Vincent Abril, vainqueur en série
Un an après avoir conquis la catégorie Junior à bord d’une Audi, l’étoile montante du GT, passée dans le camp Bentley, est revenue à Monaco avec le titre en poche. Éclatante confirmation
Dans le paddock de la finale varoise du GT Tour, c’est un visiteur presque comme les autres. « Je suis juste venu saluer quelques potes et encourager Olivier (Panis, ami de longue date devenu son manager, ndlr) », confie Vincent Abril, le tout nouveau lauréat des Blancpain Sprint Series croisé vendredi au Castellet. À l’aube du dénouement de ce championnat de France FFSA-GT qu’il connaît bien pour s’y être brillamment illustré il y a deux ans - plus jeune vainqueur d’une course -, le très prometteur ambassadeur de l’Automobile Club de Monaco « navigue » toujours sur son petit nuage. « Ça fait maintenant près de deux semaines que « Maxi » (Maximilian Buhk, le coéquipier allemand) et moi sommes champions et je commence à peine à réaliser », explique-t-il, tout sourire. « Si la Silver Cup récompensant le meilleur équipage Junior de la série Sprint constituait un objectif naturel pour le débutant que j’étais en 2014, on ne partait avec le titre en ligne de mire cette saison. D’abord, personnellement, je débarquais dans une nouvelle équipe et je découvrais la Bentley Continental, une GT3 de par son architecture très différente de l’Audi R8 que je pilotais jusque-là. Pour le team HTC Motorsport, passé de la Mercedes à la Bentley, il s’agissait aussi d’un changement important. Donc, compte tenu de la concurrence très relevée, on ambitionnait plutôt de finir dans le top 3. »
Déclic à Moscou
Quitter l’écurie WRT, bras armé d’Audi en GT, après avoir conquis la catégorie Junior en compagnie du Polonais Mateusz Lisowski, afin de tenter le challenge Bentley HTP, sur le papier, c’était osé. Pari gonflé, pari gagné pour celui qui avait déjà choisi d’entamer sa trajectoire en sport auto « à contre-courant », dans les rangs de la Seat Leon Eurocup, en zappant la monoplace. À 20 ans, ce Gardois de souche installé depuis longtemps en Principauté transforme tout ce qu’il touche en or. Il y a six mois, pourtant, personne n’aurait misé un sou sur sa réussite. «Au soir de la 2e manche, à Brands Hatch (9-10 mai), nous-même, on n’y croyait plus! Voiture détruite, et irréparable, dès les premiers essais libres (suite au crash de Buhk), le week-end avait viré au cauchemar. Une catastrophe qui nous a incité à revoir notre approche. Chaque membre du team s’est remis en question. Gros boulot tous azimuts pour redresser la barre. De nombreux paramètres ont ainsi été optimisés. Y compris des petits détails comme les entrées pit lane... L’objectif, c’était de ne plus renouveler certains excès de précipitation. Aborder les courses une à une et finir l’année sans regret. » Ce changement de méthode ne tardera pas à produire ses fruits. Et quels fruits ! « La première victoire décrochée à Moscou (le 4 juillet) a provoqué un vrai déclic. À partir de là, on était sûrs de notre potentiel. Restait à confirmer lors des étapes suivantes. »
Carton plein à Zandvoort
Même si le duo de pointe Audi, Vanthoor-Frijns, échappé loin devant, semble intouchable, la massive
(Photo Olivier Beroud) Bentley Continental portant le numéro 84 poursuit sa montée en puissance. Jusqu’à coiffer les leaders sur le fil à la surprise générale. « Avec encore 26 points de retard en arrivant à Misano, l’avant-dernière manche, on espérait d’abord prolonger le suspense jusqu’au bout. Et puis la roue a tourné en notre faveur en Italie. L’accident de Vanthoor nous permettant de recoller à 8 longueurs. Tout redevenait possible. » Encore fallait-il savoir gérer au mieux le money time négocié aux Pays-Bas, sur ce cher vieux tracé de Zandvoort. « Son profil convenait bien à l’auto. La météo assez fraîche aussi. Quant à « Maxi » et moi, nous étions gonflés à bloc. Voilà, je ne suis pas prêt d’oublier la fin de l’ultime course, quand il a réussi à contenir la terrible pression exercée par Frijns. Ambiance irrespirable dans les stands. Ce fut sans aucun doute la demi-heure la plus longue de ma vie. » Résultat : pole position et double victoire, soit un carton plein pour les Bentley Boys qui offrent à la marque britannique sa première couronne depuis la mise en route de la GT3. De quoi envisager sereinement la suite. 2016 ? « Par le passé, tous les vainqueurs des Blancpain Sprint Series qui n’étaient pas déjà pilotes officiels ont obtenu un contrat d’usine, donc j’espère qu’il en sera de même pour moi », conclut Abril. Nul doute que ce « serial winner » promis à un bel avenir ne fera pas exception.