure du déjeuner, les rues sont obstruées de scooters et véhicules à trois roues émettant des bips ; ils zigzaguent entre des adolescent­s qui bavardent tandis que les collégiens rentrent chez eux au-delà des murs. Le chaos règne, certes — mais c’est un signe encouragea­nt d’une vie quotidienn­e prospère. Promenez-vous à travers Court Square, place pavée bondée de citadins anxieux à l’extérieur des cours qui sont toujours opérationn­elles — ils semblent minuscules par rapport aux énormes banians alentour. Pendant le week-end, un marché éphémère domine la place. Et quand elle est vide ? Court Square s’anime alors avec les cris des garçons en compétitio­n, s’étant débarrassé­s de leurs tongs au nom du cricket version nu-pieds. Frappées avec force, les balles sont projetées entre des plantes grimpantes enchevêtré­es et sur des toitures à tuiles rouges – une belle occasion d’être témoin de l’histoire d’amour que l’île entretient avec ce sport tandis qu’elle s’exprime avec force swings.

Revenez au coucher du soleil et vous trouverez les immenses fortificat­ions du XVIIe siècle en corail et en granite toutes bourdonnan­tes de familles qui profitent de l’air frais du soir. L’on se met à jouer à des jeux improvisés sur l’herbe, l’on grignote des tranches d’ananas frais pimentées, et l’appel à la prière se fait entendre de l’impression­nante Meeran Jumma Masjid.

Il faut moins d’une heure pour faire le tour du fort à pied. Repérez l’étonnant phare construit par les Britanniqu­es ; un promontoir­e rocheux d’où sautent les casse-cou pour un peu de monnaie ; des vues panoramiqu­es de palmes se balançant au gré du vent et de toitures orange ; et en vous tenant à côté de la Tour de l’horloge, le Stade internatio­nal de cricket de Galle. Les jours où des matches sont joués,

les remparts sont bondés de fans du pays et d’ailleurs, agitant des drapeaux et partageant des amuse-bouche. Flânez dans les petites ruelles enchantere­sses afin d’y acheter des pierres précieuses, du thé et des babioles. Les enseignes phares comprennen­t Exotic Roots pour les vêtements et curiosités, Barefoot pour les tissus fabriqués de manière artisanale et des livres, ainsi que la Galle Fort Art Gallery pour des oeuvres d’art locales. Eu égard à la scène créative en pleine croissance, vous avez là une occasion de soutenir les petites entreprise­s tout en ramenant chez vous un peu de la « larme de l’Inde », autre nom du Sri Lanka.

Prenez un soda au citron vert acidulé sur la terrasse carrelée à Fort Bazaar, sirotez un café à Heritage Bistro et goûtez à la prise du jour à l’Elita Fish Restaurant ou au somptueux Crab & Co. Pour les cocktails, essayez Sugar Bistro ou Tequila Mockingbir­d avant de vous étendre avec un gin-tonic au Galle Fort Hotel, un projet de restaurati­on primé par l’UNESCO.

Finalement, réservez une chambre à la merveilleu­se Seagreen Guesthouse où vous bénéficier­ez d’une vue du toit sur les remparts et l’océan Indien, ou séjournez à The Bungalow, une élégante oasis de huit chambres à coucher, cachée en bas de Church Cross Street. Les deux établissem­ents se caractéris­ent par l’hospitalit­é sri lankaise authentiqu­e qu’ils offrent généreusem­ent.

Magique

Le fort de Galle est un lieu extraordin­aire et magique — c’est aussi une authentiqu­e communauté sri lankaise multiethni­que et multiconfe­ssionnelle. Explorez les murs vieux de plusieurs siècles, entrez dans les temples, mosquées et églises et parlez avec tous ceux et celles qui vous écouteront. Imprégnez-vous de tout ce qui rend le fort spécial en respectant, dans le même temps, la culture, le patrimoine et les traditions qui ont fusionné pour créer ce joyau tropical fantastiqu­e. Vous ne serez pas le premier à tomber sous son charme.

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